La fin d’une utopie. Rencontre avec Catherine Derioz et Jacques Damez de la Galerie Le Réverbère 23 septembre 2024
L’alchimie du cerveau à la mine de plomb : Entretien avec Xavier-Gilles Néret et Yoshifumi Hayashi 3 jours ago
Marseille, Friche la Belle de Mai : Hymne aux murènes, Campus Panic & Galerie Art-Cade : Romain Vicari 3 jours ago
Partager Partager L'Invité·ePhotoPortfolio Carte blanche à Ivane Thieullent : Rencontre avec Natacha Nikouline La Rédaction19 octobre 2018 Temps de lecture estimé : 6minsPour sa dernière carte banche, notre invitée de la semaine, Ivane Thieullent va nous parler de sa rencontre avec l’artiste française Natacha Nikouline lors d’une lecture de portfolio organisée dans le cadre des rencontres artistiques de l’association Carré-sur-Seine à Boulogne Billancourt. Elle s’est présentée à moi en me parlant de l’événement traumatique de la disparition de son père, point de déclenchement de sa démarche. Elle ne m’avait alors pas encore dévoilé son travail, et je dois avouer que j’étais assez mal disposée, fatiguée par le nombre d’entretiens que je venais de mener, passablement blasée par les travaux que j’avais vus et j’ai ressenti une sorte de lassitude face à ce qui semblait être une énième récurrence du traitement des sujets intimes. J’étais en attente de sujets plus ouverts sur le monde, moins autocentrés. Au fur et à mesure qu’elle me révélait son histoire et me présentait ses tirages, la lassitude laissait place à la fascination. J’étais emportée par la puissance de son travail, et la congruence du lien qu’elle tisse entre son histoire intime et la grande histoire… Elle m’offrait l’évasion que j’attendais et le coup de foudre artistique a eu lieu. Ses Natures Mortes ; ces délicates mises en scène, évocatrices d’un monde en déliquescence, sont placées au centre d’un jeu subtil de références et d’histoire. Elle affronte les poncifs de la peinture hollandaise du XVIIème siècle à travers des natures mortes d’une effrayante beauté. Compositions aussi délicates que parfaites, ses vanités rassemblent fleurs fanées et objets symptomatiques de son histoire familiale au sein d’une union mystique. Imprégnée de l’élégance picturale de ces artistes d’une autre époque, bercée d’une histoire douloureuse dont elle fut le réceptacle, la photographe retrouve les thématiques qui lui furent léguées et qui, comme les fleurs de ses propres compositions, s’épanouissent et se fanent dans un même élan. L’œuvre de Natacha est en réalité un devoir de mémoire, selon la définition de l’historien Pierre Nora, dont elle n’avait pas conscience. Elle rend hommage et interroge tout à la fois. Elle est la révélation d’une intimité qui prend place et corps dans l’Histoire d’un pays mais aussi d’un peuple et d’une époque. Orpheline de parents et d’origines, Natacha venait d’être contactée par un lointain et inconnu cousin qui allait lui révéler ses racines, son histoire familiale marquée par la révolution russe, l’exode et aussi par l’existence d’un ancêtre photographe témoin de cette époque. Sa saga familiale fraîchement découverte lui confirmait ses prédispositions artistiques. Son travail interroge la mémoire, notre relation aux ancêtres et à la filiation. En retrouvant son passé, son histoire, sa famille, ses névroses créatrices initiales, dont elle ne saurait se priver dans son chemin artistique, se sont déversées dans la grande histoire. Alors a commencé un voyage initiatique dans le temps et au sein de ses racines qui lui a permis de se réconcilier avec son identité. Séduite autant qu’envoutée avec le plaisir non feint de retrouver les pouvoirs de la photographie, j’ai décidé de représenter Natacha Nikouline. Après avoir convenu que je lui offrirai une exposition à la VOZ’ Galerie, je découvrais pour la première fois son travail en exposition dans les appartements de l’ambassadeur de Russie à Paris. Je suis tombée en arrêt devant une œuvre. Je savais que j’allais l’exposer quelques mois plus tard mais je décidai de l’acquérir sur le champ en me laissant emporter par la passion et l’irrationnel qui caractérisent les chocs émotionnels. Plus que tout, il m’est apparu important de soutenir son travail d’artiste et de l’encourager. Le talent est une chose rare et précieuse qui exige un