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Partager Partager Temps de lecture estimé : 7minsPour leur deuxième carte blanche, nos invités de la semaine, les membres de Savage Collective, nous présente le photographe et galeriste John Craven. Son œuvre devait être présentée au public à la galerie Berthet-Aittouarès dans le cadre de la manifestation Photo Saint Germain. Cette exposition curatée par Savage Collective est qui espérons le, ouvrira au moment de la levée du confinement… La galerie Berthet-Aittouarès* invite Savage Collective à s’emparer de l’œuvre de John Craven à l’occasion d’une exposition Beauté terrible, dans le cadre de Photo Saint-Germain. L’exercice consiste à apporter un prisme de lecture original sur l’histoire du personnage, ses fulgurances artistiques et prémonitoires, ses vastes observations photographiques sur le monde. On pourrait invoquer Johannes Kepler pour arriver jusqu’à John Craven : calculer la distance qui nous sépare de lui pour comprendre ce qu’il fut. Et pour y arriver mieux vaut y pointer plusieurs observateurs. Voici donc Savage Collective sur le sujet. Une espèce d’enquête John Craven est une énigme dont il nous faut recomposer un récit à partir d’empreintes. Contraints d’abandonner un temps les archives directes, nous avons accompagné le presque-rien qui entoure John Craven par une contre-enquête composée d’assemblages et d’enchâssements qui n’échappent pas à l’esprit d’escalier. Nos explorations tombent parfois sur des élucidations. Cinq axes principaux animent les prémices de cette exploration avec de nouvelles correspondances autant informatives, poétiques, critiques que politiques. Ce que vous trouverez ici est une invitation à voyager à travers les vies de John Craven. Une invitation qui, au fur et à mesure et à terme de nos recherches, prendra la forme conceptuelle d’une bible – une récurrence dans notre pratique curatoriale. Qui est John Craven ? Il y a peu de chevauchements chez John Craven, plutôt des ruptures radicales. S’il est autant photographe reporter, auteur, éditeur, galeriste, commissaire d’exposition, c’est surtout par une approche minimale de son œuvre qu’il est connu. Celui de photographe industriel dont deux grandes expositions organisées dans sa propre galerie, fondée en 1950 rue des Beaux-Arts à Paris, rendront compte. La première Beauté Terrible est préfacée ainsi par André Pieyre de Mandiargues : « En John Craven, je me plais à saluer un futuriste de la photographie. Je lui rends grâce d’avoir si bien vu et de si bien faire voir la beauté terrible d’un univers machiné par des hommes qui sont entrés dans l’avenir. » . Suivra en 1956, Le fantastique monde du pétrole, accompagnée avec force par les textes de Jean Giono, à ce titre exemplaire de la pratique artistique et esthétique de Craven. le photographe y privilégie la précision du cadre et des contrastes, celles des lignes parfaites au beau milieu du sujet explosif des complexes pétroliers. Ces « cathédrales » ainsi qu’il les nomme, avertissent de « cette guetteuse patiente, derrière tout paysage qui a pris l’aspect futuriste et laqué de notre vie elle-même et des ambitions planétaires » ainsi que le commente François Nourissier. Son goût pour des compositions architecturées le rapproche d’un Lucien Hervé. Il se trouve qu’ils travailleront tout deux à formaliser l’architecture moderne de Fernand Pouillon, répondant à ses commandes comme à celles des Frères Peret. John Craven, rolleiflex en bandoulière, consacre ses matinées aux commandes d’entreprises, entre parfumeries et raffineries. Lors d’un entretien, il confiera : « quand je fais des photos, je pense : ça c’est un Hartung, un Poliakoff, un Viera da Silva… ». Ce sont les artistes dont il visite les ateliers et dont il fait le portrait auxquels on peut ajouter Fautrier, Dubuffet, Duffy, Nicolas de Staël, Gaïtis, Riopelle, Avril, Wols…. c’est que, l’après-midi, il les expose dans sa galerie où se côtoient les avant-gardes et