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L’Architecte Plasticienne exposait à L’espace Beaurepaire, lors de l’exposition La Nature reprend ses droits, une ville miniature mais d’ampleur, une pièce magnifique, sculpture, édifice, ville de sable pétrifiée aux confins des déserts, volumes de faibles densités et comme liliputien, permettant au visiteur, à hauteur de regard, d’être ce géant qui regarde la ville miniature et vivante, se couler hors du rêve dans la fragrance tangible des mains qui sculptent, caressent, donnent vie.

Le statement de l’œuvre stipule l’aspect fantastique de la source et de l’intention de l’oeuvre. Ce n’est pas à mon sens sa vertu première , elle suscite pour moi, hors du slogan qui fait thème, image, imaginaire, produit une fiction, s’éprend du sensible, interpelle le rêve, s’émeut de ses correspondances avec Naples, Tanger, Montevideo, San Paulo, toute cité connaissant les bas quartiers, dans des constructions anarchiques qui s’empilent, branlantes, désuettes, et qui s’esquivent par le haut, hors des pauvretés, vers le ciel.

“La Cité sans Nom”
2020
Installation au sol, céramique, sable
280cm x 55cm (céramique), installation dans son ensemble 350cm x 155cm

Sylvia Goubern est en quelques sortes la magicienne qui accueille entre ses doigts la fine fleur des sables pour les pétrir de ses mains heureuses afin de modeler petites maisons au toit terrasse, rues étroites, médina, places, toute une accumulation de temps stratifié.

Cette proposition très intéressante séduit c’est à dire déplace et fait voyager.. l imaginaire du désert et la ville bleue issue du sable et de la brique …. un désert qui avance, insinue son sable dans les rues, grossit comme une mer vineuse, les murs sont encore un rempart….variations infinies et silencieuses du rêve, architectures de romans issues des secrets vivants en ces maisons minuscules mangées de soleils, portant l’ombre fraiche et l’eau claire au désir des joies de l amour, vaste chant marmoréen, Nuits, soleils de minuit, quand mille et une nuits s emparent de la cité des sables la bas tout la bas à l Orient et qu une main a reconstruit le roman des vies invisibles de cette cité fantôme, à peine perçue , vivante en creux, visibilité des invisibles. Percée des regards….

“La Cité sans Nom”
2020
Installation au sol, céramique, sable
280cm x 55cm (céramique), installation dans son ensemble 350cm x 155cm

Un rêve joint la nuit qui succède à la blancheur afin que les yeux percés se hissent au devant des djinns qui habitent les avenues de la cité ivre du désert et amante du temps…. une création qui enfièvre et pacifie, comme la montée d’un désir qui s’éteint avant de reparaitre, et qui devrait au hasard des yeux et du regard, la félicité des promenades inspirées au creux des rues minimales, toute une poétique du temps et de l’habitat, un rêve actif tout ensommeillé des sables et de leurs brulures….La ville ainsi respire.

“La Cité sans Nom”
2020
Installation au sol, céramique, sable
280cm x 55cm (céramique), installation dans son ensemble 350cm x 155cm.

Statement

Après une formation aux Beaux Arts de Paris, Sylvia Goubern s’oriente vers la scénographie et la décoration. Elle réalise de nombreux décors pour des tournages de clips, de concerts, de cinéma et de théâtre. Depuis quelques années elle se consacre essentiellement à sa pratique artistique et plus particulièrement à la céramique qu’elle développe entre Paris et Mexico.

Modelée en grès, cette installation évoque une cité disparue, engloutie par les sables vengeurs d’un désert imaginaire. Cette pièce s’inspire de la nouvelle de science-fiction d’Howard Philips Lovecraft dont elle reprend le titre “La cité sans Nom”. Un explorateur y découvre une ville enfouie sous le sable du désert d’Arabie. Ici la Nature a aussi repris ses droits, figeant à tout jamais cette Atlantide des sables. On s’interroge alors sur son histoire: cette
ville fantôme serait-elle victime d’une catastrophe climatique ou de l’impact dévastateur de l’activité humaine ?
Par nature, le désert se prête à tous les fantasmes, qu’il soit aride ou polaire, il est le berceau de nos fantasmes et de nos peurs primitives. Le sentiment de démesure par rapport à la cité enfouie est une métaphore de la responsabilité de l’homme vis à vis de la nature. La fragilité physique de la céramique posée au sol est soumise aux pas des visiteurs.
Sylvia Goubern.

« Ainsi étendu, immobile et les yeux fermés, libre de méditer, de nombreux détails des fresques, que j’avais à peine remarqués tout d’abord, me revinrent à l’esprit, chargés d’un sens nouveau et effroyable… » H.P. Lovecraft.

http://sgoubern.free.fr/

 

Pascal Therme
Les articles autour de la photographie ont trouvé une place dans le magazine 9 LIVES, dans une lecture de ce qui émane des oeuvres exposées, des dialogues issus des livres, des expositions ou d’événements. Comme une main tendue, ces articles sont déjà des rencontres, polies, du coin des yeux, mantiques sincères. Le moi est ici en relation commandée avec le Réel, pour en saisir, le flux, l’intention secrète et les possibilités de regards, de dessillements, afin d’y voir plus net, de noter, de mesurer en soi la structure du sens et de son affleurement dans et par la forme…..

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