Temps de lecture estimé : 3mins

Pour sa quatrième et dernière carte blanche, notre invitée de la semaine – l’historienne de la photographie, attachée de conservation au cabinet de la photographie du Centre Pompidou et curatrice – Damarice Amao, conclut avec l’exposition phare de l’Été photographique de Lectoure, manifestation dont elle signe la direction artistique et qui ouvre ses portes le 12 juillet. La rétrospective « A Voice of Her Own » rend hommage à la photographe américaine Arlene Gottfried, qui a consacré une grande partie de sa carrière à documenter les rues de New York.

Entre février et mai 2025, le Centre régional de la photographie des Hauts-de-France à Douchy-les-Mines, consacrait une exposition à la photographe américaine Arlene Gotffried, décédée il y a 8 ans dans sa ville natale de New York.

Woman Wearing Sneakers, Coney Island, 1976 © Estate Arlene Gottfried _ Courtesy Les Douches la Galerie, Paris

Diplômée du Fashion Institute of Technology à New York Gottfried entame sa carrière de photographe professionnelle dans l’univers de la publicité et de la commande, dans les années 1970. Elle se met à travailler progressivement pour la presse dans la décennie suivante et collabore avec de nombreux titre dont le New York times magazine, Life ou encore Fortune. Elle profite de son temps libre pour commencer à arpenter New York, devenu son terrain de prédilection, là où elle se sent le mieux comme elle se plaît à le rappeler.
Des plages de Coney Island aux églises de gospel d’Harlem en passant par les rues de son quartier d’origine à Brooklyn, Gottfried développe une approche documentaire intuitive, résolument tournée vers l’humain. Sa photographie explore et immortalise avant tout le lien aux autres. : « J’aime le lien émotionnel et la passion qui animent les gens. Cela m’a attirée et je me suis sentie à l’aise. Je n’avais pas l’impression de regarder depuis l’extérieur. J’avais des amis. »¹

Pendant près de trois décennies, Gottfried a posé son objectif sur certains quartiers de New York, aujourd’hui gentrifiés, en proie à la violence, à la drogue et à la pauvreté. Face à ce tableau noir, la photographe n’a jamais cessé de tenter de saisir la poésie, l’humanité, la richesse du multiculturalisme, la subversion et le désir de faire communauté à travers ses portraits d’individu·es en marge dont beaucoup sont devenu·es des proches.

Arlene Gottfried – Pituka at Bethe sda Fountain, Central Park, 1977 Estate Arlene Gottfried _ Courtes y Les Douches la Galerie, Paris

L’exposition qui ouvre au centre d’art et de photographie de Lectoure dans le cadre de l’Eté photographique se propose de retracer ce témoignage unique et personnelle sur le New York des années 1970-1990, à travers les diverses publications qu’elle réalise à la fin de sa carrière, d’Eternal light (1999) à Mommie (2015).

Publié en 2003, l’ouvrage Midnight témoigne bien de la démarche de la photographe. Sorte de journal visuel, il est consacré à son ami, amant et confident Midnight rencontré un soir d’été en 1984. Uniquement composé de portraits, le livre retrace près de deux décennies de l’existence erratique de Midnight marquée par la délinquance, la schizophrénie et le lien indéfectible qui l’unissait à la photographe.

¹ Arlene Gottfried, Mommie. Three generations of women, New York, powerHouse Books, 2015, p.12.

INFORMATIONS PRATIQUES
Arlene Gottfried
A voice of her own
1972 – 1995
Du 12 juillet au 21 septembre 2025
Au Centre d’art et de photographie de Lectoure
dans le cadre de l’Eté photographique de Lectoure

sam12jul(jul 12)15 h 00 mindim21sep(sep 21)19 h 00 minL’Été photographique de Lectoure 2025Centre d’art et de photographie de Lectoure, Maison de Saint-Louis, 8 cours Gambetta, 32700 Lectoure

 

La Rédaction
9 Lives magazine vous accompagne au quotidien dans le monde de la photographie et de l'Image.

    You may also like

    En voir plus dans L'Invité·e