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C’est un rituel attendu pour se réjouir à l’avance des propositions de la capitale (et au-delà) et tenter de conjurer les aléas et incertitudes qui persistent dans notre actualité. Sélection d’expositions et événement à ne pas rater à Paris et ailleurs où le médium photographique tient une très une belle place.

À Paris

L’amitié entre l’artiste Pablo Picasso et l’écrivaine Gertrude Stein s’est cristallisée autour de leur travail respectif, fondateur du cubisme. Leur postérité est grande. Examiner leur complicité, leur génie créateur et suivre le parcours de Gertrude Stein entre Paris et les États-Unis, permet d’esquisser une traversée des approches conceptuelles, performatives et critiques de l’art, de la poésie, de la musique et du théâtre à travers de grandes figures de l’art américain : John Cage, Trisha Brown, Jasper Johns, Robert Rauschenberg, Merce Cunningham, Nam June Paik, Andy Warhol… Un éclairage inédit et sur l’œuvre poétique mal connue de Gertrude Stein, en regard des peintures et des sculptures de Picasso.

Gertrude Stein et Pablo Picasso – L’invention du langage au musée du Luxembourg à Paris du 13 septembre 2023 au 28 janvier 2024.

Mark Rothko, Light Cloud, Dark Cloud, 1957
Huile sur toile, 169,6 x 158,8 cm
Modern Art Museum of Fort Worth
Museum purchase, The Benjamin J. Tillar Memorial Trust
© 1998 Kate Rothko Prizel & Christopher Rothko – Adagp, Paris, 2023

Première rétrospective en France consacrée à Mark Rothko (1903-1970) depuis celle du musée d’Art Moderne de la Ville de Paris en 1999, l’exposition réunit quelque 115 œuvres provenant des plus grandes collections institutionnelles et privées internationales (National Gallery of Art de Washington, la Tate de Londres, la Phillips Collection) ainsi que la famille de l’artiste. Elle retrace l’ensemble de la carrière de l’artiste dans la totalité de la Fondation selon une approche chronologique. La Rothko Chapel. commandée par Jean et Dominique de Menil à Houston est exceptionnellement recréée pour l’occasion.

Mark Rothko Fondation Louis Vuitton du 18 octobre au 2 avril 2024

Faisant suite à la donation de Bella et Meret Meyer, petites-filles du peintre, l’expositon rassemble 127 dessins, des céramiques et sculptures et les travaux préparatoires du plafond de l’Opéra.

Chagall à l’œuvre – Dessins, céramiques et sculptures 1945-1970 Centre Pompidou à Paris du 4 octobre 2023 au 26 février 2024

L’exposition « Bollywood Superstars » offre la possibilité de découvrir pour la première fois, la profondeur historique, la créativité et la diversité du cinéma indien depuis la fin du 19ème siècle jusqu’à nos jours à partir de plus d’une soixantaine d’objets issus notamment des collections du musée du quai Branly –Jacques Chirac et d’une sélection de films, costumes et documents visuels.

Bollywood Superstars – Histoire d’un cinéma indien  musée du Quai Branly à Paris du 26 septembre 2023 au 14 janvier 2024.

Christian Dior par Maria Grazia Chiuri —
Veste, body et short Prêt-à-porter
Printemps-été 2022 France
Viscose Paris, collection Dior Héritage © Ludwig Bonnet

Dans la perspective des Jeux olympiques de 2024, le musée des Arts décoratifs de Paris présente, du 20 septembre 2023 au 7 avril 2024, « Mode et sport, d’un podium à l’autre » une exposition qui explore les liens fascinants qui unissent la mode et le sport, de l’Antiquité à nos jours. Ce projet d’envergure révèle comment deux univers a priori éloignés participent
des mêmes enjeux sociaux, autour du corps. un total de 450 pièces de vêtements et accessoires, photographies, croquis, magazines, affiches, peintures, sculptures, vidéos mettent en lumière l’évolution du vêtement sportif et son influence sur la mode contemporaine.

