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96 months : carnet intime de Julien Mignot

Temps de lecture estimé : 3mins

La galerie intervalle accueille depuis le mois de novembre dernier, le travail personnel de Julien Mignot, des images du quotidien qu’il a réalisé entre 2008 et 2016, des instants fugaces captés à travers la lentille de son appareil. Huit ans durant, le photographe Julien a volé des images au temps qui passe en sélectionnant dans son journal une photographie, un texte et un morceau de l’immense discographie qui a rythmé la période. L’exposition rassemble une sélection de tirages fresson en couleur et en noir et blanc.

96 months une exposition intime et sensorielle à voir absolument !

« Vermeer peint vers 1668 Le Géographe. Julien Mignot ne ressemble aucunement au sujet du tableau, un homme attablé à sa table de travail, décati et gagné par le temps, mais étonnamment, il m’y a toujours fait penser. J’ai compris plus tard pourquoi. Julien a étudié la géographie avant de découvrir qu’il deviendrait photographe. En réalité, je crois qu’il n’a pas vraiment déserté les territoires de cette discipline. Ces territoires sont devenus sensibles, incarnés mais c’est toujours la terre, ses paysages et les humains qui les arpentent qu’il continue à sonder. La méthode a changé. La tonalité et la musique aussi, mais la partition est toujours la même, où vacillements du monde et ondes sismiques déploient cette fois une carte intime. La sienne, faite de lignes simples, reliées par des points personnels, comme dans ce jeu d’enfant où il faut suivre les numéros qui se succèdent, pour dessiner une forme fragile. Montagnes rougies par le soleil sur le déclin, vallons perdus et coincés dans l’inconnu, chemins vicinaux refroidis par la neige, routes brunes vers l’infini… Le géographe a muté, s’est doté de couleurs et a repeint le monde. Pas d’instant décisif, surtout pas. Mais une narration singulière où se projeter. L’image n’est pas prise dans sa toile, proie d’une araignée qui l’y aurait jeté, au contraire elle vit encore. Regardez les pieds de cette fille endormie, ils vont bouger, elle va se réveiller. Il n’y a aucune concordance des temps à trouver dans cette écriture photographique profondément actuelle. Les images de Julien Mignot « présentent » un monde, plutôt que l’ « enregistrent ». Lui rendent sa présence. Ce couple, impudique et heureux continue de s’embrasser devant nous. Comment, alors qu’il fait jour lorsque que je la guette, cette femme de dos, peut-elle scruter le noir de la nuit, cape jetée à l’aveugle sur la campagne ? Rarement, aura-t-on vu autant image en train de se faire. Se tramer sous nos yeux, s’écrire à notre vue. Celle-ci se tisse à mesure que notre regard se pose sur elle et bannit dès lors toute possibilité d’être retenue captive dans le passé. Ni araignée, ni toile, l’image vit encore, chasseuse de mort, créant ex nihilo le cadre toujours vivant de sa vie intérieure. »
– Léa Chauvel-Lévy, critique d’art et directrice artistique

INFORMATIONS PRATIQUES
96 months
Julien Mignot
Du 10 novembre 2017 au 10 février 2018
Galerie Intervalle
12, rue Jouye Rouve
75020 paris
contact@galerie-intervalle.com
http://www.galerie-intervalle.com
http://www.julienmignot.com

La Rédaction
9 Lives magazine vous accompagne au quotidien dans le monde de la photographie et de l'Image.

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