Pour sa troisième carte blanche, notre invitée de la semaine, Adélie de Ipanema, la directrice de Polka, a choisi de revenir sur le cliché Le baiser du Carillon, réalisé par la photographe Laurence Geai (agence MYOP) en janvier 2016. « Chaque photo a son histoire », telle est la baseline du magazine Polka, c’est en poursuivant cette ambition de décryptage de notre société que l’on revient sur cette image, symbole d’engagement. Elle fait la couverture du numéro #33 du début d’année 2016, cent jours après les attentats effroyables qui ont frappé Paris et dont nous venons de commémorer le 10ᵉ anniversaire.

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Cette image de Laurence Geai dit tout de ce que Polka défend depuis sa création. Plus qu’une galerie, plus qu’un magazine, Polka est né du désir de parler photographie, mais aussi engagement, humanité et monde contemporain. Cette photographie en est l’un des symboles les plus forts.

Prise en janvier 2016, au Carillon, quelques semaines après les attentats du 13 novembre 2015, elle montre un couple attablé près de la vitre qui s’embrasse. Là même où les balles avaient frappé, faisant seize morts aux terrasses du Carillon et du Petit Cambodge. Un geste simple, presque banal. Et pourtant, une image immense. Elle fera la couverture de Polka en avril 2016. Une couverture qui m’a profondément marquée.

Le baiser du Carillon. Janvier 2016 © Laurence Geai pour Polka Magazine.

Le Carillon n’est pas très loin de la galerie. J’ai même vécu au-dessus pendant plusieurs années. Ce quartier, c’est le nôtre. Ce soir-là, le 13 novembre, j’ai quitté Polka vers 21h10, juste avant que Paris ne bascule. Certains membres de l’équipe sont restés bloqués toute la nuit à la galerie. Nous avons eu de la chance. Mais comme tout le monde, nous avons été durablement bouleversés.

Laurence Geai est allée photographier, en commande pour Polka, la reconstruction des quartiers touchés. Elle cherchait une image forte, capable de raconter comment la vie allait, malgré tout, reprendre. Ce couple, ce baiser, ce moment suspendu dans le froid de janvier sont devenus cette image. Rien n’y est posé. Tout y est vrai. La vie, plus forte que la peur.

Revoir cette photographie aujourd’hui, c’est se souvenir de la violence, bien sûr. Mais surtout de ce qui résiste. De ce qui tient. De ce qui continue. C’est cela, la force de Paris. Et c’est aussi, profondément, ce que Polka défend.

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La Rédaction
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