Mode et sport, d’un podium à l’autre au musée des Arts décoratifs de Paris du 20 septembre 2023 au 7 avril 2024.

Gratuite et accessible à toutes et tous, l’exposition Les Nuits Corticales s’articule autour d’œuvres inédites, conçues in situ par l’artiste pour le Petit Palais. Énigmatique, délicate, parfois inquiétante ou encore immatérielle, la proposition de Loris Gréaud hantera le musée qui, tel un vaisseau fantôme, sera traversé de rumeurs, de systèmes opaques et de rendez-vous singuliers. Un archipel mental, où se feront écho d’inclassables créatures en expansion.

Ce voyage statique se poursuivra avec la fragrance répliquée du centre de la voie lactée ; une sculpture mobile qui progresse au rythme de la croissance de la pilosité humaine ; un musée à observer les yeux fermés…Assurément l’un des incontournables de la semaine de Paris + Art Basel.

Loris Gréaud, Les Nuits Corticales, Petit Palais du 4 octobre au 14 janvier 2024

La Maison Poincaré, nouveau musée des mathématiques (Sorbonne Université), ouvre ses portes dès le 30 septembre 2023, au sein du bâtiment emblématique de Jean Perrin, Prix Nobel de physique en 1926.

C’est par l’entremise du poète Max Jacob (1876-1944) que le jeune galeriste et collectionneur Paul Guillaume aurait découvert Modigliani en 1914. Il devient alors vraisemblablement son marchand, comme on le comprend à la lecture de la correspondance entre Paul Guillaume et son mentor, le poète et critique d’art Guillaume Apollinaire (1880-1918) alors au front. C’est dans ce contexte parisien que Modigliani immortalise son galeriste dans une série de portraits peints et dessinés restés célèbres. Des affinités artistiques et littéraires et un même intérêt pour l’art africain.

Le Musée de l’Orangerie  Amedeo Modigliani. Un peintre et son marchand, du 20 septembre 2023 au 15 janvier 2024

Nicolas de Staël, Agrigente, 1954
Huile sur toile  60 x 81 cm
Collection privée / Courtesy Applicat-Prazan, Paris
© Photo Annik Wetter | © ADAGP, Paris, 2023

Nicolas de Staël la grande rétrospective, première en France depuis 20 ans.  Plus de 200 tableau, dessins, gravures et carnets venus de nombreuses collections publiques et privées, en Europe et aux Etats-Unis. Au côtés de chefs-d’œuvre emblématiques tels que le Parc des Princes, elle présente un ensemble important d’œuvres rarement, sinon jamais, exposées, dont une cinquantaine montrées pour la première fois dans un musée français.

Musée d’Art moderne de Paris du 15 septembre au 21 janvier 2024

Egalement au Musée : « Dana Schutz. Le monde visible » (6 oct.-11 fév.) 

Julia Margaret Cameron. Julia Jackson 1867 Tirage albuminé Bibliothèque nationale de France, département des Estampes et photographies © Bibliothèque nationale de France

Julia Margaret Cameron. I Wait [J’attends], 1872, Tirage albuminé.
© Collection de la Royal Photographic Society au V&A, acquise avec l’aide généreuse du National Lottery Heritage Fund et de l’Art Fund. Museum no. RPS.1297-2017

Une visionnaire qui a développé une signature bien particulière à partir du flou et des imperfections aux tous débuts de la photographie. Une centaine de photographies prises entre 1864 et 1875 sont réunies dans une scénographie ambitieuse qui rappelle ses influences comme le tondo de la peinture de la Renaissance ou la mythologie. Julia Margaret Cameron aura produit en seulement douze ans des centaines d’images.« Julia Margaret Cameron. Capturer la beauté », au Jeu de paume, du du 10 octobre 2023 au 28 janvier 2024

Dialogue exceptionnel entre la Collection Karmitz et la Collection du Centre Pompidou autour des passions et obsessions de l’homme de cinéma et collectionneur : le visage, le corps et ses fragments, la finitude…Des redécouvertes au fil d’un parcours très audacieux signé de la commissaire Julie Jones. Si l’on avait levé le voile à la Maison Rouge sur les œuvres d’art contemporain en 2017 et à Arles en 2010, cette plongée en images de deux approches curatoriales est tout aussi fascinante.

