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Primitive Acids de Thomas Gosset exposé aux Promenades photographiques de Vendôme

Temps de lecture estimé : 4mins

Les personnages de Thomas Gosset portent les cicatrices irréversibles qu’il inflige à ses négatifs, en les mutilant et les recomposant. Il en résulte une photographie picturale et chaotique empreinte d’une beauté tragique, dans laquelle des personnages contemporains côtoient des figures du quotidien, comme radiographiées. Sa série est exposée dans le cadre de la 15ème édition du festival des Promenades Photographiques de Vendôme.

Le travail sur le medium, se fait couche par couche, en ajout des transparences crées précédemment par grattage, puis par ajout de peinture, travail dont l’approche relève aussi de l’eau forte, de la préparation du support par occultations et ré-inscriptions d’éléments, dessinés, écorchés, afin de conférer au tirage définitif cet esprit de la gravure. Le résultat est des plus sur-prenants, toute une attitude par rapport aux prises de vues initiales fait l’objet d’une interprétation où la main et l’oeil prennent le pas sur la photographie, pour se rapprocher de l’énergie de Bacon, fureur et mystères.

Il faut re-dessiner les routes qui nous permettraient de sortir de la paranoïa des temps et de reconstruire des sociétés plus habiles, plus conviviales, plus harmonieuses, plus humaines. Le despotisme de l’argent, la manipulation des pouvoirs, la violence historique inscrite au creux du macronisme, s’immiscent au plus profond de nos quotidiens en asphyxiant la société, en accélérant l’angoisse et le rythme du temps, dans un déni permanent des priorités salutaires à l’ensemble de la société, étales des chaudes-trappes et coups tordus soigneusement dissimulés derrière une bien-pensance hygiéniste et nauséeuse faite d’idéologies et de dominations. De l’air donc et du temps…
Artiste autodidacte de 36 ans né à Bordeaux. Initialement inspiré par Les Récréations photographiques de la fin du XIXe siècle et les Avant-gardes du XXe siècle, il les ré-interprète un siècle plus tard pour offrir une photographie contemporaine surréaliste et subversive.

Insubordonné à son propre médium, il concentre ses recherches expérimentales sur le sens profond de l’image et sur sa genèse en chambre noire. Ainsi, c’est au coeur même de la matière photosensible qu’il puise une esthétique singulière en détournant le processus argentique de ses applications classiques. Ce qui lui autorise une liberté supplémentaire d’expressions et une plus grands liberté d’interprétation.

De fait ses photographies se fondent dans une polysémie expressive où interfèrent les différentes couches supplémentaires, comme une écriture dispersée par une tension intérieure, afin qu’apparaissent ou disparaissent certains éléments à l’intérieur de l’image qui s’en trouve finalement enrichie.

Thomas Gosset est devenu intimement convaincu de l’éligible attention qu’il mobilise chez son regardant, quand il développe chez celui-ci l’âme d’un en-quêteur, intrications des intrigues qui s’y nouent, l’aveu d’un mystère opératif, celui du sens et de ce qui est caché, enfoui… Thomas Gosset est il un en-quêteur, un passeur de mondes, un gitan fou et inspiré en proie à sa beauté païenne, un inspiré, un bateleur du tarot de Marseille, mains de sel et doigt de feu, son propre biographe , un artiste au carrefour de différentes techniques, tout cela en même temps sans doute, augmenté d’un chapeau invisible…

Et c’est à cette attitude de recherches, de chercher une réponse à la genèse pratique de telle photographie ou telle autre, que se rencontre le roman de celles-ci et de l’aveu même de celui-ci, du retour d’un hasard intuitivement reconnu comme une force souterraine aux pratiques scripturales , coupures, gravures, peintures, qui ensemencent cette polysémie heureuse, faite de rêves et d’hallucinations, quand il faut redonner au monde sa “véritable’ image, et qu’il faut bien aller la chercher où elle est, c’est à dire sous les apparences, dans la nervure du temps, dans l’impossible photographie, au centre de sa terre, couche par couche. C’est là le lieu même de l’inconscience qui mixte son processus de clarification final, en aveugle et c’est là que le retour du sens opère une transparence des couches, surtout après qu’elles aient été révélées à elles mêmes dans leurs transparences, empilements, ou occultées par parties…pour former finalement un tout. C’est ce qui fait précisément photographie chez Thomas Gosset et ce qui nous traverse donc, dans une euphorie aléatoire et lente.

C’est dans un conte d’une beauté informelle, sombre et surréaliste que Thomas Gosset Valère pousse le réel et le processus photographique dans ses derniers retranchements. En extrayant des sels d’argent sa puissance hallucinatoire, il mêle l’évocation d’une réalité économique et sociale à une représentation plus onirique du monde. Ces émulsions photographiques «psychédéliques » sont le résultat d’un oeil acerbe sur le monde et d’un travail expérimental et manuel minutieux, de la prise de vue à la chambre noire.

INFORMATIONS PRATIQUES

sam15jui(jui 15)10 h 00 minmer18sep(sep 18)19 h 00 min15ème édition des Promenades PhotographiquesEloge de la Lenteur OrganisateurAssociation Promenades photographiques

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Pascal Therme
Les articles autour de la photographie ont trouvé une place dans le magazine 9 LIVES, dans une lecture de ce qui émane des oeuvres exposées, des dialogues issus des livres, des expositions ou d’événements. Comme une main tendue, ces articles sont déjà des rencontres, polies, du coin des yeux, mantiques sincères. Le moi est ici en relation commandée avec le Réel, pour en saisir, le flux, l’intention secrète et les possibilités de regards, de dessillements, afin d’y voir plus net, de noter, de mesurer en soi la structure du sens et de son affleurement dans et par la forme…..

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