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Sortie du Film « Camille » de Boris Lojkine

Temps de lecture estimé : 3mins

Le 12 mai 2014, Camille Lepage accompagnait un groupe de miliciens anti-balaka sur lesquels elle réalisait un reportage photo. Ils circulaient en moto. Ils sont tombés dans une embuscade dressée par un groupe opposé, les Séléka. Camille a été tuée sur le coup. Elle avait 26 ans. Aujourd’hui, sort en salle le film sobrement intitulé « Camille » qui vient retracer le parcours de la jeune photojournaliste. La comédienne Nina Meurisse s’est mise dans la peau de la photographe le temps du tournage.

La carrière de photographe de Camille Lepage n’aura pas été longue : quelques semaines au Caire, en plein printemps arabe, puis un an au Sud Soudan, pendant lequel elle travaille pour l’AFP avant de devenir indépendante et finalement, la Centrafrique où elle a passé un peu moins de huit mois.
Lorsque Camille Lepage arrive à Bangui en octobre 2013, le pays est en train de basculer dans la guerre civile. En mars 2013, la Séléka, une coalition de groupes rebelles majoritairement musulmans, a pris le pouvoir par les armes. Depuis lors, ils multiplient les exactions. Dans la capitale, ils font régner la terreur. Chaque nuit, il y a des pillages, des assassinats. En province, c’est encore pire. Les Séléka brûlent les villages, forçant la population à se réfugier dans la brousse.
En réaction, les villageois forment des milices d’auto-défense, les Anti-balaka, ainsi nommées à cause de leurs gri-gris censés les protéger des balles des kalachnikovs (« anti-balles-AK »).
Le 5 décembre, tout bascule. Les Anti-balaka attaquent Bangui. Ils sont repoussés par les Séléka qui se déchaînent alors contre la population civile. En deux jours ils tuent près de mille personnes. Ces massacres précipitent l’intervention française. Le soir même du 5 décembre, le président Hollande annonce le début de l’opération Sangaris. Les troupes françaises se déploient dans les jours qui suivent… sans parvenir pour autant à arrêter la spirale de violence. Car tandis que les Français désarment et cantonnent les Séléka dans leurs casernes, la population chrétienne assoiffée de vengeance se retourne contre la communauté musulmane.
Camille Lepage a photographié tout cela.
L’irruption de la violence, la tragédie, la folie meurtrière, la mort.
Le 21 décembre, épuisée, elle rentre dans sa famille à Angers passer les fêtes de fin d’année sans pour autant se résoudre à abandonner la Centrafrique.
Elle y revient en février 2014. Alors que tous les journalistes quittent la Centrafrique et que l’attention de la communauté internationale se porte sur d’autres conflits, Camille cherche le moyen de travailler plus en profondeur. Elle essaie notamment de nouer des liens avec les Anti-balaka qu’elle aimerait raconter de l’intérieur. En mai, alors qu’elle est en déplacement dans l’ouest du pays, elle rencontre un jeune chef anti-balaka, Rocka Mokom, qui accepte qu’elle l’accompagne dans ses patrouilles à la frontière du Cameroun, dans une zone que se disputent plusieurs groupes armés. C’est là qu’elle trouvera la mort.
Fin 2016, la France a mis un terme à l’opération Sangaris. Pourtant la paix n’est pas revenue en Centrafrique. Aujourd’hui encore, malgré la présence d’un fort contingent des Nations Unies, environ 80 % du territoire national est contrôlé par des chefs de guerre.
Aujourd’hui, cinq ans après la mort de Camille, l’enquête piétine. Aucune reconstitution des faits n’a été réalisée à ce jour. Le dossier d’instruction un temps perdu à Bangui a été finalement retrouvé, mais la perspective d’un procès reste incertaine. Malgré tout, la famille Lepage continue à se battre pour que l’affaire ne soit pas enterrée et qu’on puisse au moins identifier avec certitude le groupe responsable de l’attaque.

INFORMATIONS PRATIQUES
Camille
Un film de Boris Lojkine
Durée : 1h30

La Rédaction
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