L'Invité·e

Le photographe Corentin Fohlen est notre invité !

Temps de lecture estimé : 7mins

Pour cette nouvelle semaine dans 9 Lives magazine, nous accueillons le trublions Corentin Fohlen. Sa série « Mon oncle (…est un génie) » est actuellement présentée dans le cadre du festival L’Œil Urbain à Corbeil-Essonnes, visible jusqu’au 4 juillet prochain. Cette semaine sera l’occasion, pour notre invité, d’autopsier le métier de photojournaliste mais aussi de nous dévoiler sa récente série…

Corentin Fohlen né subitement et sans raison apparente en 1981 à Quimper. Sans pour autant naitre breton, il suit ses parents par monts et par vaux et découvre les prémices du plaisir du voyage en vivant 3 ans à Tahiti. Quelques années plus tard son amour inconditionnel pour Haïti viendra peut être d’un problème d’orthophonie.

Tout petit déjà l’image fit parti de son environnement. Il sut voir avant de lire, et la Bande Dessinée participa à son éducation. Adolescent il gribouille des caricatures sur les pages de ses cahiers et ne parvient ainsi pas à retenir le théorème de Pythagore. Malgré cela il obtient son bac avec 20/20 en art plastique ! Passe alors trois années à Bruxelles en école d’illustration et BD. Il en sort fou passionné pour la photographie. Allez comprendre…

Installé à Paris, il vit sous les toits chichement comme le veut la tradition des jeunes artistes en herbe. Alternant boulot alimentaire à la Fnac Service (où il en profite pour passer toutes ses pelloches à développer gratuitement et en vole un certain nombre afin de pouvoir continuer sa passion (ça reste entre nous…) il finit par démissionner et quitter son logement pour s’installer deux semaines entre deux étagères de diapositives dans les couloirs des locaux de l’agence Wostok Press. Agence photos qui le diffuse et lui permet ainsi de débuter dans l’univers du photojournalisme. A cette époque il baigne dans le fantasme de l’image d’Epinal des reporters durant la guerre du Vietnam. La réalité est tout autre: il couvre alors manifestations de sans-papier, conférence de presse d’un obscur secrétaire d’Etat, meetings politiques… Courant les rues de Paris, il apprend le métier dans une boulimie énergique incontrôlable.
Puis viennent les premiers voyages, premiers conflits, premières commandes, premiers prix, premières expos, premiers livres…
Une passion pour Haïti débute en 2010 à la découverte des conséquences du séisme. Au delà de l’horreur de la catastrophe, il découvre le drame d’un pays raconté par le seul prisme de la misère et la violence. Premières réflexions sur la perversion de la sur-médiatisation et remise en question de son travail de photojournaliste. Il s’engage dans un travail documentaire de fond pour explorer une autre facette du pays et donner à voir la face cachée de ce bout d’île.

Insatisfait chronique, instinctif dans la vie mais laborieux compositeur dans ses images, adepte de l’absurde et de la délicate provocation – notamment dans des séries plus artistiquement foutraque comme « Lardon 1er » ou « Mon Oncle » (publiés aux éditions PhotoPaper) et surtout dans le duo EPECTASE réalisé un temps avec le réalisateur Jérôme Clément Wilz – mais néanmoins engagées comme tout l’ensemble de son travail.

Depuis il gagne sa vie en répondant à des interviews chèrement monnayées telle que celle de 9 Lives magazine qui lui assure ainsi une rentabilité sur le long terme.

