L'Invité·e

Carte blanche à Anne Eléonore Gagnon : Repérage (bis) – La Douce, Sladjana Stankovic

Temps de lecture estimé : 3mins

Après avoir partagé la série « Nos paysages intérieurs » de Valentine Zeler, notre invitée de la semaine, la scénographe et commissaire d’exposition indépendante, Anne Eléonore Gagnon a choisi de nous présenter une nouvelle série pour sa troisième carte blanche. Il s’agit de « La Douce » de la photographe Sladjana Stankovic. C’est lors d’une séance de lectures de portfolios organisée par l’association Sténopé dont Anne Eléonore fait partie, qu’elle rencontre Sladjana Stankovic et découvre « La Douce », un travail au long cours sur le difficile chemin de l’exil. Sladjana est née en ex-Yougoslavie, elle arrive en France il y a plus de 20 ans et doit reconstruire sa vie.

Chaque rencontre en lecture de portfolio est un moment privilégié tellement ces temps professionnels sont essentiels, pour les experts comme pour les auteurs. Certaines d’entre-elles vont au-delà, sans que cela puisse vraiment s’expliquer. Elles laissent une marque, tout à la fois imperceptible et prégnante. Ma rencontre avec Sladjana Stankovic est de celles-là. Elle a eu lieu ces derniers mois, lors de lectures de portfolios que j’organise pour Sténopé. Je profite de cette carte blanche pour partager des extraits de sa série « La Douce » qu’elle m’a fait découvrir à cette occasion.

Ensemble de cette série à découvrir ici : La Douce – Sladjana Stankovic

La Douce (2004-2021) France-Serbie

« Mon pays l’ex-Yougoslavie s’est écroulé. Les ex-républiques se sont déchirées. Elles ont pris leurs indépendances aux prix de guerres et d’une violence terrible. J’ai vécu cette période en Serbie du début à la fin. En 2002, j’arrive en France. Portée par l’énergie d’un nouveau départ. Je vis. J’apprends la langue. Je cherche ma place. Je me sépare de mes enfants. Mais j’avance. Une deuxième vie, différente. Je photographie de 2004 à 2021 cet aller-retour entre la France et la Serbie. La Douce est cette femme qui refait le trajet vers ce qui est perdu. Mais que rien n’entame.

Cette série de photographie a commencé par une seule image. Je l’ai nommée La Douce. La Douce a créé le lien entre des images d’il y a vingt ans et celles d’aujourd’hui. Images pour adoucir le vide. Le remplir. Lui donner un nom. Lui redonner la couleur. Et l’odeur. Les visages de ceux que j’aime. Les visages de ceux que j’aimais. Qui ne sont plus. Ou sont partis ailleurs. (…) Le lieu est la mémoire et l’aujourd’hui. Comme ça je peux peut-être exister. Je suis partie mais je n’ai rien oublié. Je peux être face à moi-même. Face à mes choix. Face au monde. Pour que le vide cesse de vibrer. La terre ne glisse plus sous mes pieds. »

La Rédaction
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