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Accords et désaccords de deux géants de l’abstraction : Calder-Picasso au musée Picasso Paris

Temps de lecture estimé : 3mins

Orchestrée par les 2 petits fils des maîtres, Bernard Ruiz-Picasso, co-fondateur et co-président de la Fundacion Almine y Bernard Ruiz-Picasso para el Arte et Alexander S.C. Rower, fondateur et président de la Calder Foundation, cette rencontre au musée Picasso Paris tient du génie.

Des moments d’apesanteur au fur et à mesure que se déploie l’argument plastique et scientifique dans une scénographie d’une réelle rigueur et beauté. Un terme que je n’emploie pas fréquemment. Les 120 oeuvres prestigieuses de ce match au sommet s’articulent dans un chassé croisé autour du vide, « l’antimatière », synonyme de « forces invisibles » chez Calder, « d’urgence créatrice » chez Picasso, selon les paroles de leurs descendants. Pour Picasso, « il en va de sa prise de conscience de « la finitude de la vie », pour Calder, cela rejoint « les résonnances d’énergie vibratoire ».

Ils se rencontrent pour la première fois en 1931 à la galerie Percier à Paris où expose Calder, puis se retrouveront à trois occasions suivantes. Personne n’avait exploré jusqu’ici cet aspect de leurs recherches communes et dissentions futures.

Le rapprochement du « projet pour un Monument à Apollinaire » avec le mobile de 1937 ouvre le bal. Le fil est tendu, ténu toujours mais ne se rompt jamais. D’une grande subtilité. Des épiphanies comme avec les sculptures en fil de fer de Calder, « Joséphine Baker », « le Lanceur de poids », et « Petite fille sautant à la corde » sculpture en plâtre et céramique ou « Acrobate » peinture de Picasso. De même avec « Tête de taureau » et « Sans titre 1942 », un mobile si aérien.

Quand nous pénétrons dans leurs ateliers respectifs l’on mesure bien des revendications différentes, une vision bouillonnant et inachevée pour l’américain « My Shop », l’autre est vide ne laissant apparaître que le décor environnant et une toile encore vierge, « La Californie ». L’on sait la parenté de Calder avec Duchamp à qui il doit l’appellation de mobile et sa relation ambigüe avec l’abstraction. Picasso s’approche du ready made avec Tête de taureau comme le souligne Donatien Grau dans le catalogue, sans toutefois y céder complètement. Vaste débat qui ouvre le champ des possibles pour les générations suivantes.

Au delà de ces données intellectuelles savantes, il faut se laisser gagner par l’émotion devant ces champs mobiles et résonnances habitées. Se laisser toucher par la grâce pour entrer dans la danse. Sur un fil.

INFOS PRATIQUES :
CALDER-PICASSO
Jusqu’au 25 août 2019
Musée national Picasso
5 Rue de Thorigny
75003 Paris
Conférences :
Conférence « Dialogue avec le vide» En savoir +
Conférence des commissaires Alexander S. C. Rower et Bernard Ruiz-Picasso En savoir +
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http://www.museepicassoparis.fr

Marie-Elisabeth De La Fresnaye
Après une formation en littérature et histoire de l'art, Marie de la Fresnaye intègre le marché de l'art à Drouot et se lance dans l'événementiel. En parallèle à plusieurs années en entreprise dans le domaine de la communication éditoriale, elle créé son blog pour partager au plus grand nombre sa passion et expertise du monde de l'art contemporain et participe au lancement du magazine Artaïssime.

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