Carte blanche à Anna Planas : Elles x Paris Photo

Pour sa deuxième carte blanche, notre invitée de la semaine, Anna Planas, la nouvelle directrice artistique de la foire Paris Photo, a choisi de mettre en avant le parcours Elles x Paris Photo qui fête cette année son cinquième anniversaire. Il vise à donner de la visibilité aux femmes photographes au sein de la foire. Cette année, c’est Fiona Rogers, commissaire de la Parasol Foundation Women in Photography au Victoria & Albert Museum à Londres, qui assure le commissariat de ce nouveau parcours au féminin pluriel. Les éditions Textuel publient un ouvrage anniversaire autour de 130 artistes contemporaines.

Portrait Fiona Rogers © Alys Tomlinson

Cette année 2023, nous célébrons les 5 ans du parcours Elles x Paris Photo mené par le ministère de la Culture avec Paris Photo et Women In Motion, un programme de Kering pour mettre en lumière les femmes dans les arts et la culture. Un livre anniversaire réunit les voix de 130 artistes contemporaines, publié par les éditions Textuel.

Fiona Rogers, commissaire de la Parasol Foundation Women in Photography au Victoria & Albert Museum à Londres, assure cette année le commissariat du parcours Elles x Paris Photo :

De gauche à droite :
– ANNEGRET SOLTAU Selbst (danach) I, 1978 © Annegret Soltau und VG-Bildkunst, Bonn, 2023
– TARRAH KRAJNAK RePose, 2023
– PIXY LIAO Pixy Liao, Find a woman you can rely on, 2018

« Il existe une théorie selon laquelle tout art est personnel et le processus et l’expérience de création sont une extension de nous-mêmes. Pour le parcours Elles x Paris Photo de cette année, j’ai choisi de me focaliser sur des artistes pour qui cette affirmation résonne profondément. Dans cette sélection, on découvre des photographes contemporaines et historiques, établies et émergentes, qui s’appuient sur leurs expériences personnelles et leurs identités complexes en tant que femmes, migrantes, genderqueers, mères, filles et amantes, pour créer des œuvres originales qui reflètent leur vie et celle des autres.

De gauche à droite :
– MELISSA SHOOK March 24, 1973, From the series Daily Self-Portraits 1972-1973
– CARLA WILLIAMS Untitled (mask), 1986–87 from the book Tender by Carla Williams, 2023
– ANNIE HSIAO-CHING WANG Annie Wang, The Mother as a Creator No. 1: The day before I was due to give birth, 2001
– JO RACTLIFFE Klawer, 2023

Ces artistes emploient une variété de stratégies créatives afin d’éblouir et d’intriguer ; des performances troublantes d’Annegret Soltau, Tarrah Krajnak et Pixy Liao, aux audacieux autoportraits de Melissa Shook, Carla Williams et Annie Hsiao-Ching Wang. Les approches documentaires se voient aussi donner une touche personnelle avec les paysages sud-africains scarifiés de Jo Ractliffe et la représentation par Yelena Yemchuk du populaire Gidropark en Ukraine avant l’invasion russe.

De gauche à droite :
– FRIDA ORUPABO Hair roller, 2022
– SARAH SENSE « Hinushi 1, 2023
– MARTINE GUTIERREZ Cleopatra from ANTI-ICON: APOKALYPSIS, 2021
– ZANELE MUHOLI Sazi I, 2022

On y retrouve aussi des techniques –collage, assemblage et même tissage–représentations d’une boîte à outils artistique historique trop souvent reléguée au rang de simple «artisanat». Des artistes tels que Frida Orupabo, qui utilise la découpe pour libérer le corps féminin noir de son passé colonial, ou Sarah Sense, dont la belle et complexe technique de tissage est influencée par son héritage amérindien. Des histoires effacées redeviennent visibles à travers les œuvres de Martine Gutierrez, magnifiquement auto-interprétée comme Cléopâtre qui examine le rôle de l’«icône» aux côtés d’une histoire complexe de genre et de race et Zanele Muholi, dont le travail continue de confronter nos préjugés de plein fouet dans de nouveaux et grandioses autoportraits.

HODA AFSHAR
Untitled #11 from Speak the Wind, 2020, Archival pigment print, 91 x 112 cm
Elles x Paris Photo

LAIA ABRIL
Coat hanger, On Abortion series, 2017, Inkjet pigment print mounted on aluminium, framed with museum glass, 40 x 60 cm
Elles x Paris Photo

Il est difficile d’ignorer la position de la foire face aux nouveaux défis auxquels sont confrontées les femmes. L’année 2022 a été marquée par plusieurs événements historiques à l’échelle mondiale, et avec eux, une série de provocations artistiques, comme la réponse visuelle d’Hoda Afshar au mouvement «Femme, Vie, Liberté» dans son Iran natal. Son approche, à la croisée de l’art et de l’activisme, rappelle l’intérêt pour les droits de l’Homme de Laia Abril qui se fait porte-voix des femmes, filles et individus marginalisés en matière de droits et d’accès à la santé. Elle attire ainsi l’attention sur la responsabilité de nos institutions dans le cadre de son travail A History of Misogyny–un sujet d’autant plus urgent à la lumière de la révocation radicale de la jurisprudence Roe v. Wade, qui a démantelé 50 ans de droits à l’avortement aux États-Unis.
La photographie est historiquement mêlée à une dynamique de pouvoir complexe mais ces artistes approfondissent le concept du médium pour défier «l’altérité» et proposer une manière plus équitable de regarder, de représenter et d’enregistrer. À travers leur expression artistique, nous sommes exposés à une myriade de thèmes : de l’identité à la politique, en passant par l’histoire, la culture, les relations et la sexualité. Elles remettent en question l’histoire de la photographie, adoptant des approches créatives pour exprimer des émotions, traiter des traumatismes et promouvoir le changement. » Fiona Rogers

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