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Partager Partager Temps de lecture estimé : 12minsLe 6 avril, l’Hôtel de Sauroy accueille cinq femmes photographes autour d’une thématique commune, celle des histoires de famille. Une exposition intitulée « Cinq histoires de famille » réunissant cinq auteures éditées par les éditions Filigranes. À cette occasion, 9 Lives magazine vous propose – tout au long de cette semaine – de rencontrer chacune des artistes exposées et de plonger dans leurs histoires familiales respectives. Aujourd’hui, c’est l’artiste libanaise Rima Samman qui nous présente sa série « L’amour se porte autour du cou ». Elle reconstitue ses souvenirs grâce à d’anciennes photos gardées dans des albums de famille, en y apposant des touches vives et colorées ! Quelle est votre première rencontre avec la photographie ? Ma première rencontre avec la photographie s’est faite à travers le portrait en noir et blanc de mon grand-père Hachem que je n’ai jamais connu (il est mort relativement jeune), qui trônait dans les salons de ma famille à Tripoli (ma ville natale, située dans le nord du Liban). Aussi à travers le portrait en noir et blanc de ma tante Ifdal (célibataire jusqu’au bout des ongles), qui semblait tout juste sortir d’un film égyptien ou italien. Et puis bien sûr, il y avait ces rendez-vous quotidiens avec l’album de famille de mes parents dont je raffolais littéralement. D’ailleurs, cet album reste toujours pour moi une grande source d’inspiration et d’émotion, un peu comme une bible (au sens scénaristique du terme). Plus tard, quand j’ai quitté le Liban et je suis arrivée à Paris, je me suis rendue à ma première exposition de photo au Palais de Tokyo, qui portait sur la guerre du Liban. Il va sans dire qu’au pays, ce type d’expos n’existait pas, car la guerre on en faisait nous-mêmes partie… La visite de l’exposition du palais de Tokyo se faisait (de mémoire) dans le noir, et là je rencontre l’image foudroyante qui continue à me hanter jusqu’aujourd’hui. Elle représente un groupe de jeunes miliciens jouant du Oud et chantant à tue- tête devant le cadavre rendu en charpie d’une femme étalée par terre. Une expression d’extase, de plaisir intense sur leur visage juvénile, dans un décor digne du plus terrifiant des enfers terrestres. Cette photo était prise par Don McCullin. Votre question me fait prendre conscience que ma rencontre avec la photo s’est finalement faite au travers d’une photographie de genre en noir et blanc : la photo de famille (intime et domestique), et la photo de guerre (publique, médiatisée), qui couvrent des champs émotionnels complètement différents et opposés. L’amour se porte autour du cou, Jeddo © Rima Samman L’amour se porte autour du cou, Nadia et Malik © Rima Samman Dans quel contexte et comment avez-vous décidé d’entamer cette série ? J’ai longtemps oublié que j’avais une famille, à cause des circonstances de la vie qui ont produit éloignement et rupture des liens. Issue d’une famille libanaise, je suis la benjamine d’une fratrie de trois enfants, aujourd’hui tous installés à l’étranger. Mes frères vivent à San Francisco et à Dallas, moi à Paris. Mes parents, eux, sont restés au Liban. Depuis notre départ, la famille s’était réunie deux fois en trente quatre ans : une fois à Détroit, l’autre à Dallas. Cherchant à comprendre cet étrange phénomène de nous voir si peu en une si longue période, j’ai sorti un jour mes vieilles photos de famille, afin d’y déceler des indices avant coureurs d’un fait d’autant plus inhabituel pour une famille libanaise, chez qui la notion d’appartenance familiale et clanique est fortement constitutive de notre identité intime et sociale. Or, en me plongeant dans mes vieux albums de famille, je n’y ai trouvé que la preuve éclatante et univoque qu’avant, on était vraiment ensemble. Qu’avant, on formait une «vraie» famille : harmonieuse, heureuse et unie. Cherchant à réparer ce que le temps et l’exil avaient à mes yeux défait et terni, je me suis auto missionnée d’assembler ma famille éclatée, en la réunissant une troisième fois au Liban. Un jour, j’en touche