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Art Paris 2019, Femmes on vous aime !

Temps de lecture estimé : 8mins

Guillaume Piens lors de l’entretien qu’il nous avait accordé le 25 février, nous l’avait promis, ce cru Art Paris 2019 serait décisif ! Et en effet les 150 galeries, dont certaines très affutées font le pari conjoint avec la Fiac : Thomas Bernard (interview à venir), Praz Delavallade, Art Concept, Jérôme Poggi et parmi les 64 étrangères les valeurs sûres que sont Filomena Suarez de Lisbonne et La Patinoire Royale de Bruxelles, affichent une montée en gamme.
Notons également les 46 solo show qui offrent une meilleure lisibilité et un parti prix éditorial plus exigent.

L’étendard féminin très engagé de Camille Morineau, fondatrice d’AWARE (25 focus) et la scène d’Amérique latine (58 artistes) plus portée par des enseignes mondialisées (Europe, Corée, Chine) offre de vraies découvertes ou redécouvertes comme ces artistes oubliées de la grande histoire : Véra Molnar (solo show chez Oniris Rennes), Geneviève Claisse (A&R Fleury,Wagner), Anna Eva Bergman, femme de Hans Hartung présentée par Poggi ou à une autre génération, Alicia Penalba proche de Zadkine (Jean Marc Lelouch) ou Marinette Cueco (Univer), épouse d’Henri, disparues des radars.

Coups de coeur et immanquables :

Amérique latine :

Tout d’abord se faire un œil à partir de la sélection d’œuvres de Catherine Petigras, collectionneuse et historienne de l’art basée à Londres, spécialiste en art contemporain sud américain (trilogie d’ouvrages de référence). Beatriz Gonzalez que la Fondation Cartier avait exposée à Paris, Anna Bella Geiger, Claudia Andujar, Lygia Clark sont parmi les « Amazones » de ce panorama foisonnant et engagé. A noter la table ronde organisée à la Maison de l’Amérique latine autour des femmes artistes du continent le 5 avril.

José Luis Martinat, Younique galery (Lima, Paris)
Il travaille en duo avec son frère José Carlos autour des stratégies de réécriture de l’histoire coloniale à partir de réappropriation de matériaux comme ici les socles des statues de la cathédrale de Lima.

Adonis Flores et René Francisco Rodriguez, Xin Dong Cheng Gallery (Beijing)
C’est toute la scène cubaine que dévoile la galerie chinoise. D’apparences pointillistes les toiles de René Francisco Rodriguez jouent des oppositions de couleurs pour dénoncer des situations sociales et politiques. Adonis Flores, photographe et performeur, ancien militaire, part de la discipline et de l’uniforme pour dénoncer sur le mode de la parodie.

Julian Burgos et Juan Osorno, la Balsa Arte (Bogota)
L’hommage aux maîtres cachent dans les peintures de Julian Burgos des accents pornographiques et glissements subversifs redoutables.
Les dessins de Juan Osorno anatomiques ou botaniques nous plongent dans un passé peuplé de constellations et d’animaux greffés ou transformés.

Nicola Constantino, CCK et Institut Français de Buenos Aires
« Le vrai jardin n’est jamais vert » est une relecture de Hieronymus Bosch version 3D avec la reconstitution de la fontaine de vie centrale subvertie par un paysage désertique dont ne subsistent que des êtres et plantes mutants. Une vanité où la question du corps rejoint les préoccupations de cette artiste star du marché. On se souvient de sa performance fascinante à la Biennale de Venise autour d’Eva Peron « Rapsodia Inconclusa ».

Sandra Vàsquez de la Horra, Wooson gallery (Corée)
Chilienne vivant à Berlin, ses dessins utilisant de la cire apparaissent comme jaunis ou ternis dans un aspect brut qui renforce la brutalité des motifs choisis. Des silhouettes fixées sur du papier souvent récupéré, dans des postures crues et bestiales mélangeant différentes influences culturelles. Un ballet entre Eros et Thanatos pour pointer des problématiques actuelles. Entre chimères, folklore et carnavals sud américains il est question de syncrétisme fantasmé et d’altérité. La VNH gallery Paris, lui avait consacré une exposition cet été.

Marcelo Brodsky, Artco gallery (Aix la Chapelle)
L’artiste argentin avait fait sensation à la dernière Biennale de Lyon autour de son large projet sur Mai 68 (trois années de travail, 40 images, 28 pays étudiés). L’interrelation entre texte, couleur, image est la base de son travail qui pointe le régime de vérité de l’image à partir de manifestations du monde durement réprimées. Une contextualisation qui déconstruit et détourne le mythe pour mettre en lumière l’impact psychologique sous jacent de telles violences. Extrêmement actuel avec nos Gilets Jaunes !

Secteur général :

Ulla von Brandenburg, Art : Concept -solo show
Sa carte blanche au MRAC Sérignan à l’invitation de Sandra Patron est majeure ! (cf notre interview sur place en mars). La théâtralisation de l’espace et du récit apparait ici sous formes d’aquarelles de danseurs, saltimbanques, personnages de cirque qui renvoient à plusieurs de ses performances. L’artiste est au programme du Palais de Tokyo pour 2020.

