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Retour sur le Parlement de la Photo 2024 : Carte blanche aux Etats généraux de la Photographie (1ère partie)

Temps de lecture estimé : 5mins

Pierre Ciot © Martin Chang SIPA PRESS

La 5ème édition du Parlement de la Photographie sur la thématique « Penser ensemble le futur de la Photographie » s’est déroulée au Palais de Tokyo à Paris les 5 et 6 juin derniers. Au cours de l’été, le ministère de la Culture a publié les rediffusions des différentes tables rondes. Chaque jour, nous partagerons avec vous les échanges et débats qui ont eu lieu. Aujourd’hui, retour sur la carte blanche laissée aux membres des Etats Généraux dans le but d’améliorer le développement du secteur et de stimuler son rayonnement. Voici la première partie autour des questions de la juste rémunération.

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Les Etats généraux de la Photographie ont choisi de mettre en avant deux axes forts issus des ateliers thématiques et de leur restitution organisée en mars dernier (dont le rapport a été rendu public).

La sociologue Gabrielle Lavenir anime ces discussions autour de la rémunération des photographes et la création d’un espace hybride, physique et virtuel, au nom évocateur de Maison de la photographie.

La juste rémunération ou vivre de la photographie

Pour entamer cette première partie sur la rémunération, Justine Bras, juriste à l’ADAGP revient sur les principes fondamentaux du droit d’auteur, parmi eux, l’obligation de rémunérer les photographes. Un principe qui ne peut être aménagé ni dérogé. Lorsqu’une cession de droit est éditée, la vigilance est de mise pour éviter les demandes abusives et assurer une juste rémunération proportionnée. Justine Bras rappelle que les photographes doivent être rémunérés pour leur création mais aussi au titre du droit d’auteur, ce dernier étant souvent oublié.

Les photojournalistes disparaissent à en juger par le nombre de carte de presse délivrées en 2023 : 277 cartes de presse contre 1500 il y a plus de vingt ans pour les photographes. Pierre Ciot.

L’état des lieux de la situation est inquiétant, Pierre Ciot, vice-Président de la Saif alerte sur la réalité : en France, la loi sur le droit d’auteur est peu respectée entrainant une paupérisation des photographes. Avec ce triste constat que les photographes arrivent de moins en moins à vivre de leur activité. L’étude du CLAP sur la rémunération des photographes publiée en janvier dernier le démontre bien. La majorité des photographes peinent à percevoir 10 000 € de revenus par an. Tous les secteurs sont impactés, en presse, les photojournalistes disparaissent à en juger par le nombre de carte de presse délivrées en 2023 : 277 cartes de presse contre 1500 il y a plus de vingt ans pour les photographes.

Valérie Paumelle, agent de photographes et vice-Présidente des Agents Associés constate une asymétrie entre les commanditaires et les photographes, les délais sont de plus en plus courts, les conditions sont de plus en plus difficiles avec des tarifs qui s’effondrent. Elle note également une dégradation du respect des droits d’auteur avec des contrats qui sont à la limite de la légalité. Face à ces constats, il se pose une réelle nécessité à mener une sensibilisation et une éducation pour un meilleur respect du droit d’auteur.

Il est important de rémunérer le temps de création. Dominique Sagot-Duvauroux

Dominique Sagot-Duvauroux, économiste et professeur à l’Université d’Angers, préconise de pouvoir rémunérer le temps de création. Il rappelle qu’en 2023, la consommation touristique en France s’élevait à 140 milliards d’euros, un tourisme qui est principalement motivé par des raisons culturelles, il serait donc logique qu’une partie de cette économie puisse revenir aux artistes. Ainsi, le professeur propose une allocation recherche qui permettrait de soutenir une grande partie du travail effectuée en amont, part invisible et pourtant essentielle de la création et rarement rémunérée (estimée à 25 % en moyenne du temps de travail). Aujourd’hui, toutes les aides sont conditionnées à des choix esthétiques, or, cette allocation de recherche s’adresserait à tous les artistes correspondant aux critères de professionnalisation et pourrait s’élever à environ 300 € par mois (montant basé sur un revenu médian de 16 000 €/an). Une mesure estimée à 160 millions d’euros et qui pourrait, selon Dominique Sagot-Duvauroux, être facilement financée en taxant les secteurs du tourisme, mais aussi de l’immobilier par exemple…

➔ Avec : Avec Justine Bras, juriste à l’ADAGP — Pierre Ciot, photographe, vice-Président de la SAIF — Valérie Paumelle, agent de photographes, vice-Présidente des Agents Associés — Dominique Sagot-Duvauroux, économiste, professeur émérite à l’Université d’Angers — Sabrina Ponti, agent de photographe, co-Présidente des Filles de la Photo — Raphaële Bertho, maîtresse de conférences en Arts, membre des Filles de la Photo — Jordan Alves, éditeur et co-directeur Atelier EXB (Paris), membre de France PhotoBook — Stéphanie de Roquefeuil, directrice des affaires publiques et juridiques de l’Union des Photographes Professionnels — Véronique Bourlon, chargée de mission La Turbine des Écritures / Directrice de l’action culturelle, Scam.
➔ Modération : Gabrielle Lavenir, sociologue.

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Ericka Weidmann
Après des études d'Arts Appliqués et de photographie, elle rejoint un magazine en ligne consacré à la photo en tant que directeur artistique, poste qu'elle occupera pendant 10 ans. En 2010, elle s'installe comme DA en indépendant. En parallèle, elle devient responsable éditorial pour Le Journal de la Photographie et c'est en septembre 2013 qu'elle co-fonde le quotidien L’Oeil de la Photographie pour lequel elle est rédactrice en chef jusqu'en septembre 2016 avant de fonder 9 Lives magazine ! Ericka Weidmann est également journaliste pigiste pour d'autres médias.

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