un mot à mon frère cadet, qui me dit sur un ton décomplexé : «Mais quelle famille ? Il n’y a pas de famille !» Ses mots ont résonné en moi comme une poignée de cailloux jetés au fond de ma torpeur. Me suis-je donc naïvement fourvoyée toutes ces années, en me reprochant d’avoir abandonné et oublié une famille qui n’existait pas vraiment ? Mais alors, que signifient toutes ces photos de famille qui mettent en scène notre bonheur d’être ensemble ? Quelle valeur, quel crédit accorder à ces images argentiques, muées avec le temps en images mentales? Le temps filait et il me fallait agir. J’ai alors envoyé à mes frères un message WhatsApp qui disait à peu près ceci : « N’attendons pas le cercueil pour nous regrouper une dernière fois autour de nos parents. Cette fois-ci, on y va! C’est le voyage de la dernière chance. » «L’amour se porte autour du cou» est née des questions liées aux constructions mentales de nos représentations identitaires attachées à notre appartenance au groupe familial. Elle renvoie avec une ambivalence joyeuse à notre penchant à réinventer et à fantasmer nos identités et nos origines. L’imaginaire identitaire me passionne dans ce qu’il a d’excessif, de ridicule, de touchant, de drôle et de profondément humain. Dans ce qu’il a d’enfantin et de créatif. Et dans ce qu’il est parfois nécessaire pour intérioriser des événements qui, sans cela, nous auraient probablement détruits. L’amour se porte autour du cou, Pa et Ma © Rima Samman L’amour se porte autour du cou, Nadia © Rima Samman Comment avez-vous décidé de traiter ce sujet? Enfant, j’étais captivée par l’imaginaire fantasmagorique qui débordait de l’album de famille de mes parents. J’aimais beaucoup m’y plonger en mes heures perdues, surtout à l’heure de leur sieste, où je me racontais un tas d’histoires romancées, inspirées des films égyptiens diffusés alors à la télé libanaise. Plus tard, j’avais quitté le Liban en emportant une seule photo dans ma valise : celle de mon petit copain en maillot de bain, me souriant sur la plage. Mes photos de famille, le besoin de les (a)voir ici chez moi en France, est arrivé bien plus tard. Je ne pourrai pas dire quand exactement. Mais depuis quelques années, je remarquais que ma mère me les concédait plus volontiers à chaque passage au Liban. Alors je me suis demandé si l’âge avançant (et le spectre de la mort approchant ?), ma mère ne cherchait pas à me léguer via ces photos, une mémoire de famille faite justement pour être transmise et enrichie d’ascendant en descendant. Et si, comme dans un rituel de passation de bijoux de famille, elle ne me chargeait pas inconsciemment de les confier un jour à mon tour à mes nièces et neveux, faute d’avoir moi-même d’enfants ? Consciente de mon rôle de simple passeuse de mémoire, de ma place d’énième maillon de la chaîne de réception/transmission de ces images, j’ai éprouvé avec le temps le besoin de faire miennes toutes ces photos, en me les appropriant complètement, même s’il me fallait pour cela les détourner de leur finalité initiale. Ce besoin vital – probablement lié à ma crainte du néant de disparaître sans laisser de trace, puisque ma lignée s’arrête après moi – s’est vite dédoublé d’un profond désir de faire venir à moi, ici en France, les membres pour la plupart disparus de ma famille, qui sont les seuls à avoir vécu toute leur vie ensemble au Liban, puisqu’avant eux, leurs ascendants arrivaient au pays d’un peu partout dans le monde, et après eux, leurs descendants se sont de nouveau éclatés dans les quatre coins du monde. Pour commencer, je me suis mise à colorer bon nombre de mes vieilles photos de famille, dans un style qui convoque la peinture pop d’Andy Warhol et de David Hockney. Je n’avais pas alors une idée précise de ce que j’en ferai par la suite. Il fallait le faire, et je le faisais à raison de 12 heures par jour pendant des mois et des mois. Petit à petit, mon corpus se précisait. Désormais, l’album de famille de mes parents n’était plus suffisant, il me manquait des images que j’allais désormais trouver dans les albums de famille de mes oncles, tantes, cousins et