L'Invité·e

Carte blanche à Nathalie Locatelli : Avoir 20 ans en 1960, être instituteur et marocain et écrire en images son journal intime …

Temps de lecture estimé : 3mins

Pour sa première carte blanche, notre invitée de la semaine, Nathalie Locatelli – la fondatrice et directrice de la galerie 127 – partage avec nous un cahier qu’elle a découvert il y a quelques années en chinant au marché aux puces de Marrakech. Il s’agit d’un journal intime tenu par Mohamed, un instituteur marocain au milieu des années 60. Un fragment de vie en mots et en images…

Il y a de cela 3 ans, comme presque tous les dimanches, je m’en vais chiner à Bal El Khemis. Le « marche aux puces » de Marrakech.
Ce jour là, un des rabateurs me tend un cahier noir, de ces grands cahiers à la couverture en tissu noir. Quelques images éparses s’en échappent …
J’ouvre le cahier.
« Mohamed » est écrit sur la première page … sur la deuxième « cahier de souvenirs » puis des pages avec des photographies, des dates et des annotations … je découvre à la manière d’un roman photo la vie en image d’un instituteur marrakechi qui débute le 5 octobre 1964 et ce pendant une dizaine d’années.

Un journal intime au masculin … On y découvre Mohamed à l’école, Mohamed en vacances, Mohamed en famille Mohamed et ses amis, Mohamed seul. Mohamed est de toutes les photographies.

Sur certaines pages les images ont disparu : on peut y lire écrit, à l’encre rouge de la main de Mohamed :
« Bakouti ! oui vraiment c’était la fille avec qui j’ai passé ma plus grande partie de mon temps pendant l’année 64-65. C’était le beau temps. Nous étions des inséparables. Elle était trop sympathique. Elle m’aime aussi. Elle vient me chercher souvent. Les journées passées ensemble sont inoubliables. Ces deux photos m’ont été offertes à la fin de décembre 64, au cinéma Pasha.

Ou est-elle maintenant. Elle ne me reste d’elle que ces deux photos. On nous a séparé. Elle est maintenant loin de moi-même à Taza. Elle est devenue une femme. On parlait toujours de notre avenir mais ce n’était que des rêves, tout était fini pour nous, chacun à suivi son destin et le nom de Bakouti restera gravé dans mon esprit ainsi que dans mon cœur … »

Une autre photographie datée 14 avril 1965. « Ce jour de la fête de l’aid el Kebir. C’était peu de temps après le départ de ma chère Bakouti. Je souris malgré moi car j’ai pas voulu montré mon chagrin aux amis. »

EN CE MOMENT À LA GALERIE 127 :

sam12sep(sep 12)15 h 00 minsam03oct(oct 3)19 h 00 min1, 2, 3 SoleilTina MerandonGalerie 127- Montreuil, 7, rue Arsène Chéreau 93100 Montreuil


https://www.galerie127.com/

La Rédaction
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