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Rencontre avec Laurence Maynier, Directrice de la FNAGP

Temps de lecture estimé : 7mins

Aide à la production, gestion d’un parc d’ateliers de créateurs à Paris et Nogent-sur-Marne, expositions et diffusion des œuvres via la Maison Bernard Anthonioz, valorisation des collections de la fondation, sont les missions principales de la fondation créé à partir de deux legs, celui de la famille de Rothschild et Smith-Champion.

Laurence Maynier est l’ambassadrice incontournable de la fondation depuis l’hôtel Salomon de Rothschild désormais à vocation commerciale et évènementielle.
Nous l’avons rencontré pour découvrir les multiples leviers offerts aux artistes à des moments décisifs de leur parcours.

9 lives : Que se cache-t-il derrière l’acronyme un peu sec de FNAGP ?

Laurence Maynier : Voici la principale question à laquelle je réponds bien volontiers depuis que j’ai pris la direction de cette belle inconnue, qui fait pourtant un travail considérable depuis 40 ans au service des plasticiens.

Derrière ce sigle se cachent, à l’origine, trois généreuses figures féminines qui, sans le savoir, ont offert aux artistes les conditions de création d’une fondation, véritable opérateur en matière d’art contemporain, qui consacre l’ensemble de ses moyens et de son énergie à leur service.

Vaste ambition, me direz-vous ? Et pourtant, depuis sa création en 1976 sur un modèle unique – l’Etat créée une fondation privée d’utilité publique, pour administrer deux legs qu’il a reçus en 1923 pour le premier et en 1944 pour le second – la FNAGP ne cesse de soutenir les artistes plasticiens, qu’ils soient peintres, sculpteurs, graphistes, photographes, performeurs, vidéastes ou tout à la fois…. dès lors qu’ils créent dans le champ des arts visuels.

Ces deux legs sont le fruit de la générosité de trois femmes : Adèle de Rothschild qui offre, la première, son hôtel particulier de la rue Berryer dans le 8e arrondissement à Paris et les trésors qu’il renferme, afin de servir la cause des artistes puis, à leur tour, les sœurs Madeleine et Jeanne Smith qui offrent à l’Etat français leur immense domaine de Nogent-sur-Marne, là encore pour accompagner les artistes.

Les conditions de ces legs sont, d’une part, la conservation d’un joli cabinet de curiosités pour la Baronne de Rothschild – qu’il est, depuis peu, possible de visiter sur rendez-vous -, une manière de laisser une trace de son goût et de son art de vivre et, pour les secondes, la création d’une maison de retraite pour les artistes dans le besoin à Nogent.

9 lives : A quoi sert la Fondation Nationale des Arts Graphiques et Plastiques ?

L. M. : Et c’est à partir de ces actes de philanthropie que la FNAGP va progressivement définir les modes opératoires qui lui paraissent les plus adaptés afin de remplir les attentes des donatrices et de devenir elle aussi, un soutien sinon un mécène des artistes.

Dès les années 70, la Fondation bâtit des ateliers d’artistes en contrebas de son parc de Nogent-sur-Marne, puis la décennie qui suit, un nouveau lot sur un terrain mitoyen. Faute de pouvoir poursuivre ces constructions dans le Val-de-Marne, elle se tourne vers Paris et s’associe à des programmes immobiliers pour construire de nouveaux ateliers. Elle en compte aujourd’hui 91, occupés par des plasticiens de toutes les nationalités, de tous les âges et de toutes les pratiques artistiques.

Dans le même temps, elle reprend la gestion de ce qui s’appelle déjà la Maison Nationale des Artistes, (MNA) cette maison de retraite ouverte en 1945 qui leur est consacrée à Nogent-sur-Marne. Singulier EHPAD qui permet à 75 créateurs âgés de poursuivre, dans un cadre magnifique avec un parc arboré de 10 hectares, leur pratique artistique pour ceux qui le peuvent encore et de rester curieux et avertis, grâce à une programmation culturelle quotidienne qui leur est proposée.