soin engagé. J’ai ensuite décidé de la suivre sur son chemin d’artiste mais également dans son aventure hors du commun et dans un voyage à travers le temps. Cela a été pour nous l’occasion d’une vraie rencontre, d’un cheminement, d’une amitié. Nous voilà parties quelques mois plus tard à Moscou où elle était invitée à exposer dans une ancienne demeure familiale devenue aujourd’hui un musée. Cette exposition fut l’occasion d’un regroupement de diverses branches d’une famille éclatée à la révolution, venant de différentes parties du monde, et qui se retrouvaient cent ans plus tard. Quelle émotion ! Nous avons rencontré Natalia, une grand-tante de 95 ans et surtout une très grande dame, témoin et garante de toute cette histoire familiale. Elle est le trait d’union entre la révolution et notre époque contemporaine . Natalia nous a reçu chez elle en banlieue de Moscou, le temps d’une soirée si forte en émotion et riche en leçons de l’histoire. Je n’oublierai jamais la beauté de ce moment. À notre retour, nous avons exposé le travail de Natacha à la VOZ’ Galerie de décembre 2016 à avril 2017, année du centenaire de la révolution russe. Ses œuvres ont pris place au sein d’une scénographie globale qui a restitué l’univers familial et artistique de l’artiste. Autour des séries After Tchiscovsky, Memento Mori, Systema Naturae de Natacha, la VOZ’Galerie a présenté : – les archives stéréoscopiques de Sergueï Tchelnokov – les peintures de Lev Tchistovsky et Irene Klestova – les peintures de son professeur de dessin André Fisch – les installations de Natacha Nikouline Le sous-sol de la galerie était consacré à une exposition et une projection en 3D, véritable machine à remonter le temps, du photographe Sergueï Tchelnokov frère de l’arrière-grand-père de Natacha, (le troisième était le dernier Maire de Moscou avant la révolution) et arrière-grand-père de Dmitiri Noviov, le lointain cousin récemment débarqué dans la vie de Natacha. Ces stéréoscopes inédits étaient restés enfouis et cachés depuis la révolution et Dmitri, professeur de Philosophie à Moscou, a retrouvé ces images grâce à sa mère Natalia et ainsi reconstitué le puzzle familial. Il a regroupé l’œuvre de son aïeule dans une fondation. https://chelnokov.org/o-fotografe/ Cette rencontre, tant avec elle qu’avec son travail et les trésors photographiques de sa famille, m’a apporté un moment de vie exceptionnel, un instant suspendu dans l’émotion et c’est pour ces moments-là que je fais mon métier de galeriste, d’accompagnement personnalisé des artistes, de révélateur, de connexion et de mise en valeur. Depuis, Natacha n’en finit plus de créer avec une authenticité remarquable, ses nouveaux travaux nous émerveillent encore et toujours, son talent fait l’unanimité quels que soient les experts auxquels je la présente, je suis très heureuse de la soutenir et de l’accompagner dans son chemin d’artiste. Loin de n’avoir qu’une seule corde à son arc elle me surprend encore avec des textes, des dessins, des installations et des sculptures qui font d’elle une artiste accomplie. https://www.natachanikouline.com Favori2
Le Prix Leica Oskar Barnack 2018 est remis à Max Pinckers, celui du meilleur espoir revient à Mary Galman
L'Invité·e Carte blanche à Dominique Leroux : La Rencontre avec Antoine d’Agata Pour sa troisième carte blanche, notre invité, Dominique Leroux, Directeur de la Maison de la Photographie de Brest, revient sur sa rencontre ...
Evénements Les Natures Vives de Jean-Baptiste Hugo exposées au Jardin des plantes de Montpellier Jean-Baptiste Hugo célèbre la nature par une exposition de photographies à l’Orangerie du Jardin des plantes de Montpellier. Cette exposition inaugure la ...
L'Interview Fermeture de la Galerie Le Réverbère : Rencontre avec Jacques Damez « Histoire(s) sans fin » est la toute dernière exposition présentée à la Galerie Le Réverbère, à Lyon. Catherine Derioz et Jacques Damez ont ...
La fin d’une utopie. Rencontre avec Catherine Derioz et Jacques Damez de la Galerie Le Réverbère 23 septembre 2024
L’alchimie du cerveau à la mine de plomb : Entretien avec Xavier-Gilles Néret et Yoshifumi Hayashi 3 jours ago
Marseille, Friche la Belle de Mai : Hymne aux murènes, Campus Panic & Galerie Art-Cade : Romain Vicari 3 jours ago