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Printemps de l’art contemporain et MP21018 : Marseille fédératrice d’énergies accueille l’Ecosse

Temps de lecture estimé : 9mins
A l’occasion de la 10ème édition du Printemps de l’art contemporain (9 au 26 mai) et de MP 2018 Quel amour ! Marseille voit grand et se déploie dans de nombreux lieux du territoire élargi à Aix-en-Provence, Istres, Port-le-Bouc, Saint Chamas, Châteauneuf le rouge…
Comme le rappelle Pascal Neveux, directeur du Frac Paca et président de Marseille Expos (cf notre interview du 20.09), le PAC « ce sont plus de 70 projets et la mobilisation de tous les acteurs avec ce focus sur la scène écossaise autour d’artistes internationaux confirmés et d’autres plus émergents. »
Une énergie qui se cristallise autour de la formidable exposition Quel amour !? imaginée par l’artiste Eric Corne pour le MAC, Musée d’art contemporain, un manifeste décliné autour de visions plurielles et parfois contradictoires, sur lequel nous reviendrons avec Thierry Ollat le directeur du MAC.

Erick Gudimard nous a également présenté en détail la Nuit de l’Instant et le futur Centre photographique de Marseille. Centre d’art international, pôle d’éducation à l’image photographique, lieu de ressources, résidence pour artistes, le Centre Photographique de Marseille a pour vocation la monstration, l’expérimentation, l’hybridation, le partage, la découverte, l’éducation, la formation et l’édition. Erick Gudimard, directeur des Ateliers de l’image, nous a dévoilé en avant-première les rôles du futur centre et les multiples initiatives déployées à l’échelle de Marseille et au delà.

L’invitation à l‘Ecosse à travers Love Letters est l’occasion de plus, de découvrir des artistes de cette scène peu exposés en France.
Que retenir de cette offre marseillaise, pluridisciplinaire et ouverte sur le monde, diurne et nocturne ?
  • Rachel Maclean et Nicolas Daubannes au château de Servières :
A l’occasion des 30 ans du projet du Château de Servières, des 10 ans des Ateliers et des 5 ans de Paréidolie, Martine Robin, directrice, s’associe à cette saison écossaise en proposant un solo show de l’artiste Rachel Maclean internationalement reconnue (57ème Biennale de Venise, Tate Britain..).
Fascinée par l’univers des contes de fées, l’artiste se met en scène dans des décors baroques et cauchemardesques pour dénoncer notre addiction aux dictatures narcissiques de l’image et autres déviances scopiques. Elle fait partie de cette jeune génération qui bouscule les codes et se nourrit des nouvelles esthétiques trash et glamour.
« Spite Your Face »(2017) dénonçait la soif du pouvoir dans un monde de compromission permanent, « We Want Data ! »traite de l’exploitation abusive des données, tout comme « Its’ What’s Inside That Counts » ces grotesques cybers rongeurs hackers.
Nicolas Daubannes avec OKM à la suite de sa résidence dans les hôtels Vacances Bleus (Mécènes du Sud) s’est questionné sur la notion de bien être et vie de rêve telle que vendue par ces établissements. Alors qu’il intervient en général dans des milieux plus hostiles (prison, hôpital) il a réagi à partir de témoignages de vacanciers sur cette mise au calme dans une allégorie matérialisée par cette sirène militaire récupérée clandestinement, à la fois fascinante et inquiétante.

Depuis longtemps identifiée dans la région avec des actions effectives sur le terrain pour amener la connaissance de l’art contemporain auprès de populations diversifiées, l’association Château de Servières travaille à la promotion d’artistes jeunes ou confirmés.Elle a ainsi coproduit et accompagné le travail de plus de 400 artistes et organisé des échanges avec une quinzaine de pays du pourtour méditerranéen.Ces projets engagés et novateurs en correspondances avec les enjeux de l’art contemporain sont travaillés en partenariats avec des structures culturelles, sociales et privées.La dynamique instaurée depuis 20 ans se poursuit aujourd’hui dans l’espace d’exposition des Ateliers d’artistes mis à disposition par la ville de Marseille, dont celui de l’artiste Ugo Schiavi exposé à la Double V galerie.

  • Vidéochroniques : Mehdi Zannad et l’entreprise Milhe & Avons (ateliers Quel amour ! et Mécènes du sud)
Depuis plusieurs générations la société marseillaise Milhe & Avons propose une gamme d’emballages personnalisés haut de gamme, par différents processus dont la flexographie qui a fasciné l’artiste. Détourner les outils d’impression pour reprendre les principes de la gravure telle a été la motivation de cette résidence pour Mehdi Zannad, architecte de formation, dessinateur, chanteur et compositeur.
Signalons également Nicolas Gilly qui part de sa paume de main pour imaginer un journal sur le vif dans les rues de Marseille. Des croquis savoureux et éphémères où l’aléatoire et le geste interviennent autant que l’attente et l’oisiveté créatrices.
  • Philippe Murphy « BRY » à la Galerie HO, Marseille
La petite entreprise de l’écossais Philippe Murphy ne connaît pas la crise ! A partir de ses réflexions sur le Bahaus et le design moderniste, il imagine pour la galerie-librairie un café chocolaterie. Une performance à savourer et partager où il interagit lui même.
 