Corps à corps. Histoire(s) de la photographie , au Centre Pompidou (6 sept. -24 mars) 

Payram, Deux ou trois choses que je sais d’elle, 1995-2021 Tirages argentiques couleur d’après négatif Polaroï d 55 noir & blanc (non lavé , non fi xé ), 35 x 25 cm BnF, Estampes et photographie © Payram, Courtesy Galerie Maubert

Ellen Carey, Série Zerogram, 2018 BnF, Estampes et photographie © Ellen Carey / Courtesy Galerie Mirand

Thomas Ruff , Série Negative, 2016 BnF, Estampes et photographie Thomas Ruff © ADAGP, Paris, 2023

Prenant appui sur la riche collection de photographies contemporaines de la BnF, l’exposition révèle les capacités de métamorphose de la matière photographique mais aussi sa possible disparition. À travers les œuvres singulières de près de deux cents photographes français et étrangers, l’exposition explore en quatre grandes parties les états possibles de la matière-image en photographie, analogique comme numérique.

Après « L’image tangible, la matière incarnée », « L’image labile, la matière expérimentée », l’exposition évoque la matérialité à l’aune des explorations mises en place dans la « cuisine » du laboratoire jusqu’au menu de l’ordinateur. Puis « L’image hybride, la matière métamorphosée » met en exergue des pratiques où la photographie s’hybride avec d’autres expressions artistiques. Enfin, la dernière partie, « L’image précaire, la matière fragilisée », présente des œuvres interrogeant la photographie soumise au passage du temps et des éléments qui peuvent conduire à son effacement progressif.

Épreuves de la matière : la photographie contemporaine et ses métamorphoses (10 oct.-4 fév.) BNF François Mitterrand

Jeune fille au Leica, 1934 © Alexandre Rodtchenko

L’exposition aborde la question du noir et blanc sous un angle esthétique, formel et sensible en insistant sur les modes de création de l’image : effets plastiques et graphiques de contrastes, jeux d’ombres et de lumières, rendu des matières dans toute la palette des valeurs du noir au blanc. L’accent a été mis sur les photographes qui ont concentré et systématisé leur création artistique en noir et blanc, en ont expérimenté les possibilités et les limites ou en ont fait le sujet même de leur photographie. Une attention particulière a été portée à la qualité des tirages, à la variété des techniques et des papiers photographiques, mais aussi à l’impression du noir et blanc, les livres et revues ayant été longtemps le principal relais auprès du public de la création photographique.

Noir & blanc : une esthétique de la photographie (17 oct.-21 janv.), à la BNF François-Mitterrand.

L’exposition À toi de faire, ma mignonne prend le contre-pied des multiples évènements de la « Célébration Picasso 1973-2023 » qui mettent à l’honneur l’artiste espagnol. Un regard curieux et décalé sur un choix d’œuvres emblématiques de Picasso dont l’artiste convoque les images ou la mémoire au travers d’un récit personnel.

Sophie Calle, « À toi de faire, ma mignonne », au Musée Picasso à Paris (3 oct.-7 janv)  

En région

Rebecca Ackroyd au macLYON 

Autour de l’oeuvre Singed Lids, réalisée spécifiquement à l’occasion de la 15e Biennale de Lyon en 2019, entrée dans les collections, un ensemble de nouvelles productions inédites s’inscrit en écho à l’exposition Les formes de la ruine au Musée des Beaux-arts de Lyon du 1er décembre 2023 au 3 mars 2024.

Rebecca Ackroyd s’intéresse à la notion de ruines, aux restes d’un monde passé. Avion démembré, fauteuils désossés et fragments de hublots composent un paysage où les parties du corps semblent rongées par un feu intérieur translucide.