cousines au Liban et à l’étranger. J’ai souvent injecté beaucoup de ma vie personnelle et privée à l’intérieur de mon travail. Dans ce sens, je me sens très proche d’une artiste comme Sophie Calle qui a toujours placé sa vie au cœur de son œuvre. Chez Sophie Calle, on ne peut pas dire qui prend le pas sur quoi. Est-ce sa vie qui déborde dans son œuvre ? ou est-ce son œuvre qui se répand dans sa vie ? De toute évidence, « L’amour se porte autour du cou » s’inspire de sa manière ouverte et directe de se mettre en scène, et d’archiver sa vie ou LA vie avec l’humour, la malice, l’inventivité et la mélancolie qui la caractérisent. Du point de vue plastique, « L’amour se porte autour du cou » se rapproche de « Saynettes comiques » (1974) de Christian Boltanski. Contrairement à l’univers sombre et attaché à la mort des cinquante dernières années du travail sur la mémoire individuelle et collective de Christian Boltanski, « Saynettes comiques » appartiennent à une période encore gaie et joueuse liée à l’enfance de l’artiste. Dans ses photographies en noir et blanc coloriées au pastel, Christian Boltanski recréait par le jeu et le simulacre, de faux souvenirs d’enfance en se mettant en scène dans le rôle de différents membres de sa famille. Le rapprochement qu’on peut faire à « L’amour se porte autour du cou » et Saynettes comiques, se situe à l’endroit précis d’une méthode de travail qui consiste à utiliser les moyens les plus petits, les plus simples et les plus accessibles possibles. Et d’une esthétique spécifique au système de l’artisanat, où les formes inattendues étonnent en suscitant émotion et poésie. Démarche et esthétique qui vont à l’encontre des moyens de production sophistiqués aujourd’hui en vogue… L’amour se porte autour du cou, Araf © Rima Samman L’amour se porte autour du cou, Pa © Rima Samman L’amour se porte autour du cou, Niaz © Rima Samman En abordant le thème de la famille dans votre série, pensez-vous que la photographie joue un rôle de thérapie ? Très difficile de répondre à cette question. Dans mon cas, griffonner sur les photos de mon album de famille comme une petite gamine, avec des couleurs ultra pop, est à la fois source de joie, de plaisir, de vitalité, de tristesse, de déprime… Car je passe beaucoup beaucoup de temps avec des êtres chers qui ne sont plus de ce monde, et qui forcément, me manquent terriblement ! Après la parution de « L’amour se porte autour du cou » chez Filigranes éditions, j’ai réalisé à quel point ma propre nécessité de créer cette série, rencontrait en fait celle des membres de ma famille (toute génération confondue !!) de la voir exister ! Comme si, inconsciemment, les nécessités se répondaient comme un écho. « L’amour se porte autour du cou » sauve finalement du naufrage une mémoire vouée à l’oubli. Mes nouvelles images deviennent la nouvelle expérience commune, le nouvel album de famille commun et unificateur, le nouveau socle des liens qui attachent et unissent des générations entières de ma famille, condamnées à se déraciner en s’arrachant des siens. Hormis la thématique, y a t-il un lien qui vous rassemble toutes les cinq ? Toutes les cinq, nous avons été éditées par Patrick Le Bescont, le directeur de Filigranes éditions. Je connais le travail de Catherine Poncin et de Laure Vasconi depuis longtemps. Catherine avait une manière de travailler des archives « non personnelles » en se les appropriant, qui m’avait beaucoup marqué à l’époque. Il me semble qu’elle était la toute première artiste à le faire. Et Laure avait réalisé des séries assez cinématographiques, qui avaient également marqué la cinéaste que je suis. J’ai découvert le travail de Sylvie Hugues l’année dernière. Quel courage et quelle réussite, les histoires de famille sont les plus difficiles à traiter, c’est si proche de nous, comment trouver la bonne distance ? Sylvie l’a trouvée, tout comme Alexandra Bellamy, en tissant un récit tout en finesse, fait de mots, d’images et de temps. Je ne sais pas si j’ai bien répondu à votre question ? En tout cas, notre exposition collective invite à une sorte de voyage temporel, géographique