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L'Invité·ePhoto Yves Bigot, donne carte blanche à Alain Keler Photographier n’est plus un long fleuve tranquille… La Rédaction15 novembre 2018 Partager Partager Temps de lecture estimé : 3minsAujourd’hui, notre invité de la semaine, l’éditeur Yves Bigot, a tenu à offrir au photographe Alain Keler, une carte blanche. Tous deux viennent de sortir la monographie « Journal d’un Photographe« . Nous partageons donc avec vous sa tribune sur le droit à l’image ! Photographier n’est plus un long fleuve tranquille… D’ailleurs est-ce que ça l’a jamais été ? La photographie est une cartographie de notre monde, de ses mœurs, de la vie. Il en a été toujours été ainsi depuis que la photographie existe. Avant, pour reproduire le monde il y avait la peinture (elle est heureusement toujours là), la sculpture. Les hommes des cavernes dessinaient sur les murs des grottes les scènes de vie qui les accompagnaient. Je ne vais pas faire une leçon d’histoire de l’art, je n’en serais pas capable. Mais la photographie je connais… Aujourd’hui, alors que notre nouveau monde se branche de plus en plus sur les tuyaux internetiens avec des câbles qui traversent au plus profond les océans, et que jamais autant d’images n’ont circulé aussi librement et permettant aussi à des peuples éloignés de se rencontrer, au moins virtuellement, la vie se complique chaque jour pour les photographes que nous sommes. Je parle des professionnels. À ma connaissance, en France, il n’existe aucun texte de loi décrétant qu’il est interdit de photographier dans la rue. Pourtant dans l’imaginaire de certains de nos compatriotes on n’a pas le droit de photographier. On vous le dit sans gène : « vous n’avez pas le droit de photographier ». Un embarcadère vide de monde, mais on vous dit que d’habitude il y a des drogués. Et même s’ils étaient là, il me semble que la police est faite par la police, non par un quidam même s’il porte un uniforme pour son travail de gardien. Un groupe faisant de la gymnastique dans un square parisien, lieu ouvert par excellence. Il faut bien qu’une personne chante cette rengaine désagréable : vous n’avez pas le droit de photographier. Pourquoi ? Je vous le demande. Les exemples se comptent par dizaines pour un photographe, donc par milliers pour les photographes en général. Grande manifestation au cœur de paris, je ne citerai pas son nom car rien qu’à l’énoncé de ce souvenir ma respiration s’affole, et je dois être m’assurer que le flacon de ventoline est à proximité : pas de photo. Pas de photo. Pas de photo. Mais qui êtes vous pour m’interdire de faire des photos sur la plus grande place de Paris ? Toujours pas d’uniforme attribuant à ces individus une autorité certaine sur les citoyens photographes, ou pas. D’ailleurs une directive du ministère de l’intérieur destinée à ses troupes de policiers, CRS etc.… précise que les policiers ne bénéficient pas de protection particulière en matière de droit à l’image, hormis certains services comme la lutte anti-terroriste, le contre-espionnage et certaines autres unités. « La liberté de l’information, qu’elle soit le fait de la presse ou d’un simple particulier, prime le droit au respect de l’image ou de la vie privée dès lors que cette liberté n’est pas dévoyée par une atteinte à la dignité de la personne ou au secret de l’enquête ou de l’instruction ». La notion de droit à l’image a été dévoyée par un nombre de plus en plus important de citoyens qui confondent le public et le privé, l’extérieur et l’intérieur. Et qui ne comprennent rien à notre noble profession. La photographie est la mémoire visuelle du monde. Protégeons là. Respectons les photographes, mais respectons aussi la dignité de ceux que l’on photographie. Vive la République, Vive la France ! Et Vive la photo libre ! Marque-page2
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