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Partager Partager L'Invité·e Carte blanche à Béatrice Tupin : Lisa Roze et Jill Freedman La Rédaction18 septembre 2020 Temps de lecture estimé : 5minsPour sa quatrième et dernière carte blanche, notre invitée de la semaine, la fondatrice du festival Les Femmes s’exposent Béatrice Tupin, a choisi de nous parler de deux expositions bien différentes : « La parade colorée » de Lisa Roze et « Manhattan Blues » de Jill Freedman. Une ballade poétique pour la première et l’exposition hommage à l’une des pionnières de la photographie de rue. Lisa Roze avec ses photos peintes et rehaussées à la feuille d’or dans une ambiance du 19 ème siècle embarque le visiteur dans l’imaginaire comme un rêve sublimé, romantique et fantasmé. Cette série, composée d’après une idée originale de photographies peintes à la main avec rehauts à la feuille d’or, est pensée comme un conte photographique. Les prises de vues ont été réalisées avec un appareil de type « chambre 4X5 » entre 2008 et 2016. Je travaille toujours à l’ancienne, en argentique, et j’interviens sur mes images de manière très artisanale. Je suis inspirée par les maîtres de la photographie du XIXe siècle, tels que Nadar ou la britannique Julia Margaret Cameron ainsi que par la beauté des daguerréotypes et des autochromes. J’aime avant tout l’aspect ludique, la sensation de hasard et la surprise procurés par la révélation magique des films instantanés, hélas disparus pour la plupart aujourd’hui. Tout cela me donne l’impression d’être une sorte d’alchimiste de l’intemporel faisant de chacune de ses pièces, une oeuvre originale, de chaque cliché, une ballade poétique. Être Femme Photographe – “ Je n’y pense pas, je le vis. C’est passionnant, naturel et magique. Je me sens plutôt comme une artiste qui échange et crée une alchimie avec d’autres artistes. A travers mes photographies j’invente un monde, que j’aime imaginer poétique et intemporel, un univers harmonieux.” Photographe parisienne d’origine anglaise et japonaise, Lisa Roze réalise sa première photographie à l’âge de 11 ans avec un sténopé fabriqué avec une boîte à chaussures. Cette portraitiste a collaboré avec de nombreux artistes du monde de la musique et des arts : elle a notamment réalisé, en 2011, « le Livre extraordinaire de -M- » (Flammarion), mettant en scène l’univers du chanteur Matthieu Chedid. Elle a largement exposé son travail personnel : au sein de la collection Florence et Damien Bachelot, en 2018, avec « Des villes et des homes » à l’hôtel des Arts de Toulon ; en 2019, à la galerie Agnès b., avec une immersion photographique suite à la parution de son livre « la Parade colorée » (Éditions du Chêne). J’ajoute une dernière exposition qui est l’hommage à l’américaine Jill Freedman décédée il y a pratiquement un an, et encore trop méconnue en France. Les photos exposées nous plongent dans un New-York des années 70, des images contrastées et attachantes. Jill Freedman, photographe de rue souvent ou photojournaliste parfois, nous embarque dans un mélange de genre et de gens. Cette série est une ode à la vie quotidienne à New York, la ville que la photographe affectionnait particulièrement. Prises entre 1966 et 1990, ces photographies en saisissent l’audace et la fantaisie. « New York tout entier avait une âme à l’époque : la vie bruissait de toutes parts, on croisait des excentriques à chaque coin de rue, des millions de personnes avec des histoires colorées à raconter », déclarait Jill Freedman. Elle a ainsi photographié le quartier de la 42e Rue, alors sordide, et la scène artistique du Studio 54 et du West Village. Pendant deux ans, elle a vécu avec les pompiers de Harlem et du Bronx. Ensuite, elle a suivi la police de quartier. « J’accrochais mon appareil autour de mon cou et je descendais dans la rue. Pour saisir un moment, vous êtes tel un chasseur, alerte et prêt à appuyer sur la gâchette à la fraction de seconde près. Il faut être rapide. Si vous manquez ce moment, il disparaîtra à jamais. » Jill