Un appel à candidatures sous tension : quand le 1 % artistique finance un centre de lutte contre l’immigration clandestine 3 jours ago
La Collection Pinault à Rennes : « Les yeux dans les yeux » au Couvent des Jacobins, Interview Jean-Marie Gallais commissaire 4 jours ago
“Benzine Cyprine” vandalisée : la galerie NegPos relance l’exposition malgré les attaques 5 jours ago
Marie-Laure de Decker par son fils Pablo Saavedra de Decker à la MEP « Au-delà de la peur, tutoyer l’abysse de la liberté » 16 juin 2025
Le Tour du jour en quatre-vingts mondes, une nouvelle collection signée des éditions L’Axolotl 6 jours ago
Masterclass Oeildeep : Elle creusait la terre, le deuil dans l’objectif de Véronique L’Hoste 3 jours ago
Masterclass Oeildeep : Il était une fois…la salle des pas perdus. Une histoire sans fin ? Un conte photographique par Djamila Beldjoudi-Calin 20 juin 2025
Josza Anjembe et Sarah Bouzi nommées lauréates des Bourses du Workshop Jeune création 2025 11 heures ago
La Collection Pinault à Rennes : « Les yeux dans les yeux » au Couvent des Jacobins, Interview Jean-Marie Gallais commissaire 4 jours ago
S.M.A.K. de Gand, Interview Philippe Van Cauteren, directeur : quelle peinture contemporaine en Belgique ? cap 2032 : le « musée et son double » 5 jours ago
Partager Partager Temps de lecture estimé : 12minsIngénieure chimiste de profession, Demet Tahmaz a consacré près de trois décennies à l’industrie pharmaceutique, tout en gardant, en filigrane, un lien discret mais constant avec l’image – un héritage transmis par son père dès l’enfance, à travers la magie de la chambre noire. Depuis sa retraite, elle a pu se consacrer pleinement à cet art qui l’habite depuis toujours. Étudiante en photographie à l’Université Anadolu depuis 2023, elle s’est plongée avec rigueur et curiosité dans les aspects techniques et créatifs de la prise de vue. Installée à Istanbul, une ville vibrante et infiniment inspirante, elle se consacre à la photographie de rue contemporaine, fascinée par les gestes fugaces, les jeux d’ombre et de lumière, et les instants spontanés qui surgissent au détour d’un regard ou d’un reflet. En effet, Demet Tahmaz a découvert la photographie pendant la pandémie de Covid-19, comme un moyen de se connecter au monde en plein silence collectif. Depuis, elle arpente les quais du port, appareil en main, à la recherché d’instants spontanés et de scènes authentiques. Son regard saisit les visages, les gestes, les rencontres furtives – tout ce que la ville offre de vrai, d’humain et d’imprévu. À travers ses images, Demet Tahmaz raconte l’Istanbul du quotidien, celle qui palpite loin des cartes postales. Elle capte avec sensibilité les visages anonymes des vendeurs ambulants qui font battre le cœur de la ville. Dans sa pratique de la photographie de rue, elle privilégie la spontanéité et l’authenticité. Un simple courant d’air peut transformer une scène ordinaire en une image saisissante, comme ce moment où le vent a soulevé le foulard d’une femme, masquant son visage et créant une composition visuelle inattendue. Demet Tahmaz ne cherche pas la mise en scène ; elle saisit l’instant, dans le respect des personnes photographiées. Le consentement, même implicite, est essentiel : si quelqu’un manifeste son inconfort ou refuse d’être pris en photo, elle respecte son choix et supprime l’image. Ces échanges, parfois silencieux, parfois chaleureux, font partie intégrante de sa démarche. Comme elle nous confie, être une femme photographe en Turquie se confère peut-être une certaine tolérance ou bienveillance dans l’espace public, ce qui rend ses explorations urbaines plus fluides et sécurisantes. Même si les femmes sont encore peu nombreuses dans ce domaine dans son pays, plusieurs d’entre elles développent un regard singulier et puissant, auquel Demet Tahmaz s’identifie profondément. © Demet Tahmaz Vous pratiquez exclusivement la photographie de rue. Qu’est-ce qui vous a attirée dans ce genre ? Comme beaucoup de personnes qui s’intéressent à la photographie pour la première fois, je ne savais non plus vraiment sur quel sujet me concentrerais. Au début, j’ai commencé en apprenant les bases techniques et en étudiant la prise de vue de certains sujets. Mes premières tentatives datent du début de la pandémie de Covid-19. Comme nous étions tous confinés, j’en ai profité pour acquérir des