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Paroles arméniennes par le photographe Patrick Rollier

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Dans cet ouvrage publié aux éditions D’une rive à l’autre, Patrick Rollier rassemble les photographies réalisées en Arménie lors de ses nombreux voyages effectués entre 2015 et 2018, et les témoignages d’arménien·es recueillis au fil de ses rencontres. Ce livre, qu’il a choisi d’intitulé « Arménie, année zéro », raconte l’histoire contemporaine d’un pays marqué par de profondes cicatrices.

« L’histoire moderne de l’Arménie est partagée en deux parties : avant et après le tremblement de terre. Ce n’est pas avant ou après l’Indépendance : c’est juste avant ou après le tremblement de terre. Beaucoup de choses ont changé brusquement : quand tu vois la ville que tu aimes détruite, c’est aussi ton âme qui est détruite. Et la perte des proches… Tout s’est enchainé, la chute de l’Union soviétique, l’Indépendance, la guerre du Haut Karabakh, tous ces événements se sont entassés dans une même période. » – – Extrait de témoignages

L’Arménie est ce pays du Caucase coincé entre l’Europe et l’Asie. Si son Histoire se déploie sur plusieurs millénaires, ces trente dernières années ont marqué un virage dans la vie de ceux·elles qui vivent sur ses terres. Des générations qui ont mis à rude épreuve leur résilience face à des tragédies successives, dont le génocide perpétré par les turcs il y a un plus d’un siècle, entrainant ainsi une importante diaspora dans le monde. Aujourd’hui, seul un quart des arménien·enes vit en Arménie. C’est à eux·elles que le photographe français Patrick Rollier a souhaité donner la parole.

1988 : Année zéro*. Cette date du 7 décembre 1988 marque le tremblement de terre qui a touché Gyumri, l’une des plus grandes villes du pays, qui dévastera la région de Spitak et provoquera des dizaines de milliers de morts. À l’heure de la reconstruction, l’Arménie fera face à de nombreux bouleversements comme le conflit avec l’Azerbadjian sur le Haut-Karabagh et l’accès à son indépendance en 1991. C’est toute une population qui a été contrainte de se reconstruire et s’adapter à des changements politiques, économiques et sociaux majeurs.

Son premier voyage en Arménie remonte à 2015. Patrick Rollier a rencontré des familles pour recueillir leurs témoignages de vie à travers différentes générations. Des plus anciens, qui ont connu « la vie d’avant » et qui éprouvent la société d’aujourd’hui, aux plus jeunes qui doivent vivre avec la mémoire d’un passé révolu. Jusqu’en 2018 – date anniversaire célébrant les 30 ans de l’année zéro – le photographe s’est rendu à 8 reprises à Hayastan**, pour rencontrer et photographier ces hommes et ces femmes auxquels il rend hommage dans cet ouvrage sensible et pudique. Au fil des pages, on découvre des témoignages qui se suivent et s’entrecroisent en regard avec les images, dont aucune n’est légendée, de la volonté du photographe.

*Une nouvelle, si l’on compte avant elle la période de chaos de 1918-1919 du massacre des arméniens, qualifiée également d’année zéro.
**Hayastan : nom de l’Arménie en arménien.

A LIRE :
Diyarbakir : Le Cri du Silence, Antoine Agoudjian sur les traces d’une mémoire arménienne
Carte blanche à Francine Deroudille : Le photographe Antoine Agoudjian

Ericka Weidmann
Après des études d'Arts Appliqués et de photographie, elle rejoint un magazine en ligne consacré à la photo en tant que directeur artistique, poste qu'elle occupera pendant 10 ans. En 2010, elle s'installe comme DA en indépendant. En parallèle, elle devient responsable éditorial pour Le Journal de la Photographie et c'est en septembre 2013 qu'elle co-fonde le quotidien L’Oeil de la Photographie pour lequel elle est rédactrice en chef jusqu'en septembre 2016 avant de fonder 9 Lives magazine ! Ericka Weidmann est également journaliste pigiste pour d'autres médias.

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