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Nous faisons face à une situation sans précédent : dans leur grande majorité, les foires et les biennales du premier semestre ont été annulées, il y a fort à parier que ce sera le cas pour celles du second semestre et l’immense des majorités des shows institutionnels auxquels participent nos artistes ont été reportés, dans certains cas annulés. Notre priorité sera de ré-ouvrir le duo show entre Lawrence Abu Hamdan et Saâdane Afif que nous avions inauguré le 7 mars et que nous n’avons pu maintenir qu’une semaine puis d’adapter notre programmation des 12 prochains mois qui se trouve bousculée. Nous serons également pleinement engagés dans la refonte de notre infrastructure digitale que nous avions lancée en début d’année et qui prend tout son sens dans le contexte actuel. Les défis qui s’annoncent sont immenses mais ils constituent au fond une opportunité unique de se ré-inventer. Comment réagissent vos artistes et quel lien maintenez-vous avec eux malgré les distances et difficultés ? Ils ont pleinement conscience de la césure qui s’opère et du besoin essentiel de solidarité qui en découle. Par exemple, Lawrence Abu Hamdan, Rossella Biscotti et Bouchra Khalili ont pris l’initiative de l’opération « Artists for Moria » qui est venue en aide aux migrants des camps de réfugiés en Grèce. Teresa Margolles s’est mobilisée pour venir en aide aux communautés de la frontière entre Colombie et Vénézuela. Par ailleurs, cette situation inédite a aussi contribué à inspirer plusieurs de nos artistes, en réaction à ce changement brutal, c’est le vas notamment de Liliana Porter ou de Edgardo Aragon. Tous ont abordé ce moment unique avec gravité, distance, engagement et également une forme d’humour salvateur ! Et ce temps suspendu a encore renforcé les liens vitaux que nous entretenons avec eux. Nous formons depuis le début de notre aventure une famille et c’est très soudé que nous abordons ensemble les épreuves. Les stratégies digitales OnLine Viewing Rooms sont-elles une stratégie payante selon vous comme le proposait Art Basel Hong Kong ? La digitalisation est une tendance structurante du marché depuis plusieurs années. Il est devenu commun de vendre, à la galerie ou dans des foires, des œuvres sur Ipad. Par ailleurs, Instagram est devenu au fil des années un outil de vente et les Viewing Rooms de Art Basel et de Frieze dont il faut saluer l’efficacité et l’ergonomie, ont permis de conclure des ventes et d’élargir nos contacts. Rien ne remplacera bien sûr le rapport intime à une œuvre, ce face à face essentiel, l’émotion qu’elle suscite, et au delà ce que cette confrontation nous apprend de nous même et de l’inconnu. Transmettre une émotion, c’est sans doute ce qui nous fait finalement le plus vibrer dans ce métier. Néanmoins, dans un monde globalisé (et temporairement, paralysé), la dimension digitale ne peut que prendre de l’importance. Cela n’effacera pas le rapport essentiel à l’œuvre, mais cela s’imposera comme un complément indispensable. Il est absolument capital de ne passer à côté de cette transformation. Comment imaginez-vous le monde d’après ? Il faut avant tout garder cet esprit solidaire qui a prévalu. Nous appartenons à une génération pour laquelle l’esprit de collaboration est infiniment supérieur à celui de compétition et pour laquelle la notion de communauté est essentielle. Nous appartenons à un éco-système très diversifié, riche de ses différences, et la préservation de celui-ci est une priorité. La multiplicité des initiatives telles que Not Cancelled, Paris Avant Première, la solidité du Comité des Galeries ou encore l’invitation généreuse d’Emmanuel Perrotin ont démontré un bel esprit de solidarité, d’entraide et de bienveillance. C’est cela qu’il faut conserver en priorité dans le monde d’après. Car celui-ci verra les grandes tendances que sont la consolidation, la globalisation et la digitalisation se renforcer. Cela créera un risque certain pour le maintien d’une forme de diversité et il faut tout faire pour éviter que le monde d’après soit un monde d’avant en pire… Cette alerte conduira t-elle selon vous à des changements profonds de conduite et de comportement dans le monde de l’art ? Le monde de l’art n’est pas exempt de critiques mais il n’est finalement que le miroir déformant de nos sociétés, de leurs excès et de leurs illusions. Ce temps suspendu aura permis un recentrage salutaire sur la galerie, son environnement immédiat et sur ses fondamentaux. Cela aura un impact sur l’accélération sans fin des agendas et sur cette tendance exponentielle à la « biennalisation » du monde de l’art, cette réappropriation du temps long ne peut avoir que des effets bénéfiques. INFOS PRATIQUES : Sound Eclipse Saâdane Afif Lawrence Abu Hamdan FRIEZE New York Viewing Room #Restons Unis Du 23 mai au 14 août 2020 Galerie Perrotin Espace Rue Saint-Claude 75003 Paris https://www.mor-charpentier.com Favori0
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