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Rencontre avec Aurélie Voltz, directrice du musée d’art moderne et contemporain de Saint Etienne Métropole (MAMC+)

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Assistante d’exposition à l’ARC-Musée d’art moderne de la Ville de Paris, conservatrice en chef au Palais de Tokyo, commissaire indépendante à Berlin puis directrice des musées de Montbéliard, Aurélie Voltz prend les rennes du musée de Saint-Étienne à tout juste 44 ans. Elle a répondu à nos questions alors que s’ouvre un nouveau cycle d’expositions pour les 30 Ans du musée magistralement fêtés par la carte blanche donnée à Anish Kapoor.

9 lives : Qu’est ce qui vous a séduit dans ce nouveau défi à la tête du MAMC+ ?

Aurélie Voltz : Ce musée est très complet dans sa collection, qui englobe un large spectre d’époques avec des œuvres de grande qualité.
Le territoire de Saint-Étienne et son passé industriel m’intéressent énormément, un contexte assez proche de celui que j’ai connu à Montbéliard. Comment dès lors la culture peut dans un cas de désindustrialisation forte, un territoire qui a souffert, reconstruire.

9 lives : Genèse et déroulé du projet des 30 ans avec l’exposition « Considérer le monde » et la carte blanche à Anish Kapoor en lien avec les 2 commissaires, Martine Dancer-Mourès, directrice du musée par intérim et Lorand Hegyi.

A. V. : L’exposition Anish Kapoor (My Red Homeland) a été lancée par Lorand Hegyi avant son départ il a 1 an, par contre l’achèvement du projet s’est fait plutôt tardivement et le choix des pièces s’est affiné dans les derniers mois. C’est un projet qui a beaucoup évolué dans le temps et nous en sommes très heureux car nous le trouvons réussi dans sa densité. Ce rapport du visiteur aux œuvres étant ce qui intéresse Anish Kapoor, on se trouve dans cette grande salle centrale sans échappatoire possible. La confrontation à l’œuvre est directe et sans retour.

Le parcours « Considérer le monde » entend redonner une place forte à la collection et faire entrer le public immédiatement dans les collections. Certaines années les collections étaient présentées après les expositions temporaires, en bout de salle.
Actuellement il y a deux chemins d’accès possibles, Anish Kapoor sur le côté droit ou l’entrée sur les collections immédiate, ce qui est symboliquement très fort. C’est non seulement la place de l’œuvre mais aussi son emprise. Un enjeu que je souhaite partager avec Martine Dancer-Mourès sur les années à venir, dans une approche à la fois thématique et avec des focus sur différents moments, comme le design par exemple à repositionner dans cette histoire de l’art.

9 lives : Comment comptez vous mettre en valeur cette collection pluridisciplinaire d’une grande ampleur et quelles périodes en priorité ?

A. V. : C’est encore entrain de se construire. La collection va être le cœur de toute la réflexion et programmation.  Il y aura 2 présentations de la collection par an. La façon dont le circuit a été pensé, spatialement me semble juste, permettant de découvrir les expositions temporaires au sein des collections.
Ensuite c’est important de permettre des croisements entre l’art ancien et l’art d’aujourd’hui, entre l’art moderne et contemporain et que l’on donne la parole à certains artistes pour regarder la collection. Sous forme de commissariat extérieur ou d’exposition monographique où pourraient être intégrées des œuvres de la collection. Comme aujourd’hui avec Alexandre Quoi sur le narrative art et c’est très réussi. Nous avons besoin de regards extérieurs pour nourrir notre collection et ce que l’on en donne à voir au public. Ce sont de multiples entrées différentes.
Tout l’enjeu d’une programmation est de sentir que l’on a une attention à la fois à l’art moderne, contemporain mais aussi à l’émergence, ce que l’on sent moins dans la configuration actuelle mais que je souhaite vraiment mettre en place. A la fois dans le cadre de projets d’expositions monographiques ou de groupe mais aussi dans la collection en matière d’acquisition. Cette partie a été peu développée et l’on doit compléter cela.

9 lives : Quelles actions vis à vis des publics allez vous mener dès le départ ?

A. V. : En plus des actions d’aide à la visite déjà mises en place, je trouve les actions développées vis -à-vis d’un public spécifique, notamment hospitalier ainsi que pénitentiaire, très porteuses. Ce sont des actions qui me tiennent à cœur et que je souhaite continuer. Nous allons mettre en place une « bulle d’art » inaugurée au CHU de Saint-Étienne le 8 décembre prochain, un programme ambitieux qui va fonctionner à l’année, être animé par des médiateurs. Installer des projets de ce type en extérieur hors les murs pour apporter permet d’amener l’art à des gens publics qui n’y viennent pas naturellement mais c’est aussi des projets de partenariats à développer sur le territoire dans une vraie proximité. L’hôpital est très ouvert et favorable pour travailler sur la durée. Ces projets peuvent prendre différentes formes. Il y a des rapprochements à faire comme cela qui donnent du sens.
Toute la partie événementielle reste aussi à être complétée, des initiatives existent (conférences, concerts..) mais déconnectées des expositions. Alors que pour moi une exposition s’accompagne de toute une action culturelle sur mesure par exemple à l’occasion de la Nuit des musées, les Journées du Patrimoine. Pourquoi ne pas présenter Il me semble important de programmer de la musique des concerts en même temps que l’exposition de Damien Deroubaix car sa pratique se nourrit de la musique. Ce qui m’intéresse c’est qui se cache derrière un artiste, derrière son travail, de quoi il s’inspire.

9 lives : Et l’avenir ? comment continuer à développer ce rayonnement local, national et international ?

A. V. : Sur notre territoire, avec la Cité du design, l’idée est de mettre en place, lors des années hors Biennale, un partenariat fort pour que tous les deux ans on s’associe autour d’une exposition liée à notre collection design. Cela va commencer dès juin 2018.
Il faudra réinventer cette présentation de la collection avec des thématiques à partir desquelles la Cité puisse s’investir sur projet en proposant de rebondir sur certaines pièces iconiques du design avec des enjeux actuels. Nous devrons avoir deux voix qui portent sur un projet commun.
Au niveau national et international, il y déjà des co-productions d’expositions pour rassembler mutualiser forces, idées et moyens avec des musées français et étrangers. A présent nous avons présentons l’exposition itinérante De Monet à Soulages : Chemins de la modernité (1800-1980) en Chine.
Il y a aussi un réseau important lié à l’UNESCO à exploiter, Saint-Étienne y figurant parmi la vingtaine de villes créatives. de l’UNESCO, peut être.
Pour démarrer je souhaite prioriser des partenariats de proximité avec des musées européens. j’ai moins dans l’idée d’aller vendre la collection en Chine que de Je me sens pour l’instant, plus en phase avec cette dimension.

ACTUELLEMENT :
Le Musée à 30 ans !
une programmation exceptionnelle
• Anish Kapoor
My Red Homeland
• Considérer le monde
Collections du Musée
Musée d’art moderne et contemporain Saint-Etienne Métropole
Rue Fernand Léger
42270 Saint-Priest-en-Jarez
En 2018 : Jean-Michel Othoniel, Valérie Jouve, Damien Deroubaix.
http://www.mam-st-etienne.fr

Marie-Elisabeth De La Fresnaye
Après une formation en littérature et histoire de l'art, Marie de la Fresnaye intègre le marché de l'art à Drouot et se lance dans l'événementiel. En parallèle à plusieurs années en entreprise dans le domaine de la communication éditoriale, elle créé son blog pour partager au plus grand nombre sa passion et expertise du monde de l'art contemporain et participe au lancement du magazine Artaïssime.

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