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« unRepresented s’inscrit dans la suite logique d’ a ppr oc he : Découvrir, soutenir et grandir auprès d’œuvres et d’artistes qui habitent toujours mon quotidien 10 ans plus tard, tisser une histoire commune et pérenne. Une démarche qui n’est plus possible aujourd’hui dans la plupart des foires ». EG

Forte de 6 ans d’expérience concluante avec a ppr oc he, Emilia Genuardi se dote d’un second rendez-vous annuel au printemps avec unRepresented, salon inédit dédié aux artistes de la scène photographique expérimentale, non représentés en galeries et soutenus par une communauté de collectionneurs. Partant du principe que ce genre d’expérience n’est plus possible dans les grandes foires trustant désormais le marché, elle imagine cet écosystème vertueux qui place l’artiste au cœur du réacteur qu’il soit émergent ou confirmé dans une ambiance à taille humaine autour d’un lien qui fait sens et se poursuit.

L’une des nouveautés est le financement de ces 14 solo shows permis par le soutien de collectionneurs fidèles à l’esprit d’ a ppr oc he. Le lieu connu des amateurs reste l’élégant Hôtel particulier Le Molière en plein centre de la capitale avec pour date la semaine du printemps de l’art contemporain impulsée par Art Paris dont unRepresented est partenaire via le programme VIP de la foire. Emilia Genuardi qui songe déjà à une prochaine édition européenne, a répondu à mes questions.

Portrait Emilia Genuardi, Founding Director, Curator

Vous lancez unRepresented : quelles sont vos sources d’inspiration ? et pourquoi maintenant ? 

A la suite du succès remporté par la 6ème édition d’ a ppr oc he et de l’évolution globale de la formule auprès d’un public toujours plus nombreux, ce qui reste une chance, j’ai décidé de donner une présence à des artistes non représentés et de qualité.
Depuis la première édition du salon a ppr oc he, je m’attache à laisser une à trois places par édition à des artistes non représentés. Force est de constater que beaucoup d’entre eux ont été sollicité par des galeries suite au salon. Ce qui est d’autant plus intéressant est que certaines de ces galeries étaient extérieures au salon.

Aussi, un constat fait dès l’origine, et mon métier me conduisant tout au long de l’année à aller à la rencontre de ces artistes, de visiter des ateliers, j’ai souhaité leur laisser une place de choix et leur offrir une visibilité sur le marché, en leur consacrant un salon à part entière.
Si, comme vous le savez, à a ppr oc he mon but est de vendre, il s’agit également de tisser des liens entre les artistes, les institutions publiques ou privées, les collectionneurs, les amateurs.. de dessiner une histoire à long terme. Nous travaillons bien au-delà des 4 jours du salon et chaque année apparait une famille nouvelle qui continue de se développer.

Quel modèle économique défendez-vous ?

A l’occasion de la 6ème édition d’ a ppr oc he j’ai décidé de ne pas montrer d’artistes non représentés étant donné que je préparais ce modèle depuis 1 an ½ pour leur dédier un salon à part entière tout en trouvant une viabilité économique à ce format complètement inédit. C’est chose faite à présent et tout en gardant à ma liberté par le biais des collectionneurs qui soutiennent ma démarche à travers la possibilité donnée à un artiste de participer au salon moyennant une œuvre offerte. Ils s’inscrivent dès lors au cœur du processus et assurent à ces artistes une place sur le marché que les foires d’art contemporain, photo ou autre, ne peuvent plus ou ne veulent plus garantir aujourd’hui, certaines ne l’ayant jamais escompté d’ailleurs.

Qu’entendez-vous par artiste non représenté ?

Sans pour autant tomber dans le jeunisme, il existe des artistes de tout âge non représentés. On peut être un jeune artiste à 60 ans, avoir un retournement de carrière, connaitre une renaissance…toutes les configurations sont possibles.
De même pour les raisons qui conduisent un artiste à ne pas être représenté. Il peut ne pas vouloir être représenté ou être entre deux galeries etc…

Lara Tabet
Sea 01, Série Eleven Fragmented Seas, 2020. 90 x 115 cm
Bactériographie numérisée et imprimée sur aluminium brossé
Édition de 5 +1 épreuve d’artiste © Lara Tabet / Courtesy de l’artiste

Quels sont les critères de sélection des artistes ?

Cela diffère selon les typologies de collectionneur. Même s’il est important que je garde un rôle de chef d’orchestre si l’on veut rester dans la même précision que le salon a ppr oc he et proposer à unRepresented 14 manières singulières et complémentaires d’expérimenter le medium photographique.
Je vais ainsi veiller à ce que l’ensemble soit le plus éclectique possible.
Pour cette édition de lancement j’ai d’abord privilégié le cercle des collectionneurs d’a ppr oc he afin de favoriser du sens et de m’inscrire dans la continuité. Une suite logique m’a conduit à aller puiser dans les contacts réguliers des amateurs fidèles dont les collections défendent ce genre d’expérimentation du medium. J’ai tout de suite trouvé un bel écho de leur part.