Freedman (1939-2019) était une pionnière de la photographie de rue, dans la pure tradition américaine. Après avoir étudié la sociologie et l’anthropologie, elle se passionne pour le comportement humain et décide d’en rendre compte en images. En humaniste et pacifiste convaincue, elle commence par prendre des clichés des manifestations pour les droits des minorités ou contre la guerre du Vietnam. Elle s’immerge, en général durant des mois, dans une communauté et dépeint ses membres comme des individus nobles mais pas nécessairement héroïques. Elle tourne ainsi son regard tendre vers le monde des cirques, les différents mouvements de protestation à travers les États-Unis, ou les aspects sombres de la ville de New York. Ses photographies font partie des collections permanentes du MoMa, de la New York Public Library et du Centre International de la Photographie (New York), de la George Eastman House (Rochester), du Smithsonian American Art Museum (Washington), du Museum of Fine Arts de Houston et de la Bibliothèque nationale de Paris, notamment. Son travail a été exposé dans le monde entier, publié dans de nombreux médias et largement primé. Les photographies de Jill Freedman sont diffusées par l’agence Getty Images. INFORMATIONS PRATIQUES ven07aou(aou 7)10 h 00 minven25sep(sep 25)18 h 00 min3ème édition Les Femmes s'exposent OrganisateurLes Femmes s'exposent Détail de l'événementPhotographe : la profession subit violemment depuis des années la crise de la presse et ce qui en découle – les budgets en chute libre, les commandes en baisse, les Détail de l'événement Photographe : la profession subit violemment depuis des années la crise de la presse et ce qui en découle – les budgets en chute libre, les commandes en baisse, les tarifs de plus en plus bas, les paiements qui traînent honteusement en longueur… Photographe : une profession de plus en plus précaire, donc, et des situations préoccupantes. La crise du Covid-19 parachève le tableau et laissera un grand nombre de professionnel(le)s sur le carreau. Il est actuellement presque impossible de travailler ; les commandes et les départs pour l’étranger sont annulés ; les paiements restent en attente. Beaucoup n’ont plus de revenus. Le monde de la photo est en souffrance. Le confinement renforce les inégalités. L’absence des femmes photographes dans certains médias est alarmante. Et puis, dans cette période, les femmes, mères célibataires ou non, sont, comme trop souvent encore, les premières à gérer l’intendance, les enfants, leurs devoirs, etc. Rares sont les instants pour s’investir dans le travail et explorer de nouvelles pistes. Je rêvais d’une année 2020 ronde et généreuse, mais les conséquences de la crise du Covid-19 seront catastrophiques. Elles le sont déjà. Photographe : une profession dont l’avenir est plus que jamais en danger. Le monde entier est impacté par le virus. Plusieurs festivals ont dû annuler leur édition 2020, nous pensons à eux. Mais nous avons à cœur de maintenir, pour sa troisième édition, le festival « Les femmes s’exposent » : les expositions sont en extérieur et nous espérons, évidemment, que le déconfinement progressif nous permettra de revoir le public cet été. Le festival continue sur sa lancée, convivial, proposant toujours diverses écritures photographiques pour révéler la créativité des femmes photographes professionnelles. Les expositions toucheront, nous l’espérons, un large public, mais aussi des amateurs avertis et des professionnels. Ce festival ne s’est pas construit en opposition aux hommes et à nos confrères. Il existe pour tenter de réparer, compenser le manque de visibilité des femmes. Et susciter de nouveaux talents. Pour plus d’égalité, pour permettre que vive la pluralité des regards qui enrichit chacun. Béatrice TUPIN Présidente du festival Photo : © Nadia Ferroukhi DatesAoût 7 (Vendredi) 10 h 00 min - Septembre 25 (Vendredi) 18 h 00 min(GMT+00:00) OrganisateurLes Femmes s'exposentLearn More CalendrierGoogleCal Favori0
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