Le portrait chinois de Corentin Fohlen

Si j’étais une œuvre d’art : « La Liberté guidant le peuple » d’Eugène Delacroix.
Tout est là: la composition, l’engagement, la liberté, le féminisme, la révolte, la vie, la mort…
Si j’étais un musée ou une galerie : le Musée des photos que l’on a pas réussi à faire. Celles qui vous ont échappé pour mille raisons. Les plus fortes très certainement. Une sorte de musée de la frustration des photographes ! La collection serait immense, mais une vraie niche pour y trouver des perles.
Si j’étais un (autre) artiste : Jimi Hendrix. Rien à faire, depuis mon adolescence je reste subjugué par le charisme de ce génie de la guitare et de la scène. Je ne suis pas fan, j’aurai juste rêvé être lui. En toute modestie bien évidemment.
Si j’étais un livre : j’aurai pu choisir un ouvrage d’un intellectuel Finlandais ou Guatémaltèque hyper classe pour faire genre-je-me-la-pète-je-lis-des-sacrés-bouquins-que-personne-n’a-lu, mais en fait je vais rester sur un genre littéraire: la Biographie.
Rien ne me passionne plus que la vie des gens.
Le début de la définition d’un journaliste je crois.
Si j’étais un film : Apocalypse now. Pour la musique, le thème de la guerre du Vietnam, la folie si bien décrite des Hommes, les plans de dingues et les dialogues devenus mythiques.
Si j’étais un morceau de musique : Interstellar Overdrive des Pink Floyd. LA base de la musique psychédélique. Brute, acide, violente, douce, saturée, improvisée….
Si j’étais un photo accrochée sur un mur : la photo présidentielle accrochée dans tous les bâtiments administratifs de France. Cela voudra dire que j’ai réussi soit comme photographe, soit comme homme politique, ou qu’au contraire j’ai raté ma carrière pour en arriver là … mais au moins je pourrais écouter les dessous de la politique !
Si j’étais une citation :  « Tout vrai regard est un désir » de Alfred de Musset. (Bon comme tout le monde j’ai tapé dans Google « citations célèbres » afin d’en trouver une qui claque. )
Si j’étais un sentiment : la Liberté. Il n’y a pas plus beau sentiment que de se sentir réellement libre. Et j’admire ceux qui se battent pour
Si j’étais un objet : Un agenda.
Rempli de préférence.
Je déteste m’ennuyer
Si j’étais une expo : Le catalogue d’expo !
Je préfère toujours le catalogue d’une exposition à l’exposition photo elle-même. L’essence même d’une photographie est d’être publiée en livre, magazine, affiche, tract, réseaux sociaux… Dans une expo, je reste toujours deux fois plus de temps dans la librairie disponible en fin de parcours, que dans les salles d’expo elles-mêmes.
Souvent l’exposition met la photo, le photographe et le spectateur dans le formol. Je n’ai jamais compris le silence monacale que l’on trouve dans les galeries ou les musées. Quelle déprime !
Le livre, lui, fait vivre les images. Il leur rend leur âme ! (le mec n’exagère à peine…)
(donc là je me mets une partie de la profession à dos, mon galeriste en premier.
…Didier je t’aime ! Pardon …)
Si j’étais un lieu d’inspiration : le métro. Durant mes premières années parisiennes, je faisais tout en métro. Cela me manque car j’en profitais pour y photographier le quotidien. C’est une formidable école d’apprentissage de la photographie et du rapport aux autres : sortir son appareil, le diriger vers une personne à quelques centimètres ou mètres de lui, déclencher. Rapidité, efficacité, discrétion.
Si j’étais un breuvage : le rhum haïtien Boukman. C’est un ami qui l’a créé. La bouteille est un chef d’oeuvre, le nectar est un délice.
Si j’étais un héros : le Chevalier Blanc ( dans le film « Vous n’aurez pas l’Alsace et la Lorraine »). Gérard Lanvin y est ridicule … comme tous les héros
Si j’étais un vêtement : la nudité

CARTES BLANCHES DE NOTRE INVITÉ

Carte blanche à Corentin Fohlen : Le rôle de l’engagement (mardi 22 juin 2021)
Carte blanche à Corentin Fohlen : L’avenir du métier de photojournaliste (mercredi 23 juin 2021)
Carte blanche à Corentin Fohlen : Le juteux business de la photographie (jeudi 24 juin 2021)
Carte blanche à Corentin Fohlen : Home street home (vendredi 26 juin 2021)
INFORMATIONS PRATIQUES

jeu27mai(mai 27)10 h 00 mindim04jul(jul 4)19 h 00 minL'Œil Urbain 2021 OrganisateurL'Oeil Urbain

A LIRE :
Rencontre avec Corentin Fohlen à l’occasion de la sortie de son livre « Mon oncle est un génie »
La Comète : Rencontre avec le photographe Corentin Fohlen
Sortie du Livre « Haiti » de Corentin Fohlen
KARNAVAL de Corentin Folhen, à la Galerie L’Angle Photographie, Hendaye

La Rédaction
9 Lives magazine vous accompagne au quotidien dans le monde de la photographie et de l'Image.

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