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Et Dalida entre au Palais Galliera

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Comme le souligne Olivier Saillard directeur de l’auguste Palais Galliera la garde-robe de Dalida va désormais faire partie de l’histoire de ces femmes d’exception qui ont dicté leur empreinte et leur style sur leur époque : la comtesse Greffulhe (future duchesse de Guermantes chez Proust), Cléo de Mérode, Anna Gould mais aussi George Sand la princesse de Murat ou l’impératrice Joséphine.

C’est grâce à la généreuse donation du frère de l’artiste, Orlando que ces 209 tenues et accessoires intègrent ce patrimoine jalousement gardé dans les réserves du Musée de la Mode de la Ville de Paris, cette ville qui a tant compté dans le parcours de la chanteuse la plus récompensée du box office (70 disques d’or).
Une personnalité riche et complexe dont la garde robe agit comme un journal intime, « les humeurs d’une femme en négatif et positif » comme le résume Olivier Saillard qui s’est entouré de l’historienne d’art, Sandrine Tinturier commissaire invitée.

Après le Biopic de Lisa Azuelos qui avait reçu un accueil mitigé c’est un autre portrait qui se dessine plus subtil et nuancé. « L’objet est presque sacré chez elle, à la manière d’une relique » précise la commissaire, Dalida ayant tout gardé de ses vêtements à la ville comme à la scène, ce qui mérite d’être souligné. Comme un défi au temps qui passe et n’a pas de prise sur cette silhouette longiligne qui affole le public. Mais sous les paillettes des années Disco et cette féminité de plus en plus outrée se cachent de nombreux tourments jusqu’à la brisure finale et c’est ce que nous révèle l’évolution de ce parcours captivant, magistralement servi par la scénographie de Robert Carsen.

Leçons de style en 3 tenues iconiques :

Jean Dessès et les rêves de cinéma en puissance
Après les années d’ insouciance en Vichy de Bardot, marquées par le New Look, la Miss Egypte se retrouve dans les robes griffées de Jacques Estérel ou Carven, avant que Jean Dessès n’opère un tournant pour son premier récital à Bobino en 1958 avec cette robe bustier de velours rouge d’inspiration holllywoodienne qui ouvre la première salle. Encore brune à l’époque, son allure de femme fatale trace la voie du succès même si ses apparitions derrière la caméra seront éphémères (Rapt au deuxième bureau, 1958,Parlez-moi d’amour, 1961, L’inconnue de Hong Kong, 1963) et moins significatives que dans ses envies de jeunesse.

Pierre Balmain et la dramatisation de la silhouette
Une période plus sombre s’installe dans les années 70 avec plusieurs drames personnels qui influencent ses choix. Balmain traduit sur scène dans des robes fourreaux sur mesure en noir noir et blanc cette rupture et refus des couleurs. Après avoir dessiné sa robe de mariée avec Lucien Morisse, son mentor, en 1961 il imagine la fameuse robe « Ziberline » de 1973 tout en soie d’ivoire brodée de fils argent, de perles et de strass, qui l’a tant accompagnée, devenant emblématique du côté tragique de sa trajectoire amoureuse et du désarroi qui s’installe au fil des suicides de ses compagnons.

Saint-Laurent for ever
Plutôt que les tenues outrancières et flamboyantes de Michel Fresnay de la reine du show des années Disco dans le sillage des superproductions américaines des années 80, Dalida trouve dans la Ligne YSL Rive Gauche une liberté de ton à travers smokings, sahariennes, trenchs pour passer plus incognito et protéger sa vie privée tumultueuse et terriblement solitaire. « Je sais ce qu’est ma vie. Mon mari, c’est le public. Les chansons, ce sont mes enfants ». « Mon désespoir, c’est de ne jamais avoir eu d’enfants », des citations qui en disent long et qui parsèment élégamment les murs de l’exposition.

Trente ans après sa disparition et alors que les héritières de son style sont toujours plus nombreuses de Lady Gaga à Beyoncé il est troublant de constater comme le souligne Olivier Saillard à quel point « le vêtement perdure et les êtres passent.. »

INFOS PRATIQUES :
DALIDA, une garde-robe de la ville à la scène
Jusqu’au 13 août 2017
Palais Galliera
Musée de la Mode de la Ville de Paris
10, Avenue Pierre-1er-de-Serbie
75116 Paris
http://palaisgalliera.paris.fr

Somptueux catalogue aux éditions Paris Musées !

Application gratuite de support de visite disponible sur Apple Store et Play Store.

Marie-Elisabeth De La Fresnaye
Après une formation en littérature et histoire de l'art, Marie de la Fresnaye intègre le marché de l'art à Drouot et se lance dans l'événementiel. En parallèle à plusieurs années en entreprise dans le domaine de la communication éditoriale, elle créé son blog pour partager au plus grand nombre sa passion et expertise du monde de l'art contemporain et participe au lancement du magazine Artaïssime.

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