Vitesse d’obturation – macLYON du 22 septembre au 7 janvier 2024

Intitulée « Petits Riens », l’exposition de Pascale Martine Tayou se présente comme une traversée sensible du “chaos-monde“ pour reprendre la formule d’Edouard Glissant. Chaque installation y devient le prétexte à une conversation ouverte à travers laquelle se défont nos convictions les plus profondes ; à travers laquelle s’inventent autant de situations pour que naissent de nouvelles manières d’envisager le monde.

Pascale Marthine Tayou à la Collection Lambert en Avignon

À l’international :

MATISSE, DERAIN ET LEURS AMIS, Kunstmuseum Bâle

À travers quelque 120 œuvres d’exception, dont plusieurs visibles pour la première fois en Suisse, elle met l’accent sur l’expérimentation de la couleur à laquelle se sont livrés Henri Matisse, André Derain, Georges Braque, Maurice de Vlaminck et d’autres artistes dans les années 1904 à 1908. Elle met en lumière le rôle des critiques et du marché de l’art lors de l’apparition et de l’affirmation de ce courant artistique auquel se rattache directement le cubisme.

Matisse, Derain et leurs amis 2 septembre 2023 – 21 janvier 2024

Francis Alÿs au WIELS Bruxelles

Suite à sa présentation pour la participation flamande au pavillon belge de la 59eBiennale de Venise 2022, Alÿs présente une nouvelle version de l’exposition The Nature of the Game, douze ans après sa rétrospective mémorable au WIELS,qui a fait découvrir au public belge toute l’étendue de son œuvre.

Comme les interactions sociales se déroulent de plus en plus en ligne dans un monde virtuel, Alÿs capture ce moment de profonde transition que vit notre société et rassemble une mémoire des jeux d’enfant avant qu’ils ne disparaissent.

L’idée des jeux d’enfants, avec leurs règles et leur logique parfois incohérentes en apparence, fascine Alÿs, même lorsque le jeu a lieu dans une zone de conflit.

Bien qu’Alÿs ait évoqué sa lutte intérieure pour représenter l’irreprésentable,l’apparente absurdité de l’acte artistique lui permet de redonner un sens à une situation qui en est dénuée.

The Nature of the Game, WIELS

Marcin Dudek à l’IKOB, Eupen (Wallonie)

Marcin Dudek (*1979 à Cracovie, PL) entrelace des souvenirs autobiographiques de sa jeunesse en tant que membre de la génération polonaise ayant grandi après la dissolution du bloc de l’Est avec une réflexion critique sur la dépendance sociétale du spectacle, du pouvoir et de l’agression. Son œuvre couvre installations, performances, sculpture et peinture et incorpore des matériaux trouvés et récupérés que Dudek découpe et ressoude dans une approche anti-readymade. En répondant à l’architecture de l’IKOB, AKUMULATORY invite les visiteur•ices à voyager vers différentes scènes et lieux du passé de l’artiste.  Le titre de l’exposition, AKUMULATORY [batteries, en polonais], fait référence à cette convergence de mémoire et de matériau et à la transmission d’une charge énergétique de l’artiste à son public.

AKUMULATORY, Marcin Dudek IKOB, du 19 septembre au 26 novembre

La Montagne Liquide : Vincent Evrard, Simon Medard, Raphaël Parmentier aux Brasseurs (Liège)

Projet Audio/Visuel exploratoire né sur la scène électronique liégeoise en recherche de sens et de transcendance.

LES BRASSEURS art contemporain

Marie-Elisabeth De La Fresnaye
Après une formation en littérature et histoire de l'art, Marie de la Fresnaye intègre le marché de l'art à Drouot et se lance dans l'événementiel. En parallèle à plusieurs années en entreprise dans le domaine de la communication éditoriale, elle créé son blog pour partager au plus grand nombre sa passion et expertise du monde de l'art contemporain et participe au lancement du magazine Artaïssime.

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