connaissances théoriques en suivant de nombreux cours en ligne sur Zoom et YouTube. J’ai essayé de construire mes propres installations chez moi avec le matériel dont je disposais, en essayant de passer de la théorie à la pratique. Même si cela peut paraître contraignant, je pense que la période de confinement m’a été finalement très bénéfique. © Demet Tahmaz Entre-temps, j’ai également eu l’occasion d’observer de près le travail de photographes turcs et internationaux. Lorsque le confinement s’est assoupli, j’ai commencé à participer à différents ateliers pour m’initier à la photographie en extérieur. Un jour, j’ai participé à un atelier de photographie nocturne. Nous sommes sortis photographier à la rue Istiklal. Notre instructeur nous a fait faire quelques exercices en groupe, puis nous a laissé du temps libre pour explorer seuls nos sujets. À cette époque, l’animation et la diversité de la rue Istiklal, ses lumières constituaient un ensemble d’éléments très fascinants. Ce soir-là, j’ai décidé de devenir photographe de rue. Je peux dire que j’ai vraiment suivi mon cœur. D’autres femmes photographes vous ont-elles inspirée ? Y a-t-il beaucoup de femmes en Turquie qui pratiquent la photographie de rue ? Vivian Maier est l’une des photographes qui m’inspirent le plus. Le documentaire sur sa vie, « Finding Vivian Maier » (2020), m’a profondément marqué. Je suis également inspirée par le travail de photographes de rue hommes comme Ufuk Akarı, Gökhan Arer et tous les membres de l’Istanbul Candid Street Photography Collective. En Turquie, le nombre de femmes impliquées dans la photographie de rue est relativement inférieur à celui des hommes, mais il existe des photographes de rue talentueuses qui produisent des œuvres remarquables. © Demet Tahmaz Quand avez-vous commencé à photographier et comment ? Est-ce votre profession principale ? Ma profession principale est ingénieure de chimie. J’ai travaillé dans l’industrie pharmaceutique pendant 28 ans. Depuis 2023, j’étudie la photographie et la prise de vue à l’Université Anadolu en deuxième licence. La photographie a toujours fait partie de ma vie. Mon père s’y intéressait et, enfant, il m’intégrait au processus de la chambre noire sur une pellicule brute. À cet âge, c’était magique. Mon emploi du temps exigeant ne me permettait pas de consacrer suffisamment de temps à ma passion, mais après ma retraite, j’ai enfin eu l’occasion de m’y consacrer pleinement. Je prends activement des photos depuis début 2020. Quel est votre équipement ? Quel support utilisez-vous ? Lorsque je photographie dans la rue, il est important d’utiliser un équipement compact, léger et discret. Pour capturer des moments naturels, spontanés et sincères, il faut être invisible. Je photographie avec un Olympus EM5 Mark III (avec un objectif 17 mm) et un Fujifilm XT5 (avec un objectif 18 mm). À Istanbul, les quartiers où je photographie habituellement sont des lieux à la foule dense et variée, à l’énergie vibrante et au chaos ambiant. J’aime flâner dans les rues historiques : Eminönü, Sirkeci, Karaköy, Galata et la rue Istiklal. Il m’arrive aussi de me rendre à Balat, Kadıköy, Eyüp, Sultanahmet et autour de Süleymaniye. J’aime souvent inclure les structures architecturales historiques d’Istanbul dans mes photos, aux côtés de figures humaines. © Demet Tahmaz Combien de temps consacrez-vous à la photographie chaque jour ? La photographie est présente à chaque instant de ma vie. Il ne faut pas la considérer comme un simple passe-temps. Regarder des photos, capturer des instants avec le regard, visionner des films visuellement puissants, m’intéresser à l’art, assister à des expositions et des séminaires : tout cela façonne ma perspective. Tout cela m’inspire un regard différent et plus artistique sur le monde et l’art photographique. © Demet Tahmaz Votre travail photographique se caractérise par le fait qu’il s’agit principalement de scènes en extérieur, mais sans se concentrer sur le cadre général de l’activité urbaine. Lorsque je prends des photos, je me concentre principalement sur les mouvements des gens. Le moindre geste inhabituel attire mon attention. Il survient et disparaît en quelques secondes. Capturer cet instant et l’immortaliser est ce qui me passionne le plus. Parfois, j’intègre des jeux d’ombres et de lumières, des reflets et des perspectives à