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Partager Partager EvénementsPhoto “Ver más alla de la realidad” (Regarder au delà de la réalité) Israel Ariño à la Box Galerie Miriam Ruisseau10 décembre 2018 Temps de lecture estimé : 7minsÀ l’occasion de Paris Photo 2018, en novembre dernier, les visiteurs ont pu découvrir un extrait du nouveau travail de l’artiste barcelonais Israel Ariño, sur le stand de la Galerie Vu’. Que les impatients se rassurent ; son Voyage en pays clermontois sera exposé dans sa totalité durant le festival Photaumnales 2019, car il est le fruit d’une résidence offerte au Catalan par la dynamique association Diaphane. Cet artiste prolifique n’en finit pas de nous surprendre. Apprécié pour la magie de son Noir & Blanc, qu’il soit « traditionnel » ou empruntant aux procédés anciens, comme le collodion humide, il ose tout à coup la couleur. Plus exactement, à l’instar d’un peintre qui choisit sa palette il a demandé à son amie la jeune artiste Clara Gassull, de lui créer une gamme de tons étranges, et ainsi elle a colorisé ses tirages, à la manière des cartes postales du 19e siècle « pour apporter du prestige aux lieux ». Aujourd’hui c’est à Bruxelles qu’il expose, à la Box galerie, créée par Alain d’Hooghe, également fondateur de la mythique et belle revue Clichés. C’est une grande joie pour lui de montrer son travail « en el país de Tintín », sur les terres du regretté Michel Vanden Eeckhoudt, dont l’univers animalier aurait pu se mêler au sien, même si leur approche de l’image diffère. Une de ses premières séries, Sequencïes, réalisée peu après l’école (Institut d’Estudis Fotogàfics de Catalunya) a peut-être été influencée par les chiens errants du grand photographe belge. On songe aussi à Gilbert Fastenaekens, pour la délicatesse de ses tirages. Car s’il est en général plus « urbain » dans sa production photographique, ses « Noces » cousinent délicatement avec les théâtres végétaux du Catalan. Le galeriste a choisi de montrer entre autres séries « La gravetat del lloc » (La pesanteur du lieu*), remarquable réflexion sur l’obscurité, ou comment voir et (res)sentir quand il n’ y a pas ou plus de lumière, ou juste celle de la lune ; quand il faut faire un effort pour voir. Ou comment redécouvrir poétiquement, la nuit, un lieu arpenté de jour et en faire des images tactiles et surréelles. Car Israel aime travailler dans des conditions a priori peu idéales. Et c’est en travaillant qu’il avance. Le livre né de cette recherche, et portant le même titre, invite à la caresse ; la matière de la couverture a la tendresse et le grain d’une peau humaine, voire un peu animale… En tournant les pages on sent bien que les oiseaux de nuit se glissent dans la forêt, et nous frôlent. Que les biches et autres renards s’amusent. Des travaux antérieurs sont également exposés : « Terra Incognita », « Atlas » « Obirar » et « Le nom qui efface la couleur », accompagnés de livres dont la plupart est éditée par son associée et lui-même www.edicionesanomalas.com. Cette Maison d’Édition a été courageusement créée à Barcelone en 2012 par Montse Puig, et Israel l’a rejointe un an plus tard. Son catalogue est d’une grande qualité d’impression et de mise en page, d’editing (toujours parfait) et, bien sûr, de choix des photographes ; Juanan Requena, Eduardo Nave (meilleurs livres Photo España), Salvi Danés, Fyodor Telkov, etc. En effet, à l’exception de la collection sur Cristóbal Hara, tous les ouvrages sont différents (format, papier, maquette) ; le fond et la forme doivent s’épouser. À noter que le livre d’Israel a lui aussi été primé à PhotoEspaña 2018, ainsi que son concepteur-graphiste (Atelier underbau). Il faut donc découvrir cet artiste qui souhaite, paradoxalement, monter des projets où « l’image ne se voit pas », c’est à dire qu’elle devient métaphore. Où le choix d’une technique ou d’une autre n’est là que pour que le mariage entre le medium et le sujet soit total. Toute sa photographie est un territoire mental et pourtant sensuel, où le chemin a la parole, et les nuages aussi. Où la majestueuse canopée danse et s’ouvre pour former de petites îles célestes. Rien d’austère dans ce monde souvent mâtiné d’humour, de références et