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Rencontre avec Dominique Fiat : 1ère édition d’Africa Aperta

Temps de lecture estimé : 6mins

Ce sera assurément l’un des temps forts du printemps africain à Paris, une manifestation pluridisciplinaire et transversale mêlant festival d’Art Vivant , exposition dans la grande Halle de la Villette mais aussi le Parc et les bâtiments alentour. Avec Africa Aperta Dominique Fiat a vu juste dans une conjoncture qui s’est révélée favorable. Elle a accepté de nous dévoiler en avant-première les contours de ce qu’elle a initié avec Simon Njami, le commissaire de l’exposition  » Afriques Capitales « .

« Faire du lien social avec une exposition grand public de qualité englobant l’histoire du XIXème arrondissement de Paris mais aussi la Seine St Denis, territoire de création jouxtant la Villette »

M : Depuis combien de temps imaginez vous ce projet et pourquoi maintenant ?
Dominque Fiat :
Je m’intéresse et j’expose cette scène africaine au sens large (Afrique, Caraïbes et influences), ainsi à AKAA j’ai exposé l’artiste italien Nicola Lo Calzo qui travaille sur les mémoires post-coloniales. Mon intérêt pour ces artistes date de 2008, 2009, peu représentés sur le marché occidental. J’ai toujours eu le goût des créations à la marge, et je suis plus à l’aise dans les découvertes de sensibilités, de mouvements, de recherches que dans des marchés plus installés voire spéculatifs.

M : Même si en faisant appel à Simon Njami comme commissaire vous êtes plutôt dans » l’ institutionnel »
D. F. : Oui, je me suis posé la question. Au démarrage j’hésitais entre un commissaire de sa stature voire Okwui Enwezor très sollicité ou à l’inverse un jeune commissaire. Finalement après réflexion j’ai arrêté Simon qui avait vite compris mes objectifs : une manifestation avec une exposition très fraîche et qui reflète les enjeux du développement de l’Afrique sur le plan démographique et économique. Il a tout de suite adhéré à l’idée d’une exposition qui parte des villes puisque c’est là qu’aujourd’hui existe la création .
En y réfléchissant j’ai cependant choisi Paris que j’évitais au départ étant française. J’ai peu à peu réalisé que c’était en fait l’occasion rêvée de redonner à Paris une place importante au niveau du dialogue avec l’Afrique, même si je savais que les difficultés seraient nombreuses compte tenu d’un timing pollué par les échéances électorales.
M : D’où l’idée de proposer à un établissement public tel que la Villette
D. F. : A la fois dans ses intentions de projet et son positionnement La Villette permettait de co-produire compte tenu de l’importance du budget en jeu, dans cette période si particulière. Après discussion approfondie sur le projet le président de l ‘EPPGHV m’a donné son accord !
M : Vous imaginez d’autres éditions à suivre, sous quelle forme ?
D. F. Absolument et je suis déjà entrain de regarder comment faire voyager la manifestation à l’étranger, en Europe ou sur d’autres continents mais ma priorité reste une seconde édition prioritairement sur le continent africain.
M : Comment jugez vous le marché de l’art africain en France ?
D. F. Je pense qu’il reste un marché à construire, en même temps il y a chez les collectionneurs avec lesquels je dialogue, une réelle appétence. Donc même si c’est un marché qui démarre il a tous les atouts pour se développer. Je préfère m’adresser à un public réceptif à des découvertes et non formaté par les côtes et les prix.
M : N’y a t-il pas un effet de tendance, de niche ?
D. F. : Certainement oui et ‘il y a encore beaucoup à faire car même si j’ai bien vendu à AKAA cela restait des prix raisonnables avec une clientèle relativement nouvelle. Entre temps d’autres collectionneurs avertis commencent à s’investir sur ce marché et c’est tant mieux.
M : Que va t-il se passer avec Africa Aperta pendant Lille 3000 à la gare Saint Sauveur cet été ?
D. F. : Lille 3000 a repris le concept de l’exposition mais Africa Aperta n’est pas directement partie prenante.
M : Quelles sont les lignes de force de la programmation ?
D. F. : Du côté spectacle vivant : un axe théâtre, musique, danse et cinéma. Je prépare une programmation cinéma spécifique centrée sur l’Afrique.
Du côté de l’exposition : une approche plus classique mais avec des artistes que l’on n’a pas l’habitude de voir. Entre temps Simon avait accepté le commissariat de la Biennale de Dakar et lancé un appel à projets ce qui a permis de découvrir de nouveaux artistes. Le succès de Dakar repose certainement sur cette place faite à l’ émergence. Cela m’a donné l’occasion aussi d’y emmener les responsables de La Villette qui ont été très séduits.
Le Parc de la Villette étant ouvert toute la nuit, des photographies seront exposées à l’extérieur dans le Jardin des Miroirs suscitant ainsi un voyage à travers les territoires.
Cela génèrera aussi, nous l’espérons, l’intérêt des promeneurs ou simples curieux, pas forcément sensibles à l’univers des musées.
M : Comment avez vous tenu compte du focus Afrique prévu par l’équipe d’Art Paris ou d’autres initiatives nombreuses ?
D. F. : J’avais dit à Guillaume Piens et Marie-Ann Yemsi qui proposent des tables rondes dans le cadre d’Art Paris, que j’organiserais quant à moi plutôt des performances et des événements. Un partenariat avec eux prendra place lors d’une soirée spéciale le 31 mars à La Villette. J’ai aussi proposé un partenariat avec la Fondation Vuitton.
Il faut savoir que ces opérations sont très compliquées à monter compte tenu de la taille des établissements , d’où l’intérêt d’être une petite structure!
M : Quel a été l’accueil de l’opinion ?
D. F. : La presse a dès le départ bien réagi et j’ai tenu de mon côté à parler très en amont du projet.
Par ailleurs la communication de la Villette a mis en place une campagne importante.
 
M : La Grande Halle étant spectaculaire cela implique un format d’œuvres XXL ?
D. F. : Beaucoup d’œuvres ne rentrent pas forcément dans un format classique de collection car les dimensions de la Grande Halle exigent des oeuvres monumentales.
Cela a amené la Villette à reprendre une politique de production importante.
INFOS PRATIQUES :

Afriques Capitales
Dans le cadre du Festival 100% Afriques à la Villette
une proposition de Dominique Fiat
commissaire Simon Njami
Du 29 mars au 28 mai 2017
La Villette
211 avenue Jean Jaurés
75019 Paris
https://lavillette.com/evenement/festival-100-exposition-afriques-

http://dominiquefiat.com

Afriques Capitales, vers le cap de bonne-espérance
Dans le cadre de Lille 3000 sur une proposition de Simon Njami
du 6 avril au 3 septembre 2017
Lille3000
105 Centre Euralille – CS 80053
59031 Lille Cedex
http://www.lille3000.eu/portail/

 

Marie-Elisabeth De La Fresnaye
Après une formation en littérature et histoire de l'art, Marie de la Fresnaye intègre le marché de l'art à Drouot et se lance dans l'événementiel. En parallèle à plusieurs années en entreprise dans le domaine de la communication éditoriale, elle créé son blog pour partager au plus grand nombre sa passion et expertise du monde de l'art contemporain et participe au lancement du magazine Artaïssime.

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