autres collectionneurs américains. Il promeut avec passion « cet art d’aujourd’hui qui sera celui de l’an 2000 », tel qu’il l’énonçait en 1969, lors de l’inédite est folle aventure au Palais des Papes à l’invitation de Jean Vilar pour le festival d’Avignon : L’œil écoute. Il n’oublie pas la photographie, parallèlement à L’œil écoute, il organise « Elles » une projection audio-visuelle sur les murs du Palais de 500 photographies de Boubat, Jean-Philippe Charbonnier, Robert Doisneau, Jean Dieuzaide, Jacques Henri Lartigue, Sabrina & Roland Michaud, Jean-Louis Michel, Marc Riboud, Jean-Loup Sieff. Ses diverses collaborations l’amènent entre autres de Jacques Kerchache, qui ouvre sa première adresse non loin de la sienne. Leur association donne lieu à deux catalogues depuis lors devenus des incunables : Art primitif, Amérique du Nord en 1965, puis Le M’boueti Des Mahongoue – Gabon en 1967; Claude Roy en signe les textes, John Craven la maquette et les photographies. Son approche des œuvres n’est pas sans rappeler celle de Walker Evans, lorsque le MOMA lui commanda en 1935 un portfolio à l’occasion de la première exposition d’art africain qui se tint dans un musée. Mais il est un ouvrage qui scellera son renom de grand reporter et de directeur artistique: 200 millions d’Américains, publié en 1967 chez Hachette. Il recevra pour ce livre, le prix Nadar ainsi que la médaille Lénine puis le lion d’or du reportage à Venise. Il en a assuré l’entièreté des photographie, des textes, de la conception jusqu’à la stratégie publicitaire. Ce livre est la somme d’un périple de treize mois et de 80 000 kms entamés en 1963 à travers les USA. Il en résulte 12 000 négatifs, parfois tirés au long cours dans le fond de baignoires au gré des Motels de 50 états, quatre années pour en préparer l’édition. Salué unanimement par la critique, ce livre est « le meilleur reportage photographique qu’on ait publié sur les ETAS-Unis » selon le Nouvel Observateur, d’une Amérique « dans un zone fascinante entre ce qu’elle est et ce qu’elle voudrait être » selon Le Monde. Pour Nourissier « cet album, contient discrètement l’équivalent d’un essai sur les Etas-Unis… Ce tournis, cet éblouissement soudain de nos sensibilités usées et grises d’Européens, de la couleur, du gigantisme, de la foule, du fracas, de la nonchalante vitesse, de la sereine brutalité, de la redoutable innocence… (Craven) n’aura fermé les yeux sur aucun ridicule, sur aucune ignominie de la société américaine (…) ». Ses prises de vues on la vivacité d’un Garry Winogrand et l’humour Elliott Erwitt. Il connait bien le continent américain. C’est en 1930 qu’il débarque à New York, rejoignant son frère, il exerce en tant que photographe et réalisateur des actualités cinématographiques. Il y reviendra régulièrement pour des commandes et autres reportages life style and People entre les années 50’ et 60’, notamment pour photographier Françoise Sagan ou pour saisir les urbanités nouvelles. Lorsque John Craven quitte Digne-les-Bains pour New York, il s’appelait alors Louis Conte. Il avait 19 ans. A la déclaration de la guerre, il rejoint les forces spéciales britanniques et participe à l’opération Dynamo : il dira plus tard qu’il y aura manquait sa meilleure photo, son appareil ayant été pulvérisé lors d’une attaque. Colonel dans les services secrets : il devient alors John Craven. – Savage Collective * John Craven (1912-1981) dirigera trois galeries. La première ouverte en 1950 au 5 rue des Beaux-Arts, rachetée par Claude Bernard lorsque Craven part aux USA en 1963. En 1971, Arts/Contacts créée à l’initiative d’Information et Publicité, régie de RTL France, située au 31 rue du Colisée, fait appel à lui pour mener une expérience d’un lieu inédit. Le propos est de rendre plus familier l’art contemporain au grand public et à la jeunesse. En 1973, il ouvre rue de Messine, à proximité des anciennes adresses de la galerie Louis Carré, galerie Ariel et Raymond Creuze, un nouveau lieu où il