de clins d’œil aux maîtres anciens, car Ariño est aussi un fin connaisseur de l’Histoire de la photographie. À la question du choix d’un nouveau « sujet », il répond que l’un entraîne le suivant, et c’est bien ce qui fait la force de ce que l’on peut déjà considérer comme une œuvre. Les indices et les liens d’une série à l’autre sont subtilement évidents, pour qui cherche à les débusquer. Rupture dans la continuité, donc. Il faut dire que l’artiste a désormais un solide parcours, qu’il doit beaucoup à ses rencontres, suite à sa résidence à Niort (actuelle Villa Pérochon) en 2001, au moment où il envisageait de renoncer, et à sa phénoménale capacité de concentration, son sérieux. Ce sont vraiment Martine Perdrieau, Carré Amelot de la Rochelle, Jean-François Rospape, L’Imagerie de Lannion, Frédérique Aguillon et tant d’autres —surtout des Bretons !— qui lui ont mis le pied à l’étrier, en lui faisant confiance. Car l’homme, en apparence flegmatique —si ce n’étaient son œil et ses cheveux de geai, on le croirait British— est un bourreau de travail. Méthodique, calme et réfléchi, il est capable de s’enfermer dans son laboratoire avec une régularité rare et obstinée qui donne les résultats que l’on connaît. Sa longue et fructueuse expérience de « maestro de taller » à la Faculté des Beaux-Arts de Barcelone, a sans doute renforcé la patience qu’il avait déjà en lui… Nulle violence, aucun pathos, dans les images de « L’Espagnol » comme le nomme affectueusement son ami Pascal Mirande, le génial Plasticien généraliste. Un soupçon de mélancolie quelquefois et un goût prononcé pour le gris de l’hiver, mais s’il souffre, sa pudeur ne l’autorisera pas à le dire, ni à l’écrire ; à nous de la trouver —ou pas— dans la forme d’un tronc, l’inquiétude des ronces, et dans les pas perdus. Certains signes nous indiquent aussi que nous ne sommes pas tout à fait hors du temps, et qu’il faut bien affronter le réel, même si les crocodiles semblent rescapés d’une improbable lutte à mort avec… un avion. De temps en temps donc, une tension, une presque menace. Voire une résistance, proche du déséquilibre. Ici des grilles qui empêchent, là des obstacles secrets, un arbre déchiré, des broussailles impénétrables, une mare inquiétante… il y a du conte dans ce travail, dont on se demande quelquefois s’il faut en avoir peur ou bien se rendormir. Alors il s’agira juste de dormir debout, et de tendre les bras pour palper l’invisible. Et c’est là que l’enfance plane, on est toujours à la bordure du jeu. Puis les fantômes, sagement, retournent dans les cabanes. Enfin, si un bestiaire fantastique anime, depuis toujours, les photographies d’Israel en une légère valse immobile (à l’exception du crocodile !), les « êtrumains », (chers à Valère Novarina), entrent de plus en plus souvent dans son cadre. Pas tout à fait à l’aise au début, leurs corps étonnés, comme en suspens, désarticulés —vont-ils voler, vont-ils tomber ? — ont désormais l’audace du toucher, comme un murmure sur du velours. Attention : ne pas se laisser piéger par cette douceur apparente : on ne sait si elle apaise ou veut briser le sortilège. Les prochaines pérégrinations d’Israel Ariño le mèneront bientôt dans la maison de Julien Gracq. Allez savoir ce que le Catalan du 21e siècle va bien pouvoir raconter à l’écrivain-géographe qui avait encore pied dans le 19e. * Cette série a été réalisée suite à une invitation pour une résidence de deux mois dans le domaine de Kerguéhennec http://www.boxgalerie.be http://www.israelarino.com http://www.edicionesanomalas.com Israel Ariño est représenté par la Galerie VU’ et le fonds photographique de Michel Vanden Eeckhoudt se trouvent à l’agence Vu’ : http://www.agencevu.com & http://galerievu.com Le plasticien généraliste Pascal Mirande, s’occupe désormais de la galerie du Carré Amelot—entre autres activités. http://www.pascal-mirande.com http://www.carre-amelot.net Gilbert Fastenaekens est représenté par la Galerie Les Filles du Calvaire : http://www.fillesducalvaire.com Centre d’Art Villa Pérochon, Niort : http://www.cacp-villaperochon.com et les Bretons ! (liste non exhaustive) : Imagerie, Lannion : http://www.imagerie-lannion.com Le Lieu, Lorient : http://www.galerielelieu.com