Actu Art ContemporainOtherSide

Une journée à Rennes : Frac Bretagne et La Criée

Temps de lecture estimé : 5mins

Nouvelles expositions dans ces 2 institutions fer de lance de l’art contemporain en Bretagne et au delà !
Frac Bretagne : Virginie Barré et Pascal Rivet
Dans le bâtiment emblématique d’Odile Decq le Frac dont la collection compte plus de 5000 œuvres de 621 artistes continue à travers un important réseau de partenaires à fédérer par une programmation qui sort des catégories habituellement admises. Son service de documentation, son espace librairie et son restaurant permettent de prolonger la démarche.

Virginie Barré, Bord de mer Des films et leurs objets

Née en 1970 à Quimper, Virginie Barré vit et travaille à Douarnenez qui est devenu l’épicentre d’une communauté d’artistes attirés par les conditions favorables sur place et les échanges entre pairs.
Son goût pour le cinéma (courts métrages et mini séries) et le dessin, ses références à l’abstraction (Hilma af Klint), la place du rêve et de l’enfance, la sphère de l’intime donnent lieu à des collages et télescopages spatio-temporels.
Avec la plage comme toile de fond, Virginie Barré agence des narrations à partir de certaines accessoires sortis du film à qui elle donne un statut d’œuvres d’art par le biais de l’agrandissement et du changement d’échelle. Ainsi de la collection de pompons et boules de sable sortis des « Vacances d’avril »(2016) scénettes où interviennent les filles de l’artiste, autant d’épisodes oniriques du temps présent.
Avec « Odette Spirite » (2013) tourné au Cap Sizun et à Douarnenez, l’artiste se met en scène aux côtés de ses amis dans un film muet qui tient de Tati et du burlesque dans un esprit très 60ies.
Dans le « rêve géométrique (2017) mon coup de cœur, la plage du Ris à Douarnenez devient le théâtre d’une performance collective qui rassemble une centaine de figurants vêtus de costumes spéciaux imaginés par l’artiste, comme autant de clins d’œil à l’histoire de l’abstraction et ses protagonistes féminines.
Présentée en avant-première, la Cascadeure (2017) ouvre une nouvelle mini-série conçue par Virginie Barré en collaboration avec Romain Bochichon et Julien Gorgeart. Amédée l’héroïne de l’histoire revient blessée de son dernier spectacle dans sa ville natale. Elle assiste alors à une série de phénomènes étranges.
Enfin les affiches de chacun des 8 projets renvoient au sens du graphisme et goût de la bande dessinée de l’artiste teintées de références matissiennes (papiers découpés).

En contre-point Pascal Rivet prend la campagne comme terrain d’expérimentation artistique avec « Rase campagne ».

Observateur des mutations que traversent la société et le paysage agricoles, Pascal Rivet imagine un pollar paysan puisant dans les clichés et le folklore dans lequel il a grandi. Deux mannequins en bois aux allures d’épouvantails « les compères-complices » accueillent le visiteur dans une note un peu grinçante. Puis ce sont les tracteurs, (Massey Ferguson), les moissonenneues-batteuses (Dominator), les tronçonneuses reproduites à l’échelle 1, qui interrogent la mythologie collective et fantasmes de grandeur de leur propriétaire. Les techniques vernaculaires et traditionnelles telles que la broderie, la pyrogravure, le bois de volige renvoient à la patience du geste et du labeur en conflit avec les critères de productivité et de performance imposés par l’agriculture actuelle. Il brocarde aussi l’élevage intensif à partir d’aphorismes glanés dans la France agricole ou le paysan breton, deux hebdomadaires de référence de la presse rurale.
Le climax est atteint avec la vidéo « Jour de fête » qui documente l’autodafé d’un de ses tracteurs à l’occasion des feux de la St Jean à Piacé le Radieux (Sarthe). La mise à feu de l’œuvre suscite des réactions contradictoires des spectateurs même si l’artiste officie comme dans un rituel où les cendres du bûcher sont redistribuer le lendemain dans de petites urnes funéraires de sa fabrication.
Mêlant ainsi plusieurs registres et niveaux de lecture, Pascal Rivet entre cynisme et légèreté, processus artisanal et production industrielle, simulacre et réalité, recherche cet entre-temps à l’image de cet entre-deux des zones péri urbaines où les notions de frontières et de limites deviennent poreuses.

« Alors que j’écoutais moi aussi, David, Eleanor, Mariana, Jean, Mark, Genk, David, Daphne, Pierre, Shima, Simon, Zin, Christian et Virginie » à La Criée

Dans l’ancien bâtiment des Halles centrales, la Criée depuis 30 ans conçoit et imagine les scénarii des formes artistiques de demain à travers expositions, projets de recherche, évènements transdisciplinaires.
Face B et dernière exposition autour du cycle du récit, certaines œuvres montrent leur revers, d’autres ont évolué ou laissé des traces depuis la 1ère exposition du cycle. Un parcours qui peut sembler conceptuel et complexe de prime abord où il faut prendre le temps de lire entre les lignes. Ainsi de David Antin et ses magiques « skypoems » ,imprimés par des pilotes aguerris dans le ciel de Californie, Eleanor Antin et sa série de performances « 100 boots »dont sont révélés les versos de la correspondance épistolaire ou Daphne Oram pionnière de la musique électronique expérimentale dont on découvre l’une des inventions. Shimabuku avec sa vidéo « Then I decided to give a tour to the octopus »introduit de l’humour et une certaine légèreté dans ce récit personnel, tandis que David Horvitz développe le potentiel acoustique des océans.
Zin Taylor à partir de mots, d’images et de sons dessine au mur des figures, le collectif Gerlach en Koop rebondit sur le principe des pillows objects et Simon Starling 10 ans après une première aventure en canoé tente de traverser la Mer Morte « Project for a Rift Valley Crossing, a canoe built with magnesium extracted from Dead Sea Water.. »

Enigmatique et sensible.

INFOS PRATIQUES :
Virginie Barré
Pascal Rivet
Jusqu’au 18 février 2018
Frac Bretagne
19 avenue André Mussat,
35000 Rennes
http://www.fracbretagne.fr

« Alors que j’écoutais moi aussi, David, Eleanor, Mariana, Jean, Mark, Genk, David, Daphne, Pierre, Shima, Simon, Zin, Christian et Virginie »
Jusqu’au 18 février 2018
La Criée, centre d’art contemporain
place Honoré Commeurec
35000 Rennes
http://www.criee.org/

Marie-Elisabeth De La Fresnaye
Après une formation en littérature et histoire de l'art, Marie de la Fresnaye intègre le marché de l'art à Drouot et se lance dans l'événementiel. En parallèle à plusieurs années en entreprise dans le domaine de la communication éditoriale, elle créé son blog pour partager au plus grand nombre sa passion et expertise du monde de l'art contemporain et participe au lancement du magazine Artaïssime.

You may also like

En voir plus dans Actu Art Contemporain