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Philippe Bréson, sur les traces de la Grande Guerre

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Philippe Bréson a arpenté sept hivers durant, les champs de bataille de la grande Guerre, des Flandres belges jusqu’en Lorraine. Le photographe a travaillé à partir de cartes et de documents historiques pour se rendre sur les lieux clés de la première guerre mondiale qui fit plus de 18,6 millions de morts. Le résultat de son travail « Cicatrice » est actuellement exposé au Centre culturel André Malraux jusqu’au 24 mars.

« C’était le bout du monde et nous ne savions pas au juste où finissaient nos lignes et où commençaient les lignes allemandes, les deux tracés se perdant dans une prairie marécageuse plantée de jeunes peupliers jaunissants, maladifs et rabougris qui s’étendait jusqu’aux marais, où les lignes s’interrompaient forcément pour reprendre de l’autre côté de la vallée inondée et des méandres compliqués de la Somme, sur l’autre rive, à Curlu, haut perché, et au-delà. » – Blaise Cendrars, La main coupée

À travers ces paysages vidés de toute présence humaine, seuls des routes, des chemins et des arbres viennent guider nos pas. Philippe Bréson intervient sur ses images en griffant ses tirages, pour faire révéler les cicatrices de ces lieux chargés de tension. A y regarder de plus près, on peut même entendre les tirs et sentir l’odeur de poudre. Le photographe a profité de sa résidence à La Capsule pour réaliser l’entière production de son exposition afin d’ investir les 120m2 du Centre Culturel.

Sur place, le paysage semble apaisé, le silence est retrouvé. L’homme a fait d’immenses efforts pour effacer les traces du désastre, remettre les sols bouleversés en culture et reconstruire les villages et les villes. Mais je perçois encore ce que j’appelle des tensions dans le paysage. Elles sont produites par le contraste entre la tragédie historique et la sérénité présente des lieux. Je me laisse happer par des détails infimes comme une ligne d’arbres, une ombre, une déclivité du terrain pour composer mes images. Je photographie par temps gris, souvent au lever du soleil, toujours en hiver car le paysage est plus net, la terre est plus présente. J’interviens sur les négatifs photographiques par grattage, ponçage, rayures afin de transmettre les sensations que j’éprouve face aux paysages. 

L’altération du négatif est une pratique récurrente de mon travail. On peut y voir une méthaphore des cicatrices et des blessures de la terre. Je vois le paysage comme un palimpseste. Je pense que, comme le négatif, la terre est une surface sensible que je révèle par la photographie, avec ses cicatrices et ses blessures. Je grave, au sens propre, sur le négatif, la patine du temps. 

Des textes sont associés aux images. Ce sont des légendes contextualisantes ou des citations souvent extraites de lettres ou de journaux intimes de soldats qui entrent en résonnance avec les photographies.

– Philippe Bréson

 

INFORMATIONS PRATIQUES
Cicatrices, Sur les Champs de bataille de la Grande Guerre
Philippe Bréson
Du 25 janvier au 24 mars 2018
Centre culturel André Malraux
10, avenue Francis de Pressensé
93350 Le Bourget
Ouverture du lundi au vendredi de 9h à 12h et de 13h30 à 18h, le samedi de 10 h à 13 h et de 14 h à 17 h, (fermeture les samedis pendant les vacances scolaires)
Entrée libre.

La Rédaction
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