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Pour sa deuxième carte blanche, notre invitée de la semaine, Camille Leboulanger, chargée de la programmation du cycle de photo-reportage « Escale à la Grange aux Belles – Images du réel », a choisi de nous parler du travail iconique du photographe américain Edward S.Curtis pour parler de photographie comme support de mémoire. Il aura passé près de 30 ans de sa vie a réalisé des portraits des « Native Americans », avec un focus particulier sur sa série « The North American Indian » réunissant plus de 2000 photographies.

Portant une attention particulière aux conflits internes et externes des peuples qui, tout en cherchant à s’intégrer ou à être acceptés, veulent préserver leur culture et leurs racines… aux communautés en marge de la société sédentaire, aux questions d’exil et d’intégration des populations marginalisées dans les sociétés modernes, j’ai découvert – trop rare – un témoignage photographique des « Native Americans ». Celui d’Edward S.Curtis.

The North American Indian (1907) plate 137 « Sioux Chiefs » © Edward Curtis

Chaiwa — Tewa peoples A portrait of a young, female Hopi Indian, 1922 © Edward Curtis

Ce travail a un impact sur la documentation des cultures amérindiennes aux États-Unis. L’auteur y a consacré près de 30 ans de sa vie en réalisant une immense série de portraits et de scènes de la vie quotidienne des peuples autochtones d’Amérique du Nord. Plus de 40 000 images de 80 tribus amérindiennes, capturant des portraits, des scènes de vie, des rituels, des cérémonies et des objets traditionnels. À une époque où la culture autochtone était en plein déclin en raison de l’expansion coloniale, de la violence, des politiques d’assimilation et de l’effacement des modes de vie traditionnels, ses photographies ont permis de la préserver.

The North American Indian (1907) plate 79 « Sioux Chiefs » © Edward Curtis

© Edward Curtis

Le projet le plus connu du photographe est sans doute la série « The North American Indian« , lancée en 1907 et terminé dans les années 1930. 20 volumes de photographies et d’écrits, plus de 2 200 photographies, en plus des écrits détaillant les coutumes et traditions des tribus photographiées.

L’aspect documentaire, la photographie comme mémoire m’intéresse particulièrement ici.

A smoky day at the Sugar Bowl Hupa, cca 1923. © Edward Curtis

Il est cependant important d’interroger ce travail, qui soulève des critiques à propos de la représentation de l’auteur : vision occidentale, romantique et idéalisée presque mythologique parfois. Critique en raison de l’idéalisme de sa représentation, donnant une image d’authenticité qui ne rend pas toujours compte des réalités complexes et changeantes de ces sociétés.

Photos extraites de « The North American Indian » d’Edward S.Curtis.

La Rédaction
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