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Interview exclusive avec Guillaume Piens, commissaire général de la 21ème édition d’Art Paris

Temps de lecture estimé : 6mins

Avec 150 galeries (versus 143 en 2018),  44 % de nouvelles participations, 20 pays représentés (dont, pour la première fois, le Cameroun, la Bulgarie, le Mexique et le Pérou), la sélection 2019 d’Art Paris témoigne d’une montée en puissance avec l’arrivée de galeries comme Thomas Bernard Cortex Athletico, Art : Concept, Ceysson & Bénétière, Jérôme Poggi ou Praz-Delavallade. Guillaume Piens revient avec nous sur les clés de ce succès et la constance qui l’anime autour de cette 21ème édition qui met à l’honneur les artistes femmes et ouvre l’horizon vers l’Amérique latine.

L’arrivée cette année de galeries participant également à la FIAC (Poggi, Art Concept, Praz Delavalade, Thomas Bernard-Cortex Athletico), témoigne du travail accompli depuis votre arrivée, retour sur les étapes qui ont conduit à un tel résultat

Si nous avons pu redonner du sens à cette manifestation depuis mon arrivée c’est bien là l’essentiel. Nous avons mené depuis 2012  un travail de redéfinition du projet et de reconstruction de l’évènement, puisque l’idée de départ était d’être complémentaire et non supplémentaire à la Fiac, autour d’un rendez-vous au printemps doté d’une identité singulière.
Cette étape est franchie en effet puisqu’ en 2019 beaucoup de galeries qui font la Fiac se redéploient sur Art Paris ce qui est positif. Prenons le cas de Praz Delavalade galerie présente à Paris et à Los Angeles qui va privilégier les américains à l’automne et au printemps un solo show dédié à Pierre Ardouvin artiste français important et pas reconnu à sa juste valeur il me semble. Signalons aussi l’arrivée de l’excellente galerie portugaise Filomena Soares ou de la belge La Patinoire Royale- Valérie Bach.
Nous avons restauré le crédit, la confiance et l’autonomie d’une foire qui affiche à présent une ligne précise, d’un côté soutenir et défendre les scènes européennes d’un point de vue régional (incluant un volet sur la scène française avec un focus confié à un commissaire depuis 2018) et d’un point de vue international, ouvrir à des scènes plus lointaines. Au départ nous avons beaucoup travaillé vers l’est : Russie, Chine, Asie du Sud Est, Corée.. puis nous avons regardé vers l’Afrique et aujourd’hui nous abordons les rivages de l’Amérique latine.

Retour sur l’invitation à AWARE via Camille Morineau des artistes femmes à l’honneur, n’est- ce pas oser le pari risqué de la discrimination positive ?

En 2018 nous avons proposé à François Piron de poser un regard sur la scène française et il s’est intéressé aux artistes en marge, en 2019 nous le proposons à Camille Morineau, actuellement directrice des expositions à la Monnaie de Paris qui mène ce travail depuis longtemps de valorisation des artistes femmes, du Centre Pompidou en 2009 avec l’accrochage « Elles » à la création en 2014 d’ une structure originale AWARE, Archives for Women Artists Research and Exhibitions, association qui s’attache à replacer le travail des artistes femmes dans l’histoire du XXème siècle.  Assumer cette vision genrée de la scène française de l’Après-guerre à nos jours n’était pas lié pour nous à des revendications féministes. Il s’agit à plus long terme de redonner une visibilité au travail d’artistes femmes en général. Cela ne rejoint pas un contexte opportuniste plus global mais s’inscrit dans une approche institutionnelle et scientifique.
Nous sommes partis sur une sélection de 25 artistes femmes selon une approche chrono thématique en 4 temps : les femmes et l’abstraction, l’avant garde féministe des années 70, Images et théâtralité. Le choix de ce thème a déclenché chez les galeries participantes de nombreuses propositions, culminant à plus de 100 artistes femmes présentées sur l’ensemble de la foire.
C’est un cercle vertueux intéressant.

Quelles tendances fortes se dégagent de ce panorama où priment les solo show ?

