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Carte blanche à Michel Poivert : Michèle Sylvander prolonge ses rêves

Temps de lecture estimé : 3mins

Pour sa troisième carte blanche, notre invité de la semaine, l’historien, critique et commissaire d’exposition, Michel Poivert partage avec nous le travail de l’artiste plasticienne Michèle Sylvander. Ses dessins seront exposés dès la rentrée au Frac Provence Alpes-Côte d’Azur et seront publiés prochainement aux éditions Bik et Book!

Les projets d’exposition et de livre n’auront cessé de rebondir cette année ! Printemps 2019 nous avions commencé de travailler avec l’artiste Michèle Sylvander à son exposition et à l’édition de ses dessins. Photographe, vidéaste, jadis peintre bref plasticienne, Michèle Sylvander n’avait pas vraiment exploré le dessin durant sa longue carrière jusqu’à ce qu’une nouvelle habitude la prenne : dessiner au réveil, quotidiennement, les rêves, les histoires, les désirs qui lui passent par la tête. Petits formats, au crayon et parfois mis en couleurs, ce corpus délivre un imaginaire où les corps, humains et animaux, ne cessent de jouer des saynètes qui semblent tout droit sorties d’un cabinet de psychanalyste.

L’exposition aura lieu au Frac de Marseille à l’automne dans le cadre du salon du dessin Paréidolie, et l’éditeur et graphiste Vincent Hanrot (Bik et Book éditions) réalise une manière de carnet qui peut évoquer le journal intime. Mon goût de la fiction a encore frappé : après une présentation de son esthétique, j’ai imaginé que ses dessins provenaient d’un vieux fanzine intitulé La Cie des femmes, et qu’ils illustraient un courrier des lectrices. La réalité est bien sur inverse : ce sont les dessins qui ont inspiré les textes dont on ne saura plus vraiment qui est l’auteur. Faire corps avec l’artiste, c’est ce moment où le texte critique se mue en un travail d’imagination.

Extrait du texte intitulé “À l’aube de fuir” :

« Ce sont leurs souvenirs qui se dessinent ainsi au matin : des êtres qui renoncent mais s’élancent, se cachent pour s’absoudre, possèdent mais se désolent, consentent et s’animalisent. C’est le couple qui danse le pas de deux. On observe l’embryon d’une vie sociale mais très vite d’autres dessins ramènent l’observateur aux tréfonds des désolations qu’entraîne le manque de communication. Le désir d’union ressurgit mais retombe dans les affres de bouderies infinies ; alors les bêtes reviennent et alimentent à nouveau le désir – alors l’union peut s’envisager au faune qui n’est que le prélude au miracle de la fusion chimérique des êtres. C’est là que revient en un leitmotiv le dédoublement masqué de soi en un autre ; la seule issue d’une union parfaite est le reflet frustrant de soi. Voilà un corpus dessiné qui nous peint enchaînés à nous-mêmes et incapables de nous nouer à l’autre. »

 

INFORMATIONS PRATIQUES
• Exposition « Michèle Sylvander, Juste un peu distraite »
du 26 septembre au 17 janvier 2020
Frac, plateau expérimental
Dans le cadre de Paréidolie, salon international du dessin contemporain à Marseille
Frac Provence Alpes-Côte d’Azur
20, bd de Dunkerque
13002 Marseille
www.fracpaca.org

• Ouvrage à paraître:
Juste un peu distraite
de Michèle Sylvander
Textes de Michel Poivert
Bik et Book éditions
128 pages, 16,3 x 23,2 cm, 80 dessins, traduit en anglais, 25 €.

La Rédaction
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