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Ralph Gibson revient à la Galerie Thierry Bigaignon avec une revisite exceptionnelle

Temps de lecture estimé : 5mins

La jeune galerie Thierry Bigaignon organise pour la seconde fois une exposition consacrée à Ralph Gibson. Jusqu’au 12 mai, vous êtes invités à redécouvrir 15 œuvres iconiques du célèbre photographe américain. Mais attention, l’exposition « Vu, Imprévu » propose une revisite inédite mêlant photographie et musique. Chaque image est donc associée à une installation sonore réalisée par Ralph, lui-même.
Nous avons rencontré Thierry Bigaignon pour qu’il ne présente cette exposition qui sort des sentiers battus. Rencontre

« La photographie de Ralph Gibson a toujours été éloignée de la simple captation du réel, mais la musique lui permet d’aller encore plus loin dans l’éclosion et la transmission de ses propres émotions ». T. B.

9 lives : La galerie a été inaugurée avec une exposition de Ralph Gibson, il y a un peu moins de deux ans, aujourd’hui le photographe américain revient à la galerie, que signifie cette nouvelle exposition pour la galerie ?

Thierry Bigaignon : Effectivement​,​ lors de l’ouverture de la galerie il y a déjà presque deux ans, j’avais eu la chance et l’honneur de présenter la dernière série de Ralph Gibson, « Vertical Horizon ». Cet artiste de légende est donc en quelque sorte le parrain de la galerie et j’en suis très fier !
Entre temps, nous avons grandi et nous avons pu, je l’espère, affirmer un positionnement singulier, défendre des auteurs, promouvoir la photographie dans sa diversité et innover sans cesse. Que ce soit dans l’accueil du public, le parcours client, l’utilisation des nouvelles technologies ou encore dans notre politique de fidélisation, je crois que nous su développer une identité propre. Le catalogue annuel, Post-scriptum, que nous publions et qui est présenté notamment à la Fondation Louis Vuitton, est l’un des exemples de cette politique. Le lancement le 1er janvier dernier de la plate-forme « Collectors Confidential » (www.collectorsconfidential.com), qui a pour but de ne proposer aux collectionneurs que des pièces rares et exclusives d’artistes de la galerie mais également d’autres artistes, en est un autre exemple. L’innovation est donc au coeur de la stratégie de la galerie et cette innovation rejoint parfois le processus même de création des artistes que nous représentons. Cette heureuse co​ï​ncidence s’est produite avec Ralph Gibson lorsque nous avons commencé à travailler sur ce projet.

9 lives : Cette nouvelle exposition met en avant 15 œuvres iconiques de Ralph Gibson? Chacune est accompagnée d’une œuvre musicale de l’artiste lui-même, une manière d’aborder deux facettes de l’artiste. Comment avez-vous penser cette exposition?

T. B. : Lors de nombreuses visites que j’ai pu faire à Ralph Gibson dans son atelier à New York, je me suis rendu compte à quel point la musique faisait partie de sa vie. Plus qu’une passion, la musique est omniprésente dans son quotidien. Il dit lui-même qu’il pratique la musique depuis 70 ans alors qu’il ne photographie ‘que’ depuis 60 ans !!! Je n’ai donc pu m’empêcher de lui proposer de partager cet amour avec son public, celui qui le suit depuis tant d’années, mais également celui qui le découvre encore aujourd’hui. Il a tout de suite accepté de relever ce défi. Nous avons donc sélectionné les photographies qui nous semblaient les plus pertinentes et ensuite​,​ tout au long de l’année​,​ Ralph a composé, joué et enregistré la musique, un morceau original pour chaque photographie.
A ma connaissance​,​ c’est la première fois qu’un artiste de cette ampleur revisite son propre travail, parfois 40 ans après, et ce dans un médium différent. C’est non-seulement novateur mais c’est surtout la marque d’un génie et je crois fermement que cette exposition marquera l’histoire de la photographie. Ces quinze pièces sont sans doute le​s​ plus personnelles de toute sa carrière, et en tout cas, tirées à 3 exemplaires seulement, ce sont aussi les plus rares.

9 lives : Comment s’est opéré le choix des 15 photographies exposées ?

T. B. : Nous sommes partis du postulat qu’il fallait choisir 15 photographies iconiques car l’intérêt de revisiter une oeuvre est amplifié si cette oeuvre est connu​e​ de tous. Mais très vite, certains choix plus personnels nous ont paru essentiels car la musique ajoute une composante très personnelle à ses photographies. La photographie de Ralph Gibson a toujours été éloignée de la simple captation du réel, mais la musique lui permet d’aller encore plus loin dans l’éclosion et la transmission de ses propres émotions. Le processus est remarquable et le résultat l’est tout autant.

9 lives : La photographie est-elle vendue avec le dispositif sonore ?

T. B. : Oui absolument mais nous avons été plus loin ! Pendant l’exposition à la galerie, les visiteurs peuvent « écouter les photographies » en fla​shant un QR code apposé à côté de chaque photographie. Mais comme il n’était pas question d’obliger un collectionneur à coller un QR code dans son salon, nous avons intégr​é au cadre lui-même une puce NFC invisible qui permet​​ à tout ​un chacun de lancer la lecture de la musique en streaming en utilisant n’importe quel smartphone. Comme nous voulions par ailleurs que ces pièces soient vraiment à la hauteur de l’événement, nous avons mis au dos de chaque cadre la partition manuscrite du morceau original ainsi qu’une clé USB pour que le collectionneur ait physiquement le fichier musical. L’expérience de visualisation et d’écoute d’une part est donc assez extraordinaire car très immersive, et d’autre part le fait de posséder une photographie argentique d’un grand maître, mais également de l’écouter jouer un morceau qu’il a lui-même composé, et d’en avoir le manuscrit, rendent ces pièces particulièrement précieuses.

INFORMATIONS PRATIQUES
Vu, Imprévu
Ralph Gibson
Du 17 mars au 12 mai 2018
Galerie Thierry Bigaignon
Hôtel de Retz, Bâtiment A,
9 rue Charlot
75003 Paris
http://www.thierrybigaignon.com
Ericka Weidmann
Après des études d'Arts Appliqués et de photographie, elle rejoint un magazine en ligne consacré à la photo en tant que directeur artistique, poste qu'elle occupera pendant 10 ans. En 2010, elle s'installe comme DA en indépendant. En parallèle, elle devient responsable éditorial pour Le Journal de la Photographie et c'est en septembre 2013 qu'elle co-fonde le quotidien L’Oeil de la Photographie pour lequel elle est rédactrice en chef jusqu'en septembre 2016 avant de fonder 9 Lives magazine ! Ericka Weidmann est également journaliste pigiste pour d'autres médias.

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