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Thomas Zamolo, En quête des ombres disparues

Temps de lecture estimé : 4mins

Thomas Zamolo est exposé à la Little Big Galerie : douceur chromatique des gris tendres et des blancs neigeux plus gris que blanc, résultat du film Polaroid grand format, qui donne aux sels d’argent cette tonalité romantique et légèrement passée des objets et des lieux qui ont fui le temps, après l’avoir traversé.

Plasticité poétisée de la présence d’un monde, d’une réalité, celle d’un paysage, d’un corps, d’un ciel, au dedans ou au delà de son sujet, un décalage séduisant crée un charme, parce qu’il intègre une représentation physique du flux du temps et qu ‘ en même temps il le dépose sur l’émulsion par un effet d’argent insolé qui distancie et intègre le paysage, la scène à elle même.

D’origine française, déjà danseur et chorégraphe, attaché à la lumière, Thomas Zamolo est séduit assez tôt par l’immédiateté des films Polaroid. Une magie séduit., un combat de douceurs et de de séductions, de déceptions aussi, permet au photographe de se confronter avec une émulsion difficile à maitriser, mais hyper alerte et paradoxalement assez lente pour induire q’une opération chimique peut fixer l’instant construit patiemment si l’on en croit ses compositions en mosaïques, réalisées à la chambre 10×15 et 20 x25, gros appareils quand même et châssis en rapport. Mais l’homme est connecté, il se laisse impressionné par la mathématique irrationnel du hasard, le cheminement de sa sensibilité à la lumière et à son rendu par le film Polaroid grand format. Le gout de la performance, de l’unicité de chaque image, de cette lumière à sculpter, à apprivoiser, à coucher sur le papier, déesse immortelle, le conduise sur des chemins électriques dont « the dark knight of the soul », « animal instinct » précisent l’attirance, puis « minimalism» une sorte de rupture.

Thomas Zamolo déclare : « Fasciné par le film instantané et ses possibilités je me suis lancé dans l’exploration des différentes techniques et sujets qui m’attiraient. Je ne suis pas le genre de photographe qui travaille avec le même appareil et le même film toute sa vie. Je suis trop infidèle pour cela et trop excité par le potentiel que ce médium peut offrir. » puis : »Depuis notre première rencontre, le film instantané et moi nous sommes confronté l un à l’autre. Je réalise aujourd’hui que cette passion, mêlée à la frustration, au défi et à la fierté est le fruit de notre collaboration.
Par moments, je le maltraite , lui en revanche me montre sa puissance artistique, nourrissant ma curiosité pour le pousser encore plus loin »

Ici, Thomas Zamolo expose une double série beaucoup plus sage, comme si une révolution intérieure avait anobli définitivement sa quête et qu’il s’accorde de recevoir, de recueillir ces paysages diaphanes, dilués dans une lumière étale, égale, sans ombres véritablement. Vivant en Suède depuis les années 2000, est ce ce climat accordé aux lumières du Nord qui aurait adouci sa recherche d’équilibre et de réalisations?

Cette opération sensible donne au photographe sa matière sensible et le séduit physiquement, dans une danse où son double se joint à l’invisible dialogue de l’amour et du cosmos, de la terre et du ciel, de l’eau et du feu. Le sel de la vie.

Une paix sur l’onde, de grands lacs rappellent le couteau dans l’eau de Polanski. L’hiver porte son manteau de neige dans la forêt de sapins, sous le ciel gris agrandi, on cherche bien quelque chose d’un événement, non, tout se fond admirablement dans l’émulsion pour atteindre une fragilité plastique, parfois l’effet solarisant accuse un tempo lent, un temps arrêté sur lui même. Les accidents de l’émulsion sont parties prenantes de l’image, une forme de résilience, dans cette capacité d’absorber toute perturbation et de glisser dans et sur l’image, si bien que le regard répond à l’invitation de se promener, de marcher dans le paysage ou de glisser sur l’eau.

Thomas Zamolo séduit parce qu il invite à le suivre, à marcher dans ses pas, et que cette promenade en compagnie est assez calme, silencieuse, amicale. Une grande douceur, un flocon de neige, peut être celui de Johannes Kepler, une forme de lenteur due à un mouvement arrêté d’où s’évade la possibilité du monde, un rêve précis qui, fixé, se met à résister avant de disparaitre, dans une façon singulière de marquer sa présence. Toute une méta physique survient liée à la grande poésie de ce compteur doué de silence et radieux par ses mains.

Films 803 format 8×10′, et film sepia peel apart type 100.

INFORMATIONS PRATIQUES
Thomas Zamolo
En quête des ombres disparues
Du 12 octobre au 26 novembre 2017
Little Big Galerie
45, rue Lepic
75018 Paris
https://www.thomaszamolo.com/bio
http://littlebiggalerie.com

Pascal Therme
Les articles autour de la photographie ont trouvé une place dans le magazine 9 LIVES, dans une lecture de ce qui émane des oeuvres exposées, des dialogues issus des livres, des expositions ou d’événements. Comme une main tendue, ces articles sont déjà des rencontres, polies, du coin des yeux, mantiques sincères. Le moi est ici en relation commandée avec le Réel, pour en saisir, le flux, l’intention secrète et les possibilités de regards, de dessillements, afin d’y voir plus net, de noter, de mesurer en soi la structure du sens et de son affleurement dans et par la forme…..

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