monte autant d’expositions contre-point de l’art contemporain. * Galerie Berthet-Aittouarès Etablissement actuellement fermée suite au confinement John Craven Beauté terrible, une entrée dans l’enquête John Craven 14 Rue de Seine 75006 Paris https://www.galerie-ba.com/ http://www.photosaintgermain.com/editions/2020/parcours/galerie-berthet-aittouares https://savagecollective.one INFORMATIONS PRATIQUES jeu07jan(jan 7)10 h 00 minsam23(jan 23)19 h 00 minPhotoSaintGermain 2020 OrganisateurPhotoSaintGermain Détail de l'événementChaque année, au mois de novembre, PhotoSaintGermain réunit une sélection de musées, centres culturels, galeries et librairies de la rive gauche autour d’un parcours photographique. Rencontres, projections, signatures et visites Détail de l'événement Chaque année, au mois de novembre, PhotoSaintGermain réunit une sélection de musées, centres culturels, galeries et librairies de la rive gauche autour d’un parcours photographique. Rencontres, projections, signatures et visites d’atelier rythment la programmation, en regard des expositions présentées. Autant de rendez-vous qui abordent les grandes tendances de la photographie contemporaine et questionnent ses dispositifs de valorisation et de diffusion. L’année 2020 marquera les 10ans de PhotoSaintGermain. 10ans d’échanges, de rencontres, de découvertes. 10 ans de création, de soutien aux artistes comme aux lieux qui les défendent. Édition après édition, le festival a su se faire une place dans le paysage de la photographie, et accueille chaque année un nombre croissant de visiteurs. Une reconnaissance critique et un succès public qui prouvent la nécessité de son existence, au cœur d’un territoire indissociable du patrimoine intellectuel de la ville, aujourd’hui menacé par la mainmise du luxe. C’est pour tous ceux qui nous suivent et nous soutiennent que nous avons décidé de maintenir l’édition, dans une saison incertaine. – Aurélia Marcadier, Directrice PARCOURS Institutions – Académie des Beaux-Arts FLORE, L’Odeur de la nuit était celle du jasmin, Commissaire Sylvie Hugues – Maison Auguste Comte Martine Aballéa, Commissaire Pascal Beausse Centres Culturels – Atelier Néerlandais Photodok – Centre Culturel Irlandais Alan Phelan, Echos toujours plus sourds – Centre tchèque de Paris Jeune création Galeries – 31 project Kelani Abass – Galerie Berthet-Aittouarès John Craven – Galerie Chenel François Halard, Le temps des Ruines – Galerie Catherine & André Hug Terri Loewenthal – Galerie du CROUS Massao Mascaro, Jardin Jonathan Llense – Galerie Daniel Blau 3 under 30 – Galerie Eric Mouchet Blin – Hugues – Galerie Folia Eugenia Maximova, The places you called home – Galerie Gimpel & Müller Gundi Falk et Pierre Cordier – Galerie l’Inlassable Caroline Corbasson – Galerie Madé Lucile Boiron, Womb – Galerie Patrice Trigano Lucien Clergue, Commissaire Caroline Smulders – Rubis Mécénat hors-les-murs Lindokuhle Sobekwa et Cyprien Clément-Delmas, Commissaire Valérie Fougeirol -Ségolène Brossette Galerie Fabien de Chavanes, La Grande Année – Lusted Men Project Space Lusted Men – SEPTIEME Gallery Andrew Tshabangu, L’évidence des choses, Commissaire Simon Njami Librairies – Librairie des Alpes Guy le Querrec Projets PhotoSaintGermain – Bar Sasori Un projet d’Emilie Lauriola – Les bouquinistes #2 à venir Un projet de Nicolas Silberfaden Photo : Andrew Tshabangu, Rearview Mirror, 2004, © Andrew Tshabangu Dates7 (Jeudi) 10 h 00 min - 23 (Samedi) 19 h 00 min(GMT+00:00) OrganisateurPhotoSaintGermainLearn More CalendrierGoogleCal Galerie Berthet-Aittouarès29 rue de Seine 75006 Paris jeu07jan11 h 00 mindim07fev19 h 00 minLa Beauté TerribleJohn CravenGalerie Berthet-Aittouarès, 29 rue de Seine 75006 Paris OrganisateurPhotoSaintGermain Détail de l'événementJohn Craven un audacieux du futur, un visionnaire qui en 1950 décrit l’industrie, celle du pétrole, comme le «meilleur des mondes» et le plus menaçant. Une entrée dans l’enquête John Craven Détail de l'événement John