Depuis 2015  nous avons enclenché un vrai effort pour favoriser les solo show, dépasser les stands éclectiques et pouvoir aborder en profondeur du travail d’un artiste.
Nous arrivons à 45 solo show cette année, un record ! soit 1/3 de la foire. C’est une vraie satisfaction. Ces solo show couvrent un large spectre qui démarre de l’art moderne avec un superbe focus sur Leonor Fini chez Weinstein Gallery / Galerie Minsky, du côté sud américain l’artiste mexicaine Carmen Mariscal présentée par Ana Mas Projects (exposée à la Maison de l’Amérique latine en 2018), Sandra Vazquez de la Hora présentée par la galerie coréenne Wooson, ou d’autres solo qui s’inscrivent dans le panorama Aware : Ulla Van Brandenburg (finaliste prix Marcel Duchamp 2016) chez Art Concept, Béatrice Casadesus chez Dutko, Judit Reigl chez Kalman Maklary et Karina Bisch chez Thomas Bernard qui va concevoir une installation comme une scène avec costumes, décor…sans oublier d’autres focus d’artistes plus émergents.

La scène sud américaine avec Valentina Locatelli commissaire invitée

Nous l’avons appelé « Etoiles du Sud », une exploration de l’art de l’Amérique latine, autour d’une soixantaine d’artistes qu’ils soient cubains, vénézuéliens, chiliens, argentins, péruviens… mexicains, du nord au sud, d’est en ouest. Une diversité intéressante qui s’appuie sur les galeries, soit 29 galeries européennes et asiatiques notamment, ce qui illustre le côté mondialisé de cette scène.
De plus, nous avons souhaité offrir une programmation associée d’art vidéo dans le Project Room autour de 16 artistes et exposer la Collection privée de Catherine Petigras à partir d’une sélection d’artistes femmes du bassin amazonien, intitulée « Amazones ».
Des installations in situ complètent ce panorama :
Sur le parvis, à l’entrée du Grand Palais, sera présentée une installation monumentale de l’artiste mexicaine Betsabeé Romero (Galerie Saro León), tel un requiem à la mort de la voiture, symbole de la société de consommation du XXe siècle.
Au sein de la nef, le CCK (Centro Cultural Néstor Kirchner) de Buenos Aires, en collaboration avec l’Institut français d’Argentine, présente El verdadero jardín nunca es verde, une installation créée par l’artiste argentine Nicola Costantino, inspirée par Le Jardin des délices terrestres de Jhieronymus Bosch.
Sur les murs sud et nord de la nef du Grand Palais, trois artistes, l’Argentin Marcelo Brodsky (Galerie Artco), le Colombien Stinkfish (Galerie Ernst Hilger) et le Mexicain Ricardo Rendón (Galerie Wenger) réaliseront d’autres compositions monumentales.

Si vous aviez un rêve.. encore inachevé
« Siempre màs allà » comme disent les espagnols ! Viser toujours plus haut ! telle est ma devise.
La satisfaction du travail accompli et beaucoup de promesses pour cette édition 2019.

A LIRE
Rencontre avec Guillaume Piens, Commissaire général d’Art Paris Art Fair
Art Paris Art Fair 2017 : Rencontre avec Guillaume Piens

INFORMATIONS PRATIQUES

Missing Event Data

Horaires :
Après-midi professionnelle : mercredi 3 avril de 12h à 18h
Vernissage : mercredi 3 avril de 18h à 22h
Horaires d’ouverture au public
Jeudi 4 avril de 11h30 à 20h
Vendredi 5 avril de 11h30 à 21h
Samedi 6 avril de 11h30 à 20h
Dimanche 7 avril de 11h30 à 19h
Tarifs :
Plein tarif : 27 €
Tarif étudiants et groupes (à partir de 10 personnes) : 14 €
Gratuit pour les moins de 10 ans
www.artparis.com/fr

Marie-Elisabeth De La Fresnaye
Après une formation en littérature et histoire de l'art, Marie de la Fresnaye intègre le marché de l'art à Drouot et se lance dans l'événementiel. En parallèle à plusieurs années en entreprise dans le domaine de la communication éditoriale, elle créé son blog pour partager au plus grand nombre sa passion et expertise du monde de l'art contemporain et participe au lancement du magazine Artaïssime.

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