Depuis les annonces gouvernementales successives sur la situation budgétaire de notre pays, les décisions ne se font pas attendre, qu’elles soient au niveau de l’État, régional, départemental ou municipal. Généralement, le secteur de la culture est le premier touché… et le dernier à se relever. Nous, les non-essentiels… La région Pays de la Loire a vu son budget alloué à la culture être amputé de 73 %. Des exemples se multiplient partout en France, et on risque d’en voir de plus en plus. À Toulouse, l’Espace St Cyprien est victime des décisions unilatérales de la mairie, avec une baisse de 64 % de son budget pour l’année 2025.

Le Centre Culturel Saint Cyprien est un centre culturel pluridisciplinaire municipal qui célèbre cette année ses 40 ans ! Comme cadeau d’anniversaire, la Mairie de Toulouse a décidé de réduire le budget de 63 % sans aucune concertation préalable, laissant l’équipe dans un total désarroi. Cette baisse des subventions publiques touche l’ensemble des centres culturels et bibliothèques de la ville, ainsi que les subventions publiques aux associations et structures culturelles provoquant ainsi le départ prématuré de Galin Stoev, directeur du Théâtre de la Cité de Toulouse. Mais, suite à cette politique d’austérité qui vise le secteur culturel, combien d’emplois et de structures vont disparaître ?

© Rima Samman

Avec presque les trois quarts de leur budget partis en fumée, l’Espace St Cyprien a réussi à présenter et à conserver la programmation de l’exposition de la photographe Rima Samann. Mais cette exposition sera certainement la dernière de l’année si la Mairie de Toulouse, portée par Jean-Luc Moudenc (ex LR), ne réagit pas. Suite à plusieurs actions et manifestations, la mairie a annoncé qu’elle étudierait les budgets « au cas par cas » à partir du mois de juin, pour revoir les potentielles baisses. Mais les acteurs sur place ne sont pas très optimistes.

Le Centre Culturel Saint Cyprien accueille des activités artistiques tournées principalement vers la danse, le spectacle vivant et la photographie. En plus des expositions, il propose au public des médiations auprès des jeunes publics (600 élèves de la grande section au post bac accueillis en 23-24), des stages et workshops avec des photographes invités, un laboratoire en libre accès (moyennant un ticket par jour au prix de 5,5 €) et, depuis 39 ans, des ateliers photo. Une équipe de 7 personnes est missionnée pour mener à bien ces activités : la coordinatrice Ingrid Coumes-Marquet et 6 photographes (Jean-Luc Aribaud, Arno Brignon, Omar Boukandil, Sylvie Fontayne, Yutharie Gal Ong et Lilie Pinot). Ces photographes sont salariés à temps partiel par l’association LEC Grand Sud, une activité qui contribue à complété un revenu déjà faible d’un métier précaire (voir l’étude du CLAP sur la rémunération des photographes).

Il y a deux semaines, le nouveau marché public pour l’organisation des ateliers a été publié, l’un des photographes Arno Brignon nous partage sa colère : « La lecture de ce nouveau marché nous à sidéré, La baisse proposée à l’éventuel repreneur est de 78 %, passant de 4764 h de travail à 1107 h sur l’ensemble de la ville. Tel qu’il est indiqué sur le marché, il ne restera plus aux ateliers de photographies que quelques ateliers hebdomadaires. Cela marque la fin des expos, de la majorité des stages, des médiations scolaires et surtout l’arrêt du laboratoire en libre accès.
Avec une telle baisse et une telle redéfinition de son projet, c’est la mort de ce lieu historique et important de la photographie régional. Un lieu qui est aussi, une ressource pour les autres structures du territoires comme MAP, Le Château d’Eau, l’ETPA, le Lum Festival, etc avec qui nous collaborons régulièrement. C’est aussi une casse social sans précédent, avec des licenciements économique à prévoir pour la grande majorité de l’équipe, dont certains travaillent ici depuis plus de 30 ans et sont à 3, 5 ans de la retraite.
Le plus choquant c’est que la mairie de nous a jamais fait part de ses intentions, ni a nous, ni à notre direction, et si nous n’étions pas allé consulté le marché, nous n’en serions rien. Les réponses au marché doivent être rendue fin avril… Et il nous reste que peu de temps pour espérer faire bouger la situation, après il sera trop tard !« 
Le Centre Culturel Saint Cyprien est un lieu central où se croisent amateurs et professionnels. C’est un lieu de travail et d’échange. Combien de structures, combien de manifestations, combien d’initiatives, combien d’emplois risquent de disparaître sous couvert de faire des économies des finances publiques qui, rappelons le, sont financées en très grande partie par les impôts des français ?

ACTUELLEMENT À L’ESPACE SAINT CYPRIEN

ven28mar(mar 28)9 h 00 minlun02jui(jui 2)18 h 30 minRima SammanL'amour se porte autour du cou | Le bonheur tueEspace Saint-Cyprien, 56, allées Charles-de-Fitte 31300 Toulouse

Ericka Weidmann
Après des études d'Arts Appliqués et de photographie, elle rejoint un magazine en ligne consacré à la photo en tant que directeur artistique, poste qu'elle occupera pendant 10 ans. En 2010, elle s'installe comme DA en indépendant. En parallèle, elle devient responsable éditorial pour Le Journal de la Photographie et c'est en septembre 2013 qu'elle co-fonde le quotidien L’Oeil de la Photographie pour lequel elle est rédactrice en chef jusqu'en septembre 2016 avant de fonder 9 Lives magazine ! Ericka Weidmann est également journaliste pigiste pour d'autres médias.

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