La librairie Histoire de l’Œil spécialisée dans les formes contemporaines sera présente à Images Singulières, Sète.
  • Carlos Kusnir à la Friche Belle de Mai et au Frac :
Une collaboration inédite entre le FRAC Provence-Alpes-Côte d’Azur et Triangle France à la Friche la Belle de Mai, qui se déploie sur deux lieux et propose un regard non chronologique sur la pratique de l’artiste argentin, vivant à Marseille et Paris. Une œuvre faite d’assemblages et de superpositions fragiles pour dire l’impermanence de nos certitudes. Comme cet assemblage non fini sur le 2ème plateau du Frac qui invite le visiteur à poursuivre par son imaginaire le sens de la narration.
Citons également les deux films de Charlotte Moth présentés au Frac par la commissaire Caroline Hancock, Study for a 16 mm film et La Réserve (finaliste Prix Marcel Duchamp).
  • Doriane Souilhol et Douglas Morland à la Compagnie :
« L’intrigue se cherche dans le dénouement de son nœud »est l’exemple le plus abouti à mon sens, d’un dialogue entre un artiste marseillais et écossais.
Sous le commissariat de Francesca Zappia les nombreux échanges préparatoires se manifestent à travers une vaste installation dans le bel espace de la Compagnie qui rejouent les problématiques du langage qu’il soit parlé, chorégraphié ou transmis par le biais de certaines technologies.
Doriane Souilhol est partie de la reproduction des sons sous l’influence de la lumière et des travaux d’Alexander Bell, écossais inventeur du téléphone et fasciné par l’acoustique. Il a ainsi inventé les premiers vinyles en verre, reproduits par l’artiste à l’entrée de l’exposition et préfiguré la fibre optique.
Le Journal de l’exposition est son prolongement indispensable.
La Compagnie est une association régie par la loi 1901 créée en 1991. En 1996, elle a ouvert les portes d’un lieu de création réhabilité par Rudy Ricciotti, au 19 rue Francis de Pressensé dans Belsunce, Marseille. Le programme d’expositions d’art contemporain, de soirées et les ateliers de création participent d’une volonté de brouiller les frontières sociales inséparables des pratiques et des savoirs (Gilles Deleuze, sur le tombeau de Michel Foucault).
  • En galeries :
-Rue du Chavelier Roze : on retient
Carte blanche à Jason Matthew Lee à la galerie Crèvecœur : l’artiste -hacker qui s’emploie à brouiller les filtres invite des artistes à réaliser des performances en mode « fin de soirée »..
Marie Angeletti chez Atlantis : une approche radicale autour des dérives immobilières et gentrification de certains quartiers de Marseille
Jenna Kaes au South Way studio, commissariat de Emmanuelle Luciani & Charlotte Cosson : une ode à la mystique contemporaine à partir des recherches de cette designer diplômée de l’ECAL.
-Mention spéciale pour : Ugo Schiavi, Double V galerie
L’artiste qui monte, qui monte.. à partir de deux fragments de corps, l’un contemporain de son cercle propre et l’autre appartenant à l’histoire, il imagine des « moulages vandales » pour reprendre les propos de Gaël Charbau lors des Révélations Emerige 2018.
-Un bémol cependant pour Art-Cade, galerie des Grands Bains Douche où Vanessa Brito, professeur à l’ESAD Marseille et Kirsteen Maddonald, responsable du réseau écossais Curatorial Studio ne parviennent pas à convaincre à partir de cette exposition performative autour de la notion d’épuisement.

  • Au delà de Marseille :
Sarah Forrest et Linda Sanchez au 3 BIS F Centre d’art, Aix-en-Provence
Nous avions rencontré Linda Sanchez, lauréate Emerige 2018 (notre entretien du 11.01.19) , on la retrouve à l’issue de cette résidence partagée avec l’écossaise Sarah Forest où elles ont tenté d’imaginer comme pour toute histoire d’amour ce qui va se passer à travers la vidéo et l’activation de sculptures.
Depuis 1983, le 3 bis f, situé dans le Centre Hospitalier psychiatrique Montperrin, développe un lieu de créations contemporaines tant dans le domaine des arts vivants que dans celui des arts visuels au sein de son centre d’art. Chaque année, sur des temporalités variables allant de quelques semaines à plusieurs mois, des artistes et compagnies sont invités à proposer et développer des projets dans le cadre de résidences de recherche ou de création pour le lieu.
A venir :
J1
A l’invitation de Charlotte Cosson et Emmanuelle Luciani pour MP2018, Korakrit Arunanodchai, investit le grand plateau du J1 du 20 juin au 29 juillet 2018.

Infos pratiques :
 
Printemps de l’art contemporain-PAC 2018
jusqu’au 26 mai
Mode d’emploi et agenda :
Dépliant gratuit Marseille Expos à télécharger
MP 2018 quel amour : + 450 événements
 

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Marie-Elisabeth De La Fresnaye
Après une formation en littérature et histoire de l'art, Marie de la Fresnaye intègre le marché de l'art à Drouot et se lance dans l'événementiel. En parallèle à plusieurs années en entreprise dans le domaine de la communication éditoriale, elle créé son blog pour partager au plus grand nombre sa passion et expertise du monde de l'art contemporain et participe au lancement du magazine Artaïssime.

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