Carré d’Art, Chartres de Bretagne : http://www.galerielecarredart.fr Artothèque de Vitré : http://www.mairie-vitre.com/-Artotheque-.htlm INFORMATIONS PRATIQUES box galerie102 chaussée de Vleurgat 1050 Bruxelles ven23nov(nov 23)12 h 00 min2019sam12jan(jan 12)18 h 00 minCartographies éparsesIsrael Ariñobox galerie, 102 chaussée de Vleurgat 1050 BruxellesType d'événement:Exposition,Photographie Détail de l'événement«… ce n’est pas bon d’attribuer la moindre valeur aux endroits, d’établir une hiérarchie des uns sur les autres. Les lieux, en ce qu’ils ont de plus essentiel – peser Détail de l'événement «… ce n’est pas bon d’attribuer la moindre valeur aux endroits, d’établir une hiérarchie des uns sur les autres. Les lieux, en ce qu’ils ont de plus essentiel – peser sur le monde – ne rivalisent pas, tous possèdent la même pesanteur. Aucun endroit n’est reproductible, et ainsi, la plus infime partie du monde mérite la même révérence que toutes les autres. Les pierres ont toutes une qualité, toutes. Et les lieux, aussi.» Perejaume Au cœur de cette exposition d’Israel Ariño (Barcelone, 1974), la première en Belgique, nous trouvons la quasi-totalité des images qui constituent sa série la plus récente, intitulée La pesanteur du lieu. Dans le livre qui accompagne cet ensemble, une mention nous apprend que ces images ont été réalisées en octobre et novembre 2016 dans le cadre d’une résidence d’artiste au Domaine de Kerguéhennec, dans le département du Morbihan. Soit. Pour autant, nous n’apprendrons rien de ce territoire, sinon que l’auteur l’a arpenté, comme il en avait arpenté d’autres auparavant, qu’il en arpentera de nouveaux au cours de sa vie. Rien de particulier, rien qui différencie ce lieu d’un autre, voire de tous les autres. L’essentiel, bien sûr, tient au regard que le photographe pose sur les choses, quelles qu’elles soient, bien plus que sur les choses elles-mêmes. Le lieu est secondaire, le regard est singulier, à nul autre pareil. Tout semble se dérouler entre chien et loup, dans un univers d’où la franche clarté serait bannie. Le spectateur doit s’y reprendre à deux fois, redoubler d’attention, consacrer le temps nécessaire pour distinguer ce qui lui est offert. Rien ne se dévoile au premier coup d’œil. Tout, par contre, s’imprime à jamais sur nos rétines. Chacune de ces petites photographies, discrètes et élégantes, servies par des tirages somptueux, pourrait bien s’avérer inoubliable, s’insinuant en nous comme un délicieux poison. À des degrés divers, les mêmes “imprécisions” géographiques valent pour de précédentes séries également montrées ici – de manière plus fragmentaire -, comme Le nom qui efface la couleur(2014), fruit d’une autre résidence, cette fois dans le parc naturel régional de la Brenne, au centre de la France, ou encore Atlas(2006-2012) qui réunit des vues glanées çà et là. Mais, une fois encore, qu’importe. Les lieux se valent, interchangeables et uniques tout à la fois. Ariño ne nous montre rien de très précis, il se joue de notre capacité à localiser, à reconnaître, à identifier avec certitude. Ou plutôt à notre incapacité à le faire. Il nous plonge avec délice dans l’indistinct, dans des ambiances crépusculaires, nous prenant par la main pour ensuite nous laisser livrés à nous-mêmes, n’ayant d’autre solution que le recours à nos propres souvenirs ou à notre imaginaire. À nous finalement de nous raconter nos histoires à partir de ces éléments quelque peu mystérieux – inquiétants ? -, de relier ces fragments poétiques au départ de ces cartographies éparses. Un sein et une épaule de femme, puis leur miroir. Des arbres, d’étonnantes antilopes flottant dans l’espace d’un lieu confiné. Un enfant couché sur une meule de foin. Une main posée sur un visage. Encore des arbres, des feuilles, quelques fleurs. Une chouette qui nous scrute avec étonnement et bienveillance. Des histoires à n’en plus finir. Dates Novembre 23 (Vendredi) 12 h 00 min - Janvier 12 (Samedi) 18 h 00 min Lieubox galerie102 chaussée de Vleurgat 1050 Bruxelles box galerie102 chaussée de Vleurgat 1050 BruxellesLa galerie est ouverte du mercredi au samedi de 14h à 19h CalendrierGoogleCal Bookmark0
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