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Résidence BMW : Dune Varela, une relecture iconoclaste de l’histoire de la Photographie

Temps de lecture estimé : 3mins

Le rendez-vous était fixé le 1er décembre à 7h30 du matin, sur le quai de la gare de Lyon. Nous étions des dizaines à braver le froid glacial. L’occasion de nous retrouver entre confrères dans une ambiance chaleureuse, direction Châlon-sur-Saône, pour découvrir en avant première le travail de la photographe en résidence BMW, Dune Varela.

2016, la fin d’un cycle

C’est vers 9h30, que nous arrivons au Musée Nicéphore Niépce.  Accueillis par François Cheval, autour d’une tasse de café bien chaude, il introduit son discours par l’annonce de la date de son départ. Après avoir dirigé le musée durant 20 ans, il quittera ses fonctions le 23 décembre prochain, laissant derrière lui une institution à l’avenir incertain…
Nous comprenons donc que la résidence BMW serait la dernière en ces lieux.

Dune Varela, photographe en résidence

Dune Varela est la sixième photographe en résidence, qui se veut (presque*) résolument féminine depuis sa création. Cette résidence initiée par BMW offre la possibilité à un jeune photographe de bénéficier d’un accompagnement de 3 mois au sein du musée Nicéphore Nièpce, et d’une dotation financière de 6000€ pour mener à bien un projet personnel. Le fruit de cette résidence est exposé aux Rencontres d’Arles et à Paris Photo, puis publié dans un ouvrage édité aux éditions Trocadéro.

Au commencement, Dune Valera s’était présentée spontanément au Musée pour demander l’accès aux collections dans le cadre d’une recherche personnelle. Elle a ensuite déposé, pour la seconde fois, un dossier de candidature à la Résidence BMW. Recalée une première fois, cette année son dossier a été choisi à l’unanimité par le comité de sélection. Dans son projet, la photographe souhaite interroger les différentes formes de représentation du paysage photographié à travers diverses temporalités. Elle questionne l’altération et la fragilité de la photographie comme support, et son processus de disparition.

Au fil de la présentation de ses recherches (anciennes et récentes), on comprend que l’intérêt de Dune se situe dans la forme plastique, pour la traduire dans une bidimensionnalité presque sculpturale. Que ce soit dans sa série sur les icebergs ou sur les constellations, l’artiste interagit sur des photographies qu’elle n’a pas elle-même réalisées. Elle froisse, elle déchire, elle utilise le verre, qu’elle abîme pour offrir une double signification, et ainsi tromper le réel, pour nous emmener dans la réflexion du « que voit-on réellement » ?

Entre photographie et sculpture : questionner la représentation

Le travail en résidence se situe exactement dans le prolongement de ses recherches précédentes. Elle se servira alors des éléments
qu’elle trouvera dans les chambres secrètes du musée. Naturellement, la photographe s’intéressera aux images de temples et de grottes de la collection.

On découvre donc, dans un premier temps, une série d’images de temples, sur lesquelles on peut voir des impacts de balles. Telle Niki de Saint Phalle, la photographe tire au revolver 38mm sur les colonnes des temples. En résonance avec les désastreuses destructions de Palmyre, Dune Valera décline son intervention avec des images du site archéologique syrien trouvées sur internet, afin de les imprimer sur de la pierre qu’elle finira par briser.
L’artiste continue ses expérimentations avec des impressions d’images de grottes sur plaques de plâtre, ou encore des paysages qu’elle place sous des plaques de verre qui seront cassées et bombées de peinture noire.

Entre altération, destruction ou déconstruction, chaque image choisie sera la source d’une expérimentation sur une variété de supports. Dune Valera cherche à interroger la pérennité et la plasticité de la photographie.

*Mazaccio et Drowilal est le duo d’artistes composé d’Elise Mazac et Robert Drowilal.

INFORMATIONS
Résidence BMW
http://www.bmw.fr
Musée Nicéphore Niépce
http://www.museeniepce.com

Ericka Weidmann
Après des études d'Arts Appliqués et de photographie, elle rejoint un magazine en ligne consacré à la photo en tant que directeur artistique, poste qu'elle occupera pendant 10 ans. En 2010, elle s'installe comme DA en indépendant. En parallèle, elle devient responsable éditorial pour Le Journal de la Photographie et c'est en septembre 2013 qu'elle co-fonde le quotidien L’Oeil de la Photographie pour lequel elle est rédactrice en chef jusqu'en septembre 2016 avant de fonder 9 Lives magazine ! Ericka Weidmann est également journaliste pigiste pour d'autres médias.

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