Craven un audacieux du futur, un visionnaire qui en 1950 décrit l’industrie, celle du pétrole, comme le «meilleur des mondes» et le plus menaçant. Une entrée dans l’enquête John Craven La Galerie Berthet Aittouarès a invité Savage Collective à s’emparer de l’oeuvre et du personnage pour explorer l’héritage artistique de Craven. Personnage énigmatique né en 1912 à Dignes-les-Bains, photographe autodidacte et passionné, tantôt marchand d’art, tantôt curateur avant l’heure, Louis Conte, alias John Craven est un homme hors du commun, fantasque et mystérieux. Dès 1950, à l’heure d’un Pétrole tout puissant, John Craven se plonge, d’abord à Dunkerque puis à Lavéra, dans le monde des raffineries qu’il comparera à des cathédrales. Il les photographies beaucoup de nuit, captivé par les apparitions de ces sites industriels qui deviennent des leurres d’un ciel étoilé, pollution visuelle d’une simple contemplation du ciel par l’homme. Il en dresse un portrait saisissant et personnel, souvent abstrait, où l’homme est quasi insignifiant, revêtu d’un habit d’amiante, réduit à l’entretien de machines démesurées, écrasantes, subjuguantes. Fortement contrastées, ces images témoignent de manière poétique mais sans concession de l’attraction / répulsion qu’a pu ressentir le photographe face à cette industrie, comme on peut-être fasciné par le feu tout en ayant conscience du danger qu’il peut provoquer. L’ensemble exposé à la galerie Berthet-Aittouarès qui représente environ une quarantaine de photographies vintage noir et blanc, tirées par l’artiste vers 1950, nous immergent avec force dans un monde à la beauté terrible, dira Jean Giono, dans un temps où l’or noir est à son âge d’or et ses réserves infinies. L’exposition s’accompagne d’une investigation menée par Savage Collective pour tenter de s’approcher du mystère John Craven, Un homme en perpétuel mouvement, reconnu par ses contemporains pour son engagement total et ses propositions inédites. Savage a choisi de mener l’enquête car il a semblé important aujourd’hui d’apporter un prisme de lecture originale de l’oeuvre de John Craven, selon son histoire personnelle, ses fulgurances artistiques et prémonitoires, ses vastes observations photographiques sur son époque. Savage est un collectif de curateurs, spécialistes de l’image, composé de Nathalie Amae, Audrey Bazin, Matthieu Foss, Valérie Fougeirol ; Judith Peyrat. “Il nous a semblé important d’apporter aujourd’hui un prisme de lecture originale de l’oeuvre de John Craven au travers d’une enquête. Son histoire personnelle est essentielle pour l’ouverture de ce chapitre, notamment son lien avec les USA – dont dix années passées à New York ponctuées d’une entrée en guerre par l’opération Dynamo (évacuation de Dunkerque) en 1940 ; dont un reportage au long cours de treize mois à partir de 1963 à travers les USA synthétisé par un livre multi-primé «200 Millions d’Américains » ; selon ses fulgurances artistiques et prémonitoires illustrées par de vastes observations photographiques et un engagement passé au côté des artistes de son époque. Il prendra la direction de trois galeries éponymes et d’évènements telluriques telles que furent l’exposition «L’oeil écoute» en 1969 sur l’invitation de Jean Vilar pour le festival d’Avignon ou encore l’initiative du « musée des sables » à Port Barcarès. Sa rencontre avec Kerchache et sa proximité avec Pierre Loeb alimentera sa passion pour le « face à face Arts primitifs -Arts d’aujourd’hui ». Ensemble de 40 photographies noir et blanc Tirages d’époque DatesJanvier 7 (Jeudi) 11 h 00 min - Février 7 (Dimanche) 19 h 00 min(GMT+00:00) LieuGalerie Berthet-Aittouarès29 rue de Seine 75006 Paris OrganisateurPhotoSaintGermainLearn More Galerie Berthet-Aittouarès29 rue de Seine 75006 ParisHoraires : Ouvert du Mardi au Samedi de 11h00 à 13h00 et de 14h30 à 19h00. Ouvert jusqu’à 21h le 1er jeudi du mois Get Directions CalendrierGoogleCal Favori1
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