et émotionnel, révélant la richesse de tous les genres et procédés photographiques. INFORMATIONS PRATIQUES Hotel de Sauroy58 Rue Charlot 75003 Paris mer06avr(avr 6)15 h 00 mindim17(avr 17)20 h 00 minCinq histoires de famillecinq regards — cinq artistesHotel de Sauroy, 58 Rue Charlot 75003 Paris Détail de l'événementCette exposition rassemble cinq auteures éditées par Filigranes Éditions qui ont en commun de travailler chacune sur le thème de la famille. Cinq écritures singulières qui explorent ce sujet du Détail de l'événement Cette exposition rassemble cinq auteures éditées par Filigranes Éditions qui ont en commun de travailler chacune sur le thème de la famille. Cinq écritures singulières qui explorent ce sujet du plus intime au plus universel. Recherches dans les albums pour Catherine Poncin, recomposition d’une famille éclatée pour Rima Samman, récit intime chez Laure Vasconi, révélation d’un secret chez Alexandra Bellamy ou encore enquête sur son passé pour Sylvie Hugues. À l’aide d’archives, de textes ou d’interventions sur le papier photographique, ces cinq histoires recomposent un puzzle qui démontre la richesse de ce thème devenu un genre à part entière ces dernières années. Avec : Alexandra Bellamy Sylvie Hugues Catherine Poncin Rima Samman Laure Vasconi Bellamy / Bellamy Alexandra Bellamy Le projet éditorial Bellamy / Bellamy s’inscrit dans la lignée des contes, des mythologies, histoires dans lesquelles les secrets de famille sont omniprésents. Il est d’abord le travail photographique d’Alexandra Bellamy autour de son secret de famille, autour de Claude, Dieter et de Mother. Mais aussi de Carine et les autres. Un secret de famille qui entoure sa naissance en 1970 et qui lui est révélé par sa mère, 22 ans plus tard. Dans sa pratique de la photographie documentaire, Alexandra Bellamy cherche toujours l’envers du décor, le pas de côté. Elle éprouve les différentes strates des histoires passées et présentes, leur densité, leurs mythologie. Progressivement, elle prend conscience que son travail est très empreint de l’histoire de ce secret. Il y a la réalité telle qu’elle apparaît depuis l’enfance et derrière ces apparences, une autre réalité. Durant ce long parcours personnel, et photographique, elle rassemble les photographies des lieux de son enfance ou des lieux qui l’évoquent, des portraits, des photogrammes (issus de séquences vidéos) et des archives. Les archives sont diverses : lettres, Polaroïds issus d’albums de familles et dessins. Ici chaque photographie et documents collectés ont un sens et une valeur, directement reliés au secret. En 2017, à la suite de sa rencontre avec ses demi-frères et sœurs, elle ressent la nécessité de donner une forme à ce récit familiale qu’elle réécrit, pas après pas, depuis ses 22 ans. En 2019, avec la graphiste Marion Kueny, commence l’élaboration d’une édition. L’idée centrale est de créer un récit non linéaire qui soit un équivalent à son expérience du secret. La numérotation des pages devient des dates. La chronologie est bousculée. Les points de vue se succèdent comme dans une pièce de théâtre. Avec cette publication, le secret n’en est plus un. Comme l’écrit Marie Robert dans la postface du livre « Il est devenu histoire, imago, images. » El Pueblo Sylvie Hugues À 12 ans, la vie de Sylvie Hugues bascule. Elle habite alors à Cullera un village situé près de Valencia, en Espagne. Au retour d’une sortie scolaire, on lui apprend que sa mère vient d’être tuée par son deuxième mari, qui exerce le métier de policier. Elle doit alors quitter subitement l’Espagne, et le paradis de l’enfance, pour retrouver dans les cités de la banlieue parisienne un père qui ne sait pas l’aimer et une belle-mère agressive. À la douleur du deuil, s’ajoute celle de l’exil. De cette période de sa vie, il ne lui reste qu’un album de famille, quelques papiers jaunis et le jugement du tribunal. Son beau- père n’avait écopé que de deux années de prison. Crime passionnel, disait-on alors… Aujourd’hui on parlerait plutôt de féminicide. À 18 ans, elle coupe les ponts avec sa famille et se lance dans le