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Carte blanche à Sophie Zénon : L’atelier de l’artiste franco vénézuélien Cruz-Diez

Temps de lecture estimé : 3mins

Tout au long de la semaine, notre invitée, la photographe Sophie Zénon a décidé de nous faire voyager dans son quartier, celui de la Goutte d’or dans le 18ème arrondissement de Paris. Pour sa troisième carte blanche, elle nous parle de l’atelier de l’artiste franco vénézuélien Cruz-Diez. Une rencontre en couleurs et … noir et blanc.

On pénètre dans le grand atelier de Carlos Cruz Diez par une porte discrète rue Stephenson, en plein quartier de la Goutte d’Or. Une quinzaine de personnes s’activent à la fabrication d’oeuvres monumentales, destinées à la façade d’un immeuble. Sur chaque mur, ses oeuvres hypnotisent, modulent leurs couleurs en fonction du déplacement du regard et de la source lumineuse. Les couleurs se superposent à l’infini, se soustraient, se réfléchissent, en en créant sans cesse de nouvelles… Couleur Additive, Physiochromie, Induction Chromatique, Chromointerférence, Transchromie, Chromosaturation, Chromoscope, Couleur dans l’Espace, des noms évocateurs de sa recherche sans fin de variations chromatiques et optiques.

Installé depuis 1960 à Paris, l’artiste franco-vénézélien, né en 1923 à Caracas, est l’un des acteurs majeurs de l’art optique et cinétique, courant artistique qui revendique « la prise de conscience de l’instabilité du réel ». « J’ai toujours voulu, dit-il, lancer la couleur au-delà de son support, la projeter dans l’espace. Pour moi, la couleur n’est pas juste une anecdote de la forme, elle n’est pas seulement le rouge de la pomme, le bleu du ciel. La couleur est autonome, fugace, en mouvement perpétuel. La couleur est comme la vie : un présent permanent. ». Pour lui, la couleur a le pouvoir de transfigurer le monde qui nous entoure.

On passe de l’atelier de restauration où des clients amènent des oeuvres anciennes à restaurer – du temps où il travaillait uniquement sur carton – à la grande pièce centrale où s’aligne sagement chacune des baguettes – toutes signées – qui entreront dans la composition finale jusqu’à la salle de réunion. Ici, une bibliothèque déploie un panorama assez conséquent de la multitude d’oeuvres produites à travers le monde. Parmi eux, je suis attirée par un livre de photographies en noir et blanc. Cruz Diez photographe ? Une facette méconnue de l’artiste qui dévoile dans un livre modeste des photographies de scènes de rue aux cadrages hardis et dans lesquelles s’enchevêtrent des formes géométriques, ici dans les barrios de Caracas, plus loin dans les ruelles de Paris et de New-York. Mais aussi des portraits remarquablement composés au Rolleifleix d’intimes ou d’amis artistes, dans une écriture contrastée. On ressent dans ses compositions, dans la construction de ses photographies, l’influence de la photographie dans son oeuvre à venir.

INFORMATIONS PRATIQUES

mar21mai(mai 21)14 h 30 minsam20jul(jul 20)19 h 30 minWork in progressGalerie Ségolène Brossette, 15 rue Guénégaud, 75006 Paris

La Rédaction
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