mes photos. J’aime créer des images ludiques, qui éveillent la curiosité et suscitent des questions. J’aime faire ressortir les similitudes, créer de l’ordre à partir du chaos et immortaliser l’instant. © Demet Tahmaz Le port d’Istanbul semble être votre lieu de prédilection. Oui, ce port historique fait partie de mes endroits préférés. C’est un plaisir de photographier dans ce quartier, où se mêlent la foule, la diversité des mouvements et les symboles emblématiques d’Istanbul. © Demet Tahmaz Existe-t-il des restrictions ou des préjugés envers la photographie et les photographes à Istanbul ? On remarque que dans la plupart de vos photos, les gens baissent la tête ou se couvrent discrètement le visage. Les gens de la capitale connaissent généralement les photographes. Je capture des moments spontanément, sans mise en scène : juste des personnes dans leur état naturel. Par principe, je n’embarrasse, n’offense ni ne met personne en difficulté lorsque je prends des photos. Avant tout, il est essentiel de respecter les autres. Pour moi, une personne est un élément de ma photographie. Un geste de la main, une ondulation de ses cheveux ou un écho visuel avec le pompon d’une charrette à châtaignes font partie intégrante de ma composition. © Demet Tahmaz Parfois, les gens me remarquent pendant que je photographie, certains apprécient, d’autres non. Si quelqu’un ne souhaite pas être photographié, je supprime toujours la photo sans hésiter. Le respect des autres est toujours ma priorité absolue. Les photos où l’on voit des personnes se couvrir le visage sont en fait des moments que j’ai intentionnellement capturés lorsqu’elles portent leurs mains à leur visage. De cette façon, je respecte leur vie privée et je parviens à capturer un cadre intéressant et expressif. © Demet Tahmaz Jusqu’à présent, votre travail s’est concentré sur Istanbul. Avez-vous envisagé de photographier une autre ville ? Pensez-vous que représenter la campagne turque ou d’autres villes changerait quelque chose pour vous en tant que photographe et pour votre sujet ? J’habite à Istanbul, et cette ville est un paradis pour la photographie de rue contemporaine. Elle attire de nombreux photographes, turcs et étrangers. Au printemps, la lumière est tout simplement magnifique. Jusqu’à présent, aucun autre endroit ne m’a autant captivé qu’Istanbul. Mais qui sait ce que l’avenir nous réserve ? La diversité est toujours une richesse. J’ai des amis très talentueux qui photographient la Turquie rurale. Si je devais y photographier, je préférerais probablement capturer des moments spontanés, spontanés et ludiques, comme je le fais en ville. © Demet Tahmaz Dans plusieurs de vos photos, vous photographiez lorsque les sujets tentent de photographier quelque chose. Qu’est-ce qui vous a incité à reproduire ce schéma ? Parfois, je me concentre sur les gestes des mains. Dès qu’ils lèvent leur téléphone, celui-ci peut refléter un élément en arrière-plan, ou l’ombre qu’il projette peut pointer vers autre chose, ou encore une seconde image apparaît sur l’écran du téléphone lui-même. Ces détails subtils m’incitent souvent à prendre une photo. Ils peuvent donner lieu à des cadrages très intéressants. © Demet Tahmaz Les passants baissent les yeux, leurs téléphones portables, tournent le dos, comme s’ils ne remarquaient pas votre présence, comme si vous étiez invisible à leurs yeux et n’aviez qu’un rôle d’observateur. Ce manque d’interaction avec le public est-il intentionnel ? Oui, j’aime capturer des moments spontanés, sans les mettre en scène. Pour cela, il est important de rester invisible. C’est pourquoi je choisis mon équipement et mes vêtements en conséquence. Parfois, on me remarque. Il y a ceux qui posent ou sourient à l’objectif, et je continue à les photographier, mais je ne publie pas ces photos. Une photographie curieuse est celle du port où une femme cache son visage en tirant sur son foulard. Elle a accepté d’être photographiée, mais se cache néanmoins le visage. Avez-vous parfois suscité des réactions étranges à votre tentative de photographie ? Parfois, des événements naturels comme le vent créent des cadres intéressants. La photo que vous mentionnez a été prise au moment où le vent a soulevé le foulard de la femme et lui a caché le visage, créant ainsi un effet visuel intrigant. Elle a été prise spontanément, car je trouvais