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Portrait d’enfance de Virginie Burnet

Virginie Burnet, fondatrice de l’art en plus, est notre invitée cette semaine à l’occasion des 15 ans de l’agence qu’elle dirige avec son associée Olivia de Smedt. Spécialisée en conseil et stratégie culturelle autour de projets philanthropiques sur mesure, en France et à l’international, l’agence a su trouver sa place et sa singularité dans un monde en perpétuel changement et très compétitif où l’agilité est un atout. Petite structure, l’agence voit grand à partir d’une intuition première et une passion pour le mécénat qui a guidé Virginie tout au long de son parcours.

Je suis née en Haute Savoie, à côté d’Annecy. J’ai suivi des études de droit et d’histoire de l’art à Lyon puis à Paris à la Sorbonne, avant d’intégrer SciencesPo Paris. L’art est au centre de ma vie professionnelle depuis très longtemps. Ce sont mes parents qui m’ont transmis cette passion, j’ai eu beaucoup de chance : mon père était passionné de musique classique, ma mère d’art et de littérature. Pendant toute mon enfance, l’Italie était notre destination de vacances favorite, notamment à cause d’origines familiales transalpines, et nous arpentions les musées de toutes les villes du pays dès mon plus jeune âge.

Ma première « vie professionnelle » s’est déroulée dans l’univers des ventes aux enchères, à Drouot plus exactement. J’y dirigeais le département de la communication, des relations presse et des relations publiques, et ce fut une expérience passionnante, très formatrice. Drouot est un lieu qui ne ressemble à aucun autre dans le monde, où l’on peut côtoyer les plus grands collectionneurs, les œuvres d’art des plus grands artistes, tout autant que des objets de tous les jours et les collections les plus pittoresques. Je ne me suis jamais ennuyée une seule seconde au cours de toutes ces années, chaque jour réservait une nouvelle découverte, un nouveau record, une nouvelle rencontre. J’y ai passé des moments inoubliables et surtout j’ai beaucoup appris.

Au bout de 17 ans, j’avais envie de nouvelles aventures, et j’ai décidé de quitter Drouot pour créer ma boîte et dédier mon activité au mécénat, ce qui était en fait mon tout premier souhait de carrière. J’ai créé l’agence l’art en plus en 2008, rapidement rejointe par mon associée Olivia de Smedt et nous avons choisi de nous dédier à l’accompagnement de projets de mécénat, de fondations et de fonds de dotation, que ce soit en matière de stratégie, de communication ou de production, alliant nos expériences, nos réseaux et nos énergies.

Un positionnement pionnier à une époque où le secteur privé prenait de plus en plus un rôle clé dans le soutien à la création et à la production artistique, à travers le développement de lieux d’exposition, de prix, résidences et bourses portés par des entreprises et marques de premier plan. Des initiatives qui permettent aujourd’hui à de nombreux artistes, en particulier les plus jeunes, de concevoir et concrétiser leurs projets les plus ambitieux.

Nous avons eu la chance d’être des observatrices privilégiées de l’évolution du secteur du mécénat, en accompagnant pendant 15 ans le développement de projets pluridisciplinaires croisant arts plastiques, architecture, design, métiers d’art, musique, cinéma, tout en intégrant de plus en plus des dimensions sociétales et environnementales au cœur de notre démarche. Des évolutions qui aujourd’hui sont présentes dans la plupart des projets de mécénat.

Parmi nos clients figurent des fondations et fonds de dotation de grands artistes (Lee Ufan Arles, Venet Foundation…), des fondations philanthropiques et de marques (Kadist, Bloomberg Philanthropies, Fondation Martell, Fondation Diptyque…), ou encire des projets de mécénat de grandes marques et entreprises (Guerlain, Fnac, Rubis mécénat, Ellipse art projects…). Parmi eux, plusieurs soutiennent la photographie au long terme à travers des programmes favorisant la découverte, le travail et la visibilité de photographes français et internationaux, comme par exemple la Fondation Louis Roederer.

