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Rencontre avec François Hébel, l’homme orchestre du Mois de la Photo Grand Paris

Temps de lecture estimé : 6mins

Si le Mois de la photo a formidablement accompagné les mutations du médium depuis plus de 30 ans, il prend un tournant décisif cette année avec l’élargissement au territoire du Grand Paris. Au total 32 communes sont impliquées et 96 expositions proposées. François Hébel à l’origine de cette décision est l’homme orchestre du changement. Il a répondu à nos questions.

« L’intérêt de ce festival ce sont toutes les énergies additionnées du centre et de sa périphérie, sans frontière apparente »

9 lives : Les lieux dédiés à la photographie se multiplient, est ce une évolution favorable pour le médium d’abord, pour les auteurs et les acteurs? Y a-t-il un risque d’uniformisation ou de banalisation du médium?

François Hébel : Si les pratiques se diversifient le risque de banalisation existe, cependant pas de façon systématique.
Si on prend l’exemple du festival des Rencontres Arles que j’ai dirigé, sa vocation première était de faire reconnaître la photographie dans des institutions où elle n’avait pas sa place. Le festival a ainsi permis la création d’un poste d’inspecteur général pour la photographie au Ministère de la culture. Et grâce au génie et à l’activisme de Jean-Luc Monterosso les institutions de la Ville de Paris se sont unies pour donner naissance au Mois de la Photo, dans la foulée Robert Delpire et Jack Lang ont créé le Centre national de la photographie au Palais de Tokyo à l’époque puis transféré au Jeu de Paume à présent.

Nous sommes très gâtés et nous ne réalisons pas assez le chemin parcouru en 35 ans, la France étant regardée comme un pays avec une abondance de lieux dédiés à la photographie. Cette abondance a eu l’effet de susciter un appétit photographique encore plus grand chez le public et les opérateurs culturels quelle que soit leur nature. Des châteaux se sont mis à inviter des photographes en résidence et à exposer, des centres d’art ont alterné la photographie et les arts plastiques…

Il se trouve que parallèlement, la photographie évolue énormément et de deux façons : dans la pratique d’abord, comme quand j’ai montré la couleur pour la première fois à Arles ou le vernaculaire au début des années 2000, désormais totalement acquis, le numérique et les nouvelles techniques étant disponibles.

Et dans l’expertise ensuite, qui se développe aussi souvent de façon heureuse en suscitant l’ouverture de nouveaux lieux à la photographie, parfois moins, comme cela s’est passé dans l’histoire de l’art en général.

Cette professionnalisation des acteurs de la photographie s’accompagne de nouveaux centres d’ intérêt comme la révélation de fonds, au Centre National de la Danse à Pantin par exemple qui s’attaque au classement de plus de 200 000 clichés ou aux Archives nationales qui ressortent un fonds exceptionnel de cartes postales, également au programme.
Quant au public c’est à la fois une chance et une confusion, comme par exemple ce qui se passe sur les Grilles du Luxembourg depuis 15 ans, remarquablement mis en scène mais consternant.
 
M : Comment vous est venu l’idée d’étendre le Mois de la Photo au Grand Paris, les différents territoires n’ayant pas les mêmes objectifs et ne répondant pas aux mêmes enjeux ?

F. H. : Lorsque Jean-Luc Monterosso m’a demandé d’être le directeur artistique au lieu des trois experts habituels autour d’un seul thème, je lui ai proposé de supprimer la thématique unique et que l’on franchisse un pas symbolique fort en élargissant au territoire du Grand Paris où vivent 18% des français. J’ai commencé alors à recenser un certain nombre de centres, collectivités et lieux patrimoniaux qui par capillarité en ont entrainé d’autres.

M : Comment ont été sélectionnés les projets et le programme s’est-il construit ?

F. H. : Je me suis interdit d’être juge et parti en créant des expositions.
J’ai joué mon rôle de sélection avec à chaque fois de belles surprises mais restant face à l’inconnu de ce qui ressortirait de ce pêle-mêle. Nous avons dû limiter les projets dans Paris et décidé de déplacer l’édition au printemps, plus propice aux balades.
Un programme s’est très vite dessiné, mais il fallait l’ordonner : le premier critère étant l’ordre de la visite et le second l’ordre du catalogue. L’ordre de la visite s’inscrit sur un dépliant au format carte IGN. Sur le plan, on dispose de codes couleurs différents selon les trois quartiers inventés pour l’occasion un découpage par zones géographiques : Nord/EstSud/Ouest et Diagonale qui correspondent également à des week-end d’ouverture, dits intenses permettant de fédérer un certain nombre d’événements. Nous sommes d’ailleurs en train de mettre en place un système de lignes de bus autour de ces week-ends pour faciliter la mobilité et la convivialité des trajets.
Le second support est un catalogue, mon terrain de jeu en quelque sorte, avec une grille de lecture à définir autour de ces 96 propositions. Je l’ai créé en 4 parties organisées chronologiquement : le portrait du XIXème siècle à JR, les paysages de l’après-guerre jusqu’à aujourd’hui, la photographie de rue et les nouvelles pratiques liées au médium de la manipulation à l’abstraction avec notamment les écoles (St Denis ou Cergy Pontoise).
Dans chacune des parties vous trouverez : un portfolio, un court extrait de texte, la localisation et la présentation du commissaire d’exposition.

M : A partir de quel stade estimerez vous que cette édition nouvelle formule est une réussite ?

F. H. : Avec Jean-Luc Monterosso, nous avons répondu de deux manières à cette problématique de l’analyse de l’intérêt suscité. Le premier critère est esthétique et subjectif. Le critère du chiffrage, est relativement difficile car ces lieux sont gratuits la plupart du temps et l’on ne peut assurer la traçabilité réelle des visites.
Les retombées nous viendront des lieux principalement qui évalueront une hausse ou non de visiteurs. La réception du public sera aussi favorisée par la médiation sur place, qui existe déjà la plupart du temps, ces lieux développant des actions multiples

Mais tout cela reste une première, nous sommes face à un inconnu !

INFORMATIONS PRATIQUES
Le Mois de la Photo du Grand Paris
http://moisdelaphotodugrandparis.com
• Week-End Intense Nord-Est : Les 8 et 9 avril 2017
• Week-End Intense Sud/Ouest : les 22 et 23 avril 2017
• Week-End Intense Diagonale : les 29 et 30 avril 2017
https://www.facebook.com/moisdelaphotograndparis/
https://twitter.com/MoisdelaPhotoGP
https://www.instagram.com/moisphotograndparis2017/


UNE APPLICATION GEOLOCALISEE

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Pour vous guider dans la programmation du Mois de la Photo du Grand Paris, 9 lives met à disposition son application qui géolocalise les événements et les lieux du Mois de la Photo (entre autre), retrouvez les fiches des expositions, des galeries et des artistes !
Vous pouvez la télécharger dès à présent, elle est gratuite !
https://itunes.apple.com/fr/app/mowwgli/id1184953498?mt=8

Marie-Elisabeth De La Fresnaye
Après une formation en littérature et histoire de l'art, Marie de la Fresnaye intègre le marché de l'art à Drouot et se lance dans l'événementiel. En parallèle à plusieurs années en entreprise dans le domaine de la communication éditoriale, elle créé son blog pour partager au plus grand nombre sa passion et expertise du monde de l'art contemporain et participe au lancement du magazine Artaïssime.

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