Malala Andrialavidrazna, Caroline Smulders -solo show
La lauréate du prix HSBC née à Madagascar et installée à Paris, redessine les cartes du monde pour y distiller les mutations et forces en présences à partir de signes du passé qui renvoient aux stéréotypes récurrents et enjeux de circulation. Sa pratique de la photographie se nourrit de son rapport à l’architecture qu’elle a étudié.

Karina Bisch et Lisa Beck, Thomas Bernard galerie
Actuellement à l’affiche de l’exposition du Mac Val « Lignes de vie », Karina Bisch dans des tableaux vivants rejoue Arlequin de la Comédia del Arte ou Sonia Delaunay et l’héritage des avant-gardes. Un rapport art et artisanat qui découle de son approche transdiciplinaire « Painting for living » entre le design et l’art de vivre, la mode et la danse.
L’américaine Lisa Beck en dialogue avec les peintres français Thierry Lagalla et Olivier Masmonteil à partir du motif du cercle interroge notre perception visuelle. Les atomes, les cellules, les étoiles, les sphères rejoignent sa fascination pour l’optique et la physique qu’elle rejoue dans des peintures combinatoires interrogeant les limites de l’abstraction.

Anne-Frédérique Fer commissaire, galerie Chevalier

Mathieu Ducournau, galerie Chevalier-commissariat : Anne Frédérique Fer
La rédatrice en chef de France Fine Art propose « En suspens » une traversée sérielle du geste de Mathieu Ducournau qui à partir du fil de coton et de la trame de la tapisserie dessine des matrices picturales jouant de l’imaginaire entre grandes figures de l’histoire de l’art et nature magnifiée. La galerie Chevalier prend le virage de l’art contemporain avec audace !

Bachelot & Caron, School gallery Paris
Chevaliers des temps modernes en marcels et bas résilles, mille-feuilles ou pièces montées dégoulinants, le duo nous invite à un festin gargantuesque et proliférant dont on ne connait pas bien l’issue. Une projection dystopique de l’excès aussi réjouissante que déroutante.

Zhuo Qi, Les Filles du Calvaire
La conception performative de la porcelaine chez Zhuo Qi est symptomatique de sa vision iconoclaste du medium. Le langage et ses malentendus comme métaphore d’incompréhensions entre la vision occidentale et chinoise du monde à partir de détournements de techniques et formes traditionnelles. Des vases renversés ou qui explosent sous une batterie de pétards pour traduire le gout de l’expérimentation et du défi pour celui qui questionne la noblesse de la porcelaine avec des motifs relevant de la culture populaire. Un pot pourri réjouissant !

Tulio Pinto, Un-Spaced gallery -solo show
Choix d’une grande rigueur par Hugues Albes-Nicoux pour le brésilien Tulio Pinto, peu montré en France qui nous livre une intense chorégraphie des contraires, le béton/le verre, la tension/le fragile,l’abstraction/le mouvement. Les neufs sculptures posées en équilibre sur des ballons sont comme dans une suspension retenue proche de l’abyme. Une parenthèse radicale bienvenue.

Baptiste Rabichon, Binome galerie
La galerie qui représenté désormais l’artiste, présente « Les Chirales » sa dernière série autour du dédoublement photographique à partir de 2 scanners en face à face dont les surfaces sont enduites de peinture. En résulte au moyen d’une combinaison de gestes et du rayon lumineux de la machine, deux images non superposables, pointant la non complémentarité peinture/photographie et une série de contradictions inhérentes à la captation du réel.

Promesses :

Claire Lesteven h Gallery
Elle a reçu la Légion d’honneur à New York pour ses actions de coopération entre la France et les Etats Unis. Ce sont ses photographies que met à l’honneur la H Gallery avec ce procédé de fabrication unique de cameras obscuras à 360° qu’elle a mis au point. Sa fascination pour les procédés anciens qu’elle rejoue avec ces rayons lumineux qui percent directement le papier sensible. Une « foto povera » revendiquée autour des imperfections dérivées de sténopés de fabrication artisanale.

Akira Kugimachi, Pierre-Yves Caër Gallery, Paris
On pourrait croire à des photographies, ce sont des peintures réalisées sur un papier spécial, le Kumahada froissé, avec des pigments naturels qui nécessitent une attention très particulière. Des sensations atmosphériques en découlent qui plongent le spectateur dans un état méditatif proche du zen.

INFORMATIONS PRATIQUES
Une scène française d’un nouveau genre
Etoiles du sud : une exploration de l’art de l’Amérique Latine

Missing Event Data

Horaires :
Après-midi professionnelle : mercredi 3 avril de 12h à 18h
Vernissage : mercredi 3 avril de 18h à 22h
Horaires d’ouverture au public
Jeudi 4 avril de 11h30 à 20h
Vendredi 5 avril de 11h30 à 21h
Samedi 6 avril de 11h30 à 20h
Dimanche 7 avril de 11h30 à 19h
Plein tarif : 27 € / Tarif étudiants et groupes (à partir de 10 personnes) : 14 €
Gratuit pour les moins de 10 ans
Catalogue : 20 €
www.artparis.com/fr

Marie-Elisabeth De La Fresnaye
Après une formation en littérature et histoire de l'art, Marie de la Fresnaye intègre le marché de l'art à Drouot et se lance dans l'événementiel. En parallèle à plusieurs années en entreprise dans le domaine de la communication éditoriale, elle créé son blog pour partager au plus grand nombre sa passion et expertise du monde de l'art contemporain et participe au lancement du magazine Artaïssime.

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