Dans ce nouvel ouvrage, paru aux éditions Hartpon, l’artiste met en jeu une histoire, une histoire de famille, de femmes plutôt.
Il y est question de transmission, de petits rien ordinaires, de souvenirs et de vestiges, de ce que les morts murmurent à l’oreille des vivants.

© Magali Lambert

Mais commençons plutôt par la genèse de ce projet, évoquée par l’artiste dans le joli texte d’introduction.
Il y a quelques années, Betty, plus que centenaire, est morte. Sa petite fille, Magali, est investie de la mission de « vider » l’appartement en trois jours (le propriétaire veut le récupérer). Une vie, une existence d’un siècle accumulée, des monceaux d’objets, rien qui n’ait beaucoup de valeur, matériellement. Le bric-à-brac, modeste et précieux, d’une vie en héritage. De la vieille dame aimée, que garder, que jeter ?
Magali n’est pas n’importe quelle petite fille, puisque les objets, les reliques, les hybridations, sont souvent la matière de son œuvre. Mais ici, ils sont imprégnés de l’affect, de l’histoire familiale et de l’histoire d’une femme. Elle remplit les cartons, sans trop savoir. Et ces objets qu’en faire ?
Il a fallu cinq ans.
Il y a entre ces pages quelque chose de ludique. Alors, dans la famille, je voudrais la grand-mère, Betty ; la fille, Florence ; la petite-fille, Magali ; l’arrière-petite-fille, Ilda.

Le livre sur chaque double page réserve à chacune un emplacement spécifique et récurrent. C’est l’ingénieux procédé inventé par Magali Lambert et la graphiste Maroussia Jannelle en concevant l’ouvrage.
Pour Betty, les photographies presque sous forme d’inventaire, sur fond blanc, sans contexte, des objets glanés après sa mort.
Pour Florence, ses objets personnels, photographiés dans son appartement.
Pour Magali, des photographies de ses œuvres, objets-valises, assemblages magiques, bouffons ou graves.
Pour Ilda, beaucoup de blanc sur les pages : il reste beaucoup à écrire. Elle vient à peine d’avoir six ans.
A travers ces objets, ces ustensiles, ces photographies de familles, ces œuvres et ces babioles, on parcourt quatre vies, dont l’une s’est éteinte et une autre commence juste. Ils disent tour à tour le quotidien, les origines et les exils, la vie qui passe et ses événements, enfants, voyages, joies et chagrins, quelques bribes de féminité, des coquetteries, des bijoux. En feuilletant les pages de l’ouvrage, leurs vies se dessinent en filigrane, ce qui les lie, ce qu’elles se racontent, se taisent, se transmettent.

© Magali Lambert

L’ouvrage se termine par la liste exhaustive des objets photographiés, puis les biographies des quatre femmes en présence. Car elles sont bien là, entre ces pages, où Magali Lambert inscrit leur histoire.
Si ce livre dit le deuil, le récit intime d’une lignée des femmes, il dit aussi quelque chose de l’histoire des femmes sur plus d’un siècle. Du féminin (un gant), du domestique (un hachoir), du rêve (une plume). D’ailleurs, la quatrième de couverture – souple – dans la toile orange, porte l’empreinte bleue de ces trois objets.

INFORMATIONS PRATIQUES
Un gant, un hachoir, une plume
Photographies et texte de Magali Lambert
Editions Hartpon
Parution : octobre 2025
160 pages, 19 x 25,5 cm
114 photographies couleur
Bilingue Français / Anglais
ISBN : 979-10-95208-40-2
Prix de vente : 39 €
https://editions.hartpon.com/

Caroline Bénichou
Caroline Bénichou collabore pendant plus de dix ans avec Robert Delpire à la conception et la coordination de livres et d’expositions. En 2013, elle rejoint la Galerie VU’ dont elle est aujourd’hui responsable. En 2023, elle crée les éditions l’axolotl.

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