que l’image était intéressante à cet instant. Je n’ai eu aucune communication avec la femme sur la photo. Si quelqu’un refuse d’être photographié ou se couvre le visage, je supprime la photo. S’il ne réagit pas ou ne répond pas à l’objectif lorsque je prends la photo, j’ai l’impression que c’est un consentement implicite. Certains se jettent devant l’objectif, d’autres posent. Après avoir pris une décision rapide, je les aborde parfois et leur montre la photo. Ils l’apprécient, et certains en demandent une copie, que je leur fournis avec plaisir. D’autres fois, ils ne la veulent pas, et dans ce cas, je la supprime. Le plus important est de respecter les gens et de capturer le moment dans son intégralité. © Demet Tahmaz Pensez-vous qu’il y ait une plus grande tolérance envers les photographes de rue lorsqu’il s’agit d’une femme photographe ? Oui, c’est possible. Mes amis photographes de rue le mentionnent souvent. Je pense que nous sommes abordées avec plus de tolérance, ce qui nous permet de nous sentir plus en sécurité pendant nos prises de vue. © Demet Tahmaz © Demet Tahmaz Les petits commerçants sont l’un des thèmes les plus anciens de la représentation orientaliste et sont présents dans la peinture, les gravures et même dans les premières photographies du XIXe siècle. À travers votre propre regard contemporain d’oriental, quelle importance revêt-il dans votre travail photographique ? Ces personnages peuvent être importants, mais seulement s’ils créent un visuel intéressant. S’ils s’harmonisent avec une lumière qui crée une atmosphère unique, une ombre ou un élément qui crée une similitude. S’ils présentent une perspective, une pose ou un geste de la main différent, ils pourraient devenir le sujet de mes photographies. © Demet Tahmaz © Demet Tahmaz © Demet Tahmaz © Demet Tahmaz © Demet Tahmaz © Demet Tahmaz © Demet Tahmaz Suivre sur Instagram > https://www.instagram.com/demet.photography/ Marque-page0
News Les trois finalistes du Prix Viviane Esders dévoilés ! Pour cette quatrième édition, le Prix Viviane Esders s’ouvre à l’Europe ! Grâce à un réseau de nominateurs composé de 30 experts ...
Photo Masterclass Oeildeep : Elle creusait la terre, le deuil dans l’objectif de Véronique L’Hoste Cette semaine, nous poursuivons la restitution de la dernière Masterclass Oeildeep, dirigée par la commissaire indépendante Laura Serani, accompagnée des photographes Stefano ...
News Un appel à candidatures sous tension : quand le 1 % artistique finance un centre de lutte contre l’immigration clandestine Jusqu’à aujourd’hui midi, les artistes pouvaient répondre à un appel à candidatures dans le cadre du dispositif 1 % artistique. Les conditions, ...
Evénements Marie-Laure de Decker par son fils Pablo Saavedra de Decker à la MEP « Au-delà de la peur, tutoyer l’abysse de la liberté »
L'Interview Parlement de la Photographie 2025 : La photographie au défi de l’IAEntretien avec Sylvie Fodor, Directrice générale du CEPIC
S’élever au milieu des ruines, danser entre les balles de Maryam Ashrafi par Brigitte Trichet (éditions Hemeria)
Un appel à candidatures sous tension : quand le 1 % artistique finance un centre de lutte contre l’immigration clandestine 3 jours ago
La Collection Pinault à Rennes : « Les yeux dans les yeux » au Couvent des Jacobins, Interview Jean-Marie Gallais commissaire 4 jours ago
“Benzine Cyprine” vandalisée : la galerie NegPos relance l’exposition malgré les attaques 5 jours ago
Marie-Laure de Decker par son fils Pablo Saavedra de Decker à la MEP « Au-delà de la peur, tutoyer l’abysse de la liberté » 16 juin 2025
Le Tour du jour en quatre-vingts mondes, une nouvelle collection signée des éditions L’Axolotl 6 jours ago
Masterclass Oeildeep : Elle creusait la terre, le deuil dans l’objectif de Véronique L’Hoste 3 jours ago
Masterclass Oeildeep : Il était une fois…la salle des pas perdus. Une histoire sans fin ? Un conte photographique par Djamila Beldjoudi-Calin 20 juin 2025
Josza Anjembe et Sarah Bouzi nommées lauréates des Bourses du Workshop Jeune création 2025 11 heures ago
La Collection Pinault à Rennes : « Les yeux dans les yeux » au Couvent des Jacobins, Interview Jean-Marie Gallais commissaire 4 jours ago
S.M.A.K. de Gand, Interview Philippe Van Cauteren, directeur : quelle peinture contemporaine en Belgique ? cap 2032 : le « musée et son double » 5 jours ago