cinéma, la photographie et l’écriture. Le souvenir de sa mère et de ce drame continue de la hanter, mais c’est en 2014, avec une nouvelle » « violence, sociale cette fois, que cette plaie s’ouvre de nouveau. Un licenciement brutal et injuste la replonge dans son passé. Elle décide alors de retourner en Espagne, afin de retrouver les traces de son enfance, revoir ses copines de classe, saluer les religieuses qui l’ont recueillie à la mort de sa mère. Elle prévoit aussi de revoir le fils du meurtrier qu’elle considérait, enfant, comme son grand frère. Sur place elle prend des notes, fait des photos et décide de bâtir un récit autobiographique où vont se mêler ses propres mots, ses propres images avec ses photos de famille et les rares documents administratifs retrouvés. Ainsi naît le projet « El Pueblo » qui sera réalisé en partie à la résidence des Treilles. Il va s’agir de construire une exposition, un livre de textes et de photographies, pour exorciser les démons du passé et proposer une œuvre « autonome » où l’intime devient universel. Par Monts et Vallons Catherine Poncin Catherine Poncin, photographe de l’image par l’image, s’est immergée dans les Archives départementales de l’Orne sur les fonds patrimoniaux tels que Lancre – Pasquis – Grignon, pour y découvrir des ensembles photographiques de grande qualité. Elle en a tiré des compositions qui font revivre des personnages d’une époque révolue. Leurs histoires familiales résonnent encore dans la mémoire des anciens à travers les personnages, les architectures, les paysages que l’artiste a mis en perspectives par des associations d’images en diptyque. Par ailleurs, l’artiste est entrée dans les fermes et autres demeures pour y rencontrer les habitants qui lui ont confié secrets et photographies de famille. Tout comme avec les images d’archives, elle a composé, parfois associée, fragments photographiques du fonds départemental IXe aux trouvailles découvertes dans les albums de famille datant du XXe siècle. Ce travail est un hommage vibrant à ces territoires cachés dans les intimités familiales. Il renvoie le visiteur à l’histoire locale que ce soit la sienne ou celle de son voisin et plus largement à l’histoire de nos campagnes. Le travail de Catherine Poncin laisse place à l’imaginaire de chacun, pour réactiver des morceaux d’une histoire qu’il ou elle aura projetée ou vécue. Le regard est porté par la beauté intemporelle des images anciennes dont la profondeur des noirs et des blancs est accentuée par le travail de réappropriation de l’artiste et des jeux d’irisations leur conférant une aura contemporaine. À l’inverse, l’aspect décolorisé des images à l’instamatic, des Polaroïds ou des diapositives 24 x 36 datant des années 60/70 en font une matière privilégiée pour réactiver des pans mémoriels. Avec elles, le temps qui a passé se mesure et transporte dans l’univers, pas si lointain, des parents et grands-parents. – Christine Ollier Proposition curatoriale de Christine Ollier avec la Pocket Galerie et le Parc National du Perche Carte blanche résidence – Art Culture & Co – 2021 L’amour se porte autour du cou Rima Samman J’ai longtemps oublié que j’avais une famille, à cause des circonstances de la vie qui ont produit éloignement et rupture des liens. Issue d’une famille libanaise, je suis la benjamine d’une fratrie de trois enfants, aujourd’hui tous installés à l’étranger. Mes frères vivent à San Francisco et à Dallas, moi à Paris. Mes parents, eux, sont restés au Liban. Depuis notre départ, la famille s’était réunie deux fois en trente-quatre ans : une fois à Détroit, l’autre à Dallas. Cherchant à comprendre cet étrange phénomène de nous voir si peu en une si longue période, j’ai sorti un jour mes vieilles photos de famille, afin d’y déceler des indices avant coureurs d’un fait d’autant plus inhabituel pour une famille libanaise, chez qui la notion d’appartenance clanique est fortement constitutive de notre identité intime et sociale. Or, en me plongeant dans mes vieux albums de famille, je n’y ai trouvé que la preuve éclatante et univoque qu’avant, on était vraiment ensemble. Qu’avant, on