Soucieuse d’offrir aussi un espace d’exposition à la création nouvelle et expérimentale, elle aménage un centre d’art contemporain dans la maison de Madeleine Smith-Champion, l’une des deux sœurs, peintre et élève de Jean-Jacques Henner. Ce lieu est devenu la Maison d’Art Bernard Anthonioz (MABA), en hommage à celui qui imaginât le premier la création d’une fondation… Et l’on y découvre des expositions autour des questions de l’art contemporain dans sa dimension expérimentale, de l’image fixe ou animée, et du graphisme dont elle est devenue par la force des choses l’un des derniers espaces de monstration régulière.

Offrir une maison chaleureuse aux artistes en perte d’autonomie, accueillir des artistes dans des ateliers et des ateliers-logements, leur réserver un espace de diffusion de leur travail constitue déjà en soi une palette ambitieuse d’interventions. Mais la FNAGP ne s’arrête pas là.

Grâce aux revenus immobiliers qu’elle sait dégager de ses biens – c’est sa seule source de financements – elle instaure, à partir de 2011, une aide à la production qui réserve un soutien financier conséquent, chaque année, aux projets d’artistes soumis à une commission mécénat.

Et, tout naturellement, il lui fallait remonter aux premiers pas pour pouvoir prétendre à un accompagnement cohérent et capable de soutenir les artistes aux étapes clefs de leur carrière. C’est chose faite depuis 2016 avec un partenariat de deux années conclu avec une école d’art pour faciliter la transition de l’état privilégié d’étudiant d’art diplômé à celui d’artiste, le plus tôt possible inscrit dans le paysage culturel,

La FNAGP est un acteur discret de la politique culturelle en France et le mécène de quelque 300 artistes soutenus par sa commission mécénat, de plus de 450 artistes dont les œuvres ont été présentées sinon produites à la MABA, d’une dizaine de très jeunes artistes fraîchement diplômés de l’école de la photographie d’Arles, première école bénéficiaire du mécénat de la FNAGP à l’endroit des écoles d’art. Elle a permis à plus de 1 000 artistes de résider à la MNA et à plus de 100 de disposer, aujourd’hui, d’un atelier qui leur permet de produire.

Et derrière ces chiffres, ce sont des œuvres, ce sont des noms, ce sont des hommes et des femmes portés par leur art, qui contribuent à nous offrir un regard, une question, un miroir sur notre monde. C’est probablement là parmi les missions les plus exaltantes qui soient, que de les rencontrer, de les écouter, de les comprendre et de les accompagner.

C’est la Fondation des Artistes !

Cette écoute permet aussi de bouger les lignes et de faire évoluer les modalités d’accompagnement dont ils ont besoin ; ainsi la question du rayonnement de la scène artistique française à l’étranger est un nouvel axe sur lequel la FNAGP travaille et devrait prochainement pouvoir s’investir pour compléter encore davantage son engagement en faveur des artistes.

Retrouvez les prochaines actualités de la FNAGP, à découvrir à Nogent-sur-Marne :

  • le 9 mars, l’exposition Fables, Formes Figures, qui offrira un intéressant dialogue entre un sculpteur Raphaël Zarka et un peintre Emmanuel Van der Meulen, à la Maison d’Art Bernard Anthonioz
  • le 9 mars, l’accrochage d’une sélection de peintures du chef de file de la Figuration narrative, Jacques Monory avec Viens me voir, à la Maison Nationale des Artistes
  • le 9 mars, la parution dans la nouvelle Collection du Parc, coéditée par la FNAGP et Bernard Chauveau Editions, Un temps de rêve consacré à la résidence du photographe Grégoire Korganow à la Maison Nationale des Artistes.

A Paris, sur rendez-vous :

  • la découverte du cabinet de curiosités de la Baronne Adèle de Rothschild qui fit construire l’Hôtel Salomon de Rothschild, 11 rue Berryer Paris 8e, siège de la FNAGP.

Pour en savoir plus : https://www.fnagp.fr + Réseaux sociaux

 

Marie-Elisabeth De La Fresnaye
Après une formation en littérature et histoire de l'art, Marie de la Fresnaye intègre le marché de l'art à Drouot et se lance dans l'événementiel. En parallèle à plusieurs années en entreprise dans le domaine de la communication éditoriale, elle créé son blog pour partager au plus grand nombre sa passion et expertise du monde de l'art contemporain et participe au lancement du magazine Artaïssime.

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