OtherSide

Rencontre avec Daniel et Florence Guerlain, 11ème Prix de dessin

Temps de lecture estimé : 5mins

A l’occasion du Prix de dessin de la Fondation d’art contemporain dont ils sont à l’origine, Daniel et Florence Guerlain reviennent sur leur motivation à créer un Prix en faveur de ce medium et nous dévoilent les trois plasticiennes européennes nominées pour cette 11ème édition. Un engagement constant et inédit à l’international qui s’est matérialisé pour le grand public, en 2012 par une importante donation au Centre Pompidou et qu’ils comptent bien poursuivre. Morceaux choisis à quelques jours de l’annonce de la lauréate dans le cadre de l’élégant et indétrônable salon du dessin, Palais Brongniart.

Trois femmes aux trois univers très différents, Mamma ANDERSSON, née en 1962 à Lulea (Suède) Leiko IKEMURA, née en 1951 à Tsu (Japon) Juul KRAIJER, née en 1970 à Assen (Pays-Bas) offrent un panorama singulier autour des questions de genre, du corps et de sa projection, du paysage, des défis écologiques, à partir d’inspirations cinématographiques, littéraires, sociales et politiques ou plus autobiographiques.

Le nom de la lauréate a été annoncé ce jour, il s’agit de Mamma ANDERSSON. Elle reçoit un prix de 15 000 euros, tandis que chacune des deux autres artistes recevra une dotation de 5 000 euros. Une oeuvre de la lauréate sera offerte par la Fondation à une institution française.

9 lives : Trois plasticiennes finalistes pour le 11ème Prix Guerlain, vous avez souvent été fidèles aux femmes, hasard ou nécessité ?

Florence Guerlain : Pas une volonté de mettre en avant la femme car selon moi ce sujet de la différenciation l’affaiblit.
Ce résultat est plutôt le fruit d’un processus de décision collectif et impartial entre le comité de sélection constitué de 6 experts et le jury international. C’est toujours la qualité de l’œuvre qui prime.
Mamma Andersson dont le mari Jockum Nordström a été lauréat en 2015, délivre cette beauté sombre que l’on retrouve dans les peintures des pays du Nord de l’Europe où nous avons voyagé.  Une forme de sérénité se dégage de son œuvre.
Leiko Ikemura qui fait partie de la collection et de la donation de 2012, même si elle n’habite plus le Japon, laisse transparaitre un ressenti subtil issu de cette double appartenance,
Juul Kraijer développe comme une fantasmagorie de formes à partir d’un dessin plus académique enrichi des mythes antiques.

9 lives : Avez-vous remarqué des évolutions parmi les lauréats primés pour le Prix ?

F. G. : Les artistes que nous sélectionnons sont sans prétention les meilleurs et l’on considère que chacun des trois nominés peut être potentiellement lauréat.

En terme d’évolution de nos lauréats, elle se fait assez lentement comme chez notre première lauréate Silvia Bachli qui avec rigueur introduit à présent de la couleur ou Marcel Van Eeden qui se lance actuellement dans les grands formats mais autour des mêmes histoires, alors que Dove Allouche lui de façon plus radicale, a complètement renoncé au dessin.

9 lives : Vous avez fait donation au Centre Pompidou d’une importante partie de votre collection, au moment des 10 ans de votre Prix en 2012, y a t-il eu un avant et un après ?

F. G. : Avant le prix nous achetions du dessin de toute façon sans spécifiquement nous déplacer dans les ateliers. Avec le Prix nous partons d’une présélection d’une vingtaine de dossiers pour ne retenir que 7 artistes que nous allons rencontrer, en Europe pour l’instant étant une commission de 6 membres les voyages plus lointains compliqués, même si notre spectre géographique s’élargit à chaque fois.

Daniel Guerlain : Une date symbolique mais nous continuons plus que jamais.

F. G. : Un bilan certes mais pas un arrêt ! Au contraire.

9 lives : Qu’est-ce que collectionner à deux implique ?

F. G. : Le verbe impliquer a une connotation un peu négative alors que collectionner à deux est un vrai bonheur car il est très amusant d’être séduit ensemble par une œuvre et l’acheter ou d’en acheter deux si nous n’arrivons pas à nous décider !

D. G. : Nous avons tout fait ensemble et dès le départ avec la fondation.

9 lives : Le dessin contemporain a pris une grande place récemment avec l’émergence de foires et autres événements moteurs dont le vôtre, comment comptez-vous poursuivre vos nombreux engagements en ce sens ?

F. G. : Etre nous-mêmes, poursuivre notre travail de recherche d’artistes pour les Prix à venir et porter le maximum d’artistes à la connaissance du plus grand nombre de personnes pour les amener à acheter ou simplement apprécier les artistes que nous sélectionnons.

D. G. :  Nous avons participé au renouveau du dessin, pris de vitesse pendant les années 1970-80 par l’essor de la vidéo alors qu’ aujourd’hui le dessin n’a plus à faire ses preuves ayant acquis le statut d’œuvre en soi. Comme sur le marché de l’ancien où les dessins d’étude sont devenus des œuvres à part entière

F. G. : Pour la première fois le Prix de dessin va voyager cet automne à la demande du musée Wilhelm Hack de Ludwigshafen (Allemagne) et nous souhaitons que ce projet se renouvelle.

D. G. : Quant à la donation n’étant plus la nôtre nous en sommes à présent les ambassadeurs, c’est pourquoi nous revenons de Moscou, une exposition étant en prévision au musée Pouchkine en 2020. Avant elle sera présentée à l’Albertina de Vienne en octobre 2019.

INFOS PRATIQUES :
11ème prix de dessin Fondation d’art contemporain Daniel et Florence Guerlain
Exposition des œuvres des 3 artistes nominées
jusqu’au 26 mars 2018
Salon du dessin
Place de la Bourse
75002 Paris
https://www.fondationdfguerlain.com/
https://www.salondudessin.com

Marie-Elisabeth De La Fresnaye
Après une formation en littérature et histoire de l'art, Marie de la Fresnaye intègre le marché de l'art à Drouot et se lance dans l'événementiel. En parallèle à plusieurs années en entreprise dans le domaine de la communication éditoriale, elle créé son blog pour partager au plus grand nombre sa passion et expertise du monde de l'art contemporain et participe au lancement du magazine Artaïssime.

You may also like

En voir plus dans OtherSide