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Rencontre avec Antoine de Galbert, collectionneur et fondateur de la Maison Rouge

Temps de lecture estimé : 5mins

Dans le prolongement de l’exposition Day for Night présentée au SHED, centre d’art contemporain de Normandie, en 2016, qui regroupait une sélection des œuvres vidéo de la collection Antoine de Galbert autour du portrait, le SHED propose Day for (your) Night : une exposition en ligne des 46 vidéos présentées il y a quatre ans, jour pour jour. Y défilent aussi bien Hans Op de Beek, Pilar Albarracin, Jean-Charles Hue, Roman Signer, Patti Chang, Steven Cohen.. suggérant aussi bien les fantasmes, l’intime, la mise à l’épreuve de soi, l’autoportrait, la vanité, dans une pluralité d’écritures insoumises.

Antoine de Galbert mécène et collectionneur, fondateur de la Maison Rouge et Jonathan Loppin, directeur artistique du SHED et artiste ont répondu chacun à nos questions revenant sur ce contexte singulier du confinement. La Fondation Antoine de Galbert a lancé un Fonds de soutien aux artistes qui a donné un vrai signal à l’ensemble du monde de l’art. Antoine de Galbert nous en dresse le bilan ainsi que la poursuite d’autres engagements qui l’animent.

A quand remonte vos liens avec le Shed et pourquoi avoir accepté cette nouvelle proposition de Jonathan Loppin ?

Nous avions des amis communs qui m’ont fait découvrir l’association et j’avais déjà montré une sélection de mes vidéos en lien avec la thématique du portrait pour le festival Normandie Impressionniste en 2016. Le Shed avait imaginé un dispositif très astucieux, sorte de lanterne magique dans laquelle était projetée différents formats de vidéos et de sons, afin d’éviter que les vidéos ne se polluent entre elles, le tout formant un résultat très abouti. Pendant le confinement dans ce contexte où le digital a pris beaucoup de place, ils m’ont demandé si j’étais d’accord de renouveler le projet sous un angle différent. Ce sont des gens formidables que je vais continuer à aider dans le cadre du mécénat de ma fondation. Nous allons soutenir en 2021 l’une de leurs expositions.

Vous avez lancé en plein confinement un Fonds de soutien aux artistes qui a été un signal très fort

Au début cela répondait à une préoccupation très sociale. Beaucoup d’artistes se trouvant en grande difficulté, ma fondation a souhaité faire un geste immédiat face à cette urgence. Depuis le dé-confinement, je regarde plus subjectivement la qualité artistique des demandes en m’efforçant d’accompagner des projets. Le fonds atteindra environ 400 000€ en fin d’année. Nous soutenons l’ensemble du monde de l’art contemporain non-salarié, et particulièrement les étudiants qui risquent d’avoir une rentrée difficile.

Avez-vous acheté pendant le confinement ?

Je l’ai fait à plusieurs reprises comme à l’occasion de la vente Piasa pour les soignants, de la vente Rouillac, et nous soutenons plusieurs fonds d’aide aux artistes.

Les projets de la Fondation

Je lance avec ma petite équipe une collection de monographies d’artistes, les deux premières seront présentées en septembre. Ces monographies, numérotées et éditées à 300 exemplaires, seront diffusées sur notre librairie On-line. Nous poursuivrons également tous nos autres projets, soutiens à l’Ecole du Louvre et à l’Ecole des Beaux-Arts, co-éditions de catalogues d’expositions, soutiens à des expositions, acquisitions d’œuvres pour le musée de Grenoble, etc.

A quel horizon estimez-vous une reprise ?

Je souhaite que cela redémarre vite mais je ne suis pas devin et personne ne peut faire de projections. Tout se décidera en septembre, car en plus de la crise, nous arrivons à la saison d’été où les galeries tournent traditionnellement au ralenti.

Pensez-vous que cette crise conduise à des changements durables dans le monde de l’art ?

Le bouleversement du marché de haut niveau est sans conteste la suppression des foires, mais il y a de tels intérêts financiers dans ce marché spéculatif, que les transactions continueront d’une manière ou d’une autre. J’ai vécu la crise de 1991 dans ma galerie grenobloise sans rien vendre pendant un an, j’ai pu alors constater que les gros s’en sortent toujours, car ils vivent sur un stock, et créent de nouvelles cotes pour de nouveaux artistes, qu’ils savent promouvoir comme des produits consommables. Je suis plus inquiet pour les galeries qui restent fidèles à ce qu’elles sont, sans être inféodées aux paillettes de l’art contemporain. Beaucoup sont des amies et je leur souhaite le meilleur.

INFOS PRATIQUES :
« Day for (your) Night »
Collection vidéo d’Antoine de Galbert
Exposition en ligne du 29 mai au 31 août 2020
Semaine #5
Self portrait
Les artistes face à eux-mêmes.
Une question d’introspection.
Adam Vackar, Slap, 2007
Lucien Pelen, A la porte des mémoires, 2015
Patty Chang, In love, 2001
Patty Chang, Fountain, 1999
Barthélémy Toguo, The Thirsty Gardener, 2005

Pour visionner les vidéos, cliquez ici !

La Fondation et collection Antoine de Galbert :
https://fondationantoinedegalbert.org/

Le SHED, centre d’art contemporain de Normandie
Site Gresland :
12 rue de L’Abbaye
76960 Notre-Dame de Bondeville
Site de l’Académie :
96 rue des Martyrs de la Résistance
76150 Maromme

Le SHED a besoin de vous !
Soutenez-nous en adhérant ou en devenant membre bienfaiteur.
http://www.le-shed.com

A LIRE :
Jonathan Loppin : «  Les vidéos d’Antoine de Galbert sont à l’image de ce qu’il est et de ce qu’était la Maison Rouge, une multiplicité de formes et de questionnements »
Le SHED met à l’honneur le photographe Mathieu Douzenel
Rencontre avec Jonathan Loppin, directeur artistique du SHED et artiste
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Ceija Stojka : Avoir 10 ans à Auschwitz. Les expositions testaments d’Antoine de Galbert (1/2)
Les Black Dolls de la collection Deborah Neff. Les expositions testaments d’Antoine de Galbert (2/2)

Marie-Elisabeth De La Fresnaye
Après une formation en littérature et histoire de l'art, Marie de la Fresnaye intègre le marché de l'art à Drouot et se lance dans l'événementiel. En parallèle à plusieurs années en entreprise dans le domaine de la communication éditoriale, elle créé son blog pour partager au plus grand nombre sa passion et expertise du monde de l'art contemporain et participe au lancement du magazine Artaïssime.

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