Au-delà du travail plus « visible » de communication, de relations presse et relations publiques qui font rayonner la notoriété de l’agence et de ses clients, nous réalisons tout un travail passionnant de conseil en stratégie, de conception et d’ingénierie de projets aux côtés de certains de nos clients comme nous l’avons fait par exemple dernièrement pour la maison Diptyque à l’occasion de la création de sa Fondation éponyme dédiée à l’art et la nature, ou comme nous le faisons actuellement pour une grande fondation en Ouzbékistan pour l’ouverture prochaine d’un centre d’art contemporain à Tashkent.

https://lartenplus.com/

Le portrait chinois de Virginie Burnet

Si j’étais une œuvre d’art : un Sky Space de James Turrell, le « maître de la lumière ». Pour l’expérience sensorielle unique, quasi mystique, que ses œuvres suscitent. Je rêve de pouvoir me rendre un jour dans le désert d’Arizona pour vivre l’expérience de Roden Crater, le projet titanesque sur lequel il travaille depuis 50 ans.
Si j’étais un musée ou une galerie : les îles musées de Naoshima, avec le Benesse Art Museum et le Lee Ufan Museum créés par Tadao Ando, et de Teshima qui abrite les Archives du cœur de Christian Boltanski.
Si j’étais un·e artiste (tous domaines confondus): Marina Abramovic, pour l’intensité et la force universelle de son art et de ses performances. J’ai été totalement transportée par sa performance au MOMA en 2020, The artist is present, pendant laquelle elle demeurait assise des heures, impassible, alors que des inconnus défilaient pour prendre place une minute en face d’elle. Tout particulièrement ce moment où Ulay, son grand amour de jeunesse et partenaire artistique, vient s’asseoir devant elle. Ils ne se sont pas revus depuis 30 ans, après s’être quittés lors d’une performance sur la Muraille de Chine. Quand elle lève les yeux et le découvre, elle tente de rester impassible mais les larmes coulent, son visage irradie d’une émotion et d’un amour absolus.
Si j’étais un livre : sans doute un roman anglais (Raison et Sentiments, Orgueil et Préjugés de Jane Austen, Tess d’Uberville de Thomas Hardy…) ou russe (Tolstoï, Dostoïevski, Pasternak…) ou une nouvelle de Stefan Zweig.
Si j’étais un film : forcément un film avec Romy Schneider, l’actrice absolue pour moi. J’ai vu plusieurs fois la plupart de ses films, La Piscine, Plein Soleil, tous les films de Claude Sautet – César et Rosalie, Les Choses de la Vie… – et bien sur L’important c’est d’aimer, d’Andrei Zulawski, dans lequel elle est prodigieuse.
Si j’étais un morceau de musique : une chanson de Lou Reed, Perfect Day ou Walk on the Wild Side par exemple, mythique hommage aux artistes et à tous ceux qui peuplaient la Factory d’Andy Warhol.
Si j’étais une photo accrochée sur un mur : une photo de Hiroshi Sugimoto.
Si j’étais une citation : évidemment « L’art c’est ce qui rend la vie plus intéressante que l’art », de Robert Filliou, que choisir d’autre quand on est passionnée par l’art depuis plus de 40 ans !
Si j’étais un sentiment : la nostalgie, je suis quelqu’un de très nostalgique.
Si j’étais un objet : mon Iphone ! Toute ma vie est dedans, mes souvenirs, mes photos, mes notes, toutes les To Do List que je passe mon temps à écrire, le jour comme la nuit !
Si j’étais une expo : la grande exposition de Bill Viola au Grand Palais en 2014. J’y suis allée 3 fois. C’était d’une beauté époustouflante.
Si j’étais un lieu d’inspiration : le lac d’Annecy, sans hésitation, c’est le lieu magique de mon enfance, où je me ressource dès que je peux, où je puise ma force et ma sérénité. C’est le plus bel endroit du monde.
Si j’étais un breuvage : un bon vin de Bordeaux ou de Bourgogne, bu avec mon mari, mes enfants, mes amis, au coin du feu ou sur une terrasse, le moment privilégié pour se parler, se raconter, évoquer des souvenirs ou de nouveaux projets.
Si j’étais une héroïne : Anna Karenine, l’héroïne du roman de Tolstoï.
Si j’étais un vêtement : je suis fan du style gipsy donc une longue robe à fleurs portée avec un gilet en daim à franges et un grand chapeau de paille. Ou un long manteau brodé d’Asie Centrale… je reviens d’Ouzbékistan pour un nouveau projet dont nous nous occupons et j’ai découvert le talent des femmes brodeuses qui racontent les contes et traditions de leur pays.

CARTES BLANCHES DE NOTRE INVITÉE

Carte blanche à Virginie Burnet : Coup de cœur pour Nanténé Traoré (mardi 6 mai 2025)
Carte blanche à Virginie Burnet : Exposition Corps et âmes (mercredi 7 mai 2025)
Carte blanche à Virginie Burnet : Richard Avedon à la Fondation Henri Cartier-Bresson (jeudi 8 mai 2025)
Carte blanche à Virginie Burnet : des expos, des livres et une playlist (vendredi 9 mai 2025)

La Rédaction
9 Lives magazine vous accompagne au quotidien dans le monde de la photographie et de l'Image.

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