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Carte blanche à Francine Deroudille : Leila Bousnina et ses Ulysses

Temps de lecture estimé : 3mins

Pour sa première carte blanche, notre invitée de la semaine, Francine Deroudille fille de Robert Doisneau et cofondatrice de l’Atelier éponyme, partage avec nous une récente découverte : le travail de Leila Bousnina, rassemblé dans l’ouvrage « Ulysses » publié aux éditions Otium. Cette série est actuellement exposée à la galerie Fait & Cause, visible jusqu’au 21 mars prochain !

Découvrir un nouvel auteur, un nouveau regard fait partie des grandes joies de ma vie.
Ce n’est pas fréquent car les vraies personnalités artistiques sont rares et qu’au cours des années les exigences s’additionnent, ma sévérité devient parfois impitoyable.
La galerie Fait et Cause, haut lieu de la photographie sociale, 58 rue Quincampoix, présentait du 15 janvier au 29 février l’exposition « Ulysses » de Leïla Bousnina.
Il n’est pas trop tard pour découvrir ce magnifique regard sur des cimaises puisqu’elle vient d’être prolongée jusqu’au 21 mars !
La bonne nouvelle est qu’il existe également un beau livre.
Les éditions Otium ont publié avec soin les photographies de ces Ulysses qui ne retrouveront jamais Ithaque.
 Depuis 20 ans Leïla Bousnina accumule les portraits de ces hommes venus à l’orée des 30 glorieuses pour répondre à la demande de l’industrie française en manque de main d’œuvre.
Ils ont usé leurs vies à des travaux mal payés, épuisants, ont rencontré l’indifférence et le manque d’égards le plus souvent, les mauvais traitements, le racisme, l’humiliation parfois et se trouvent à l’âge de la retraite, incapables de rentrer au pays puisqu’ils n’en ont pas les moyens et qu’ils n’y ont souvent plus d’attache. Ils sont donc hébergés dans des foyers où leur est offert le très strict minimum.
Décor de misère pour solitudes additionnées.
Les hommes que Leïla Bousnina nous montre ne sont pourtant pas les victimes flapies d’un système honteux.
Ils sont d’une grande dignité, parfois très beaux et d’une sagesse à toute épreuve. Solidaires et fraternels ils donnent sur un décor de misère, une vraie leçon d’humanité.
J’ai pensé au beau film de Lidia Terki « Paris la blanche » sorti en 2017 et qui traite avec la même délicatesse ce sujet bouleversant.
Grande émotion de découvrir ces images si simplement tendres au mur de la Galerie Fait et Cause.
Même émotion renouvelée à chaque fois que je tourne les pages du livre des éditions Otium.
C’est pour moi le signe imparable que je viens de rencontrer une grande photographe.

INFORMATIONS PRATIQUES

mer15jan(jan 15)13 h 30 minsam21mar(mar 21)18 h 30 minUlyssesLeïla BousninaGalerie FAIT & CAUSE, 58 rue Quincampoix 75004 Paris

La Rédaction
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