Les modalités financières sont l’une des grandes nouveautés du salon, la prise en charge se faisant par les collectionneurs, comment les approchez-vous ? quel est leur rôle et leur sphère d’influence ?

Parmi cette première typologie nous avons certains collectionneurs qui sont des experts du marché, participent à tous les vernissages, foires, visitent les ateliers…et qui sont allés jusqu’à me proposer des artistes. Cela a tout de suite matché entre nous. D’autres, très séduits par le propos, se sont montrés plus curieux en me proposant de me laisser le choix de la pré-sélection. Enfin, certains entament une discussion plus avancée, ce qui me permet de découvrir à mon tour des artistes. J’élargis alors encore plus mon terrain de jeu. Ce que je trouve vertueux dans ce processus est que ces collectionneurs venus régulièrement à a ppr oc he participent à la genèse d’un nouveau salon en propulsant et donnant de la visibilité aux artistes qui atteignent alors d’autres collectionneurs. unRepresented devient dès lors la plateforme qui permet de franchir cette 2ème étape.
Pour pouvoir maintenir ce format à taille humaine dans un endroit très stratégique parisien, je devais d’abord me développer en nombre d’éditions. Mais dès l’année prochaine nous réfléchissons au marché étranger.

En quoi cette offre se distingue-t-elle de la niche opportuniste « bleu chip » lancée par les maisons de ventes stimulées par les appétits du marché sur ce secteur de l’émergence ?

Je suis très loin de ce modèle et le second marché me semble bien compliqué. Si je reviens à mon expérience de consultante il y a quelques années lors d’une vente aux enchères organisée par Ader-Nordmann pendant Paris Photo aux côtés de l’expert Antoine Romand, l’exercice de devoir sélectionner une cinquantaine de lots de photographie contemporaine française s’était révélé très difficile.
Les artistes émergents ont besoin d’être repérés et vus dans un marché très dirigé par les galeries, ce qui n’a rien de péjoratif mais limite d’entrée le nombre d’élus. Cette démarche de blue-chip me semble donc très opportuniste, à savoir comment les figer dans un second marché alors qu’ils n’ont pas encore les codes du premier.
Cet appétit des collectionneurs pour des artistes quarantenaire a néanmoins ceci de positif qu’il témoigne aussi d’un engouement qui rejoint parfaitement la démarche d’ unRepresented car je suis une de ces collectionneuses qui aime alimenter ma passion à partir de prix très raisonnables. Or, aujourd’hui dans les grandes foires d’art contemporain il n’y a plus la place pour une telle démarche. J’aime acheter un jeune artiste dont je suis l’évolution, j’habite avec ses œuvres qui font toujours partie de mon quotidien dix ans plus tard. Je grandis avec. Des collectionneurs comme moi n’avons plus notre place au sein de la majorité des grandes foires.

Le printemps est un calendrier en général chargé avec l’effet Art Paris : comment allez-vous jouer de ces complémentarités ?

Si je retourne aux origines du salon a ppr oc he, elles s’inscrivent en parallèle à ma participation à des foires françaises, notamment Art Paris Art Fair, en tant que directrice artistique d’une galerie, et à mon analyse des différentes foires internationales dédiées au medium. J’ai toujours eu un lien privilégié avec Guillaume Piens, un directeur de foire très ouvert et engagé ne ménageant pas ses voyages, découvertes, visites de galeries, d’ateliers…Si j’ai fixé a ppr oc he dans un agenda annuel d’un grand moment de la photographie à Paris au moment de Paris Photo, j’avais toujours en tête un autre grand rendez-vous autour de l’art contemporain. Au départ mon propos était de réunir les galeries d’art contemporain et de photographie alors qu’aujourd’hui les frontières ont tendance à être plus poreuses, les deux univers s’étant rejoints. Cela me permet dès lors de m’ancrer dans un agenda printanier plus art contemporain à partir de ce partenariat noué avec Art Paris autour de leur programme Vip.

https://www.approche.paris/unrepresented

INFOS PRATIQUES

ven31mar(mar 31)10 h 00 mindim02avr(avr 2)19 h 00 minunRepresented by a ppr oc he - 1ère éditionLe Molière, 14, rue de Richelieu 75001 Paris

Marie-Elisabeth De La Fresnaye
Après une formation en littérature et histoire de l'art, Marie de la Fresnaye intègre le marché de l'art à Drouot et se lance dans l'événementiel. En parallèle à plusieurs années en entreprise dans le domaine de la communication éditoriale, elle créé son blog pour partager au plus grand nombre sa passion et expertise du monde de l'art contemporain et participe au lancement du magazine Artaïssime.

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