formait une « vraie » famille : harmonieuse, heureuse et unie. Cherchant à réparer ce que le temps et l’exil avaient à mes yeux défait et terni, je me suis auto missionnée d’assembler ma famille éclatée, en la réunissant une troisième fois au Liban. Or en en touchant un mot à mon frère cadet, celui-ci m’a dit sur un ton décomplexé : « Mais quelle famille ? Il n’y a pas de famille ! » Ces mots ont résonné en moi comme une poignée de cailloux jetée au fond de ma torpeur. Me suis-je donc naïvement fourvoyée toutes ces années, en me reprochant d’avoir abandonné et oublié une famille qui n’existait pas vraiment ? Mais alors, que signifient toutes ces photos de famille qui mettent en scène notre bonheur d’être ensemble ? Quelle valeur, quel crédit accorder à ces images argentiques, muées avec le temps en images mentales ? Né de ces questions liées aux constructions mentales de nos représentations identitaires, L’amour se porte autour du cou s’attache à rajouter de la représentation fictionnelle et fantasmagorique à la représentation collective du groupe familial. Cela pour conter avec une ambivalence joyeuse notre penchant à réinventer et à fantasmer nos identités et nos origines. L’imaginaire familial me passionne dans ce qu’il a d’excessif, de ridicule, de touchant, de drôle et de profondément humain. Dans ce qu’il a d’enfantin et de créatif. Et dans ce qu’il est parfois nécessaire pour intérioriser des événements qui nous auraient probablement sans cela détruits. Laure Vasconi L’Après Jour C’est un retour sur images, un état des lieux, un flux de notes, un éditing d’archives sans chronologie et de toute provenance. Un laboratoire qui croise les recherches, personnelles ou professionnelles, les commandes, les projets, réalisés ou non et qui fait écho à une pratique photographique du quotidien tel un carnet de route. De l’ordre de l’essai photographique, c’est une tentative libérée des codes de la série ou du sujet, c’est une quête ; de sens, de mémoire, d’un médium à redéfinir dans toutes ses formes de production et de diffusion. C’est une plongée dans un matériel d’archives qui se fabrique depuis plus de vingt ans, un instant où les choses se posent pour continuer, un corpus créé tel un geste libérateur, un livre pour garder une trace. Leonard At Home Début mars, je me suis retrouvée confinée avec mon fils Leonard, jeune trisomique âgé de 16 ans. J’ai été confrontée à certaines de ses questions face à cette nouvelle réalité abstraite, le coronavirus. Face au temps, devenu libre et élastique, vécu comme une expérience « cooooool » par Leonard dans un premier temps, il a fallu progressivement s’adapter. Leonard a alors mis en place un jeu en convoquant des personnages fictifs qui l’ont aidé à trouver des réponses à ses interrogations quotidiennes et en réaction à sa propre compréhension. Un rituel d’une photo par jour s’est ainsi instauré, tel un dialogue entre nous pendant tout ce temps suspendu à l’intérieur de la maison. Une situation extra-ordinaire qui requiert des réponses extra-ordinaires. Cette série fait écho à cette situation exceptionnelle, telle une expérience qui s’inscrit dans la continuité de mon travail, nourri de l’intime et du monde. Ces photographies ont été réalisées pendant le confinement de Mars à Mai 2020. Dates6 (Mercredi) 15 h 00 min - 17 (Dimanche) 20 h 00 min(GMT-11:00) LieuHotel de Sauroy58 Rue Charlot 75003 Paris Hotel de Sauroy58 Rue Charlot 75003 Parisdu lundi au samedi, de 11h à 19h nocturne les jeudis jusqu’à 21h entrée libre Get Directions CalendrierGoogleCal L’AMOUR SE PORTE AUTOUR DU COU Rima Samman Introduction Sylvain Prudhomme Édition Filigranes Sortie en octobre 2020 17 x 24 cm, 80 pages ISBN : 978-2-35046-502-9 27€ https://www.filigranes.com/livre/lamour-se-porte-autour-du-cou/ https://www.rimasamman.com/ Rima Samman est représentée par la Galerie127. Cinq histoires de famille Entretien avec Alexandra Bellamy Cinq histoires de famille Entretien avec Sylvie Hugues Cinq histoires de famille Entretien avec Catherine Poncin (à venir) Favori0
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