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Frac Grand Large : Aires de jeux, Que fut 1848 ? et future Gigantisme

Temps de lecture estimé : 4mins

Vincent Romagny, commissaire invité, après avoir posé les enjeux de ses recherches anthropologiques et sociales autour des aires de jeu au Japon (sujet de sa thèse suite à sa résidence à la Villa Kujoyama), aux centres d’art franciliens Micro Onde (Vélizy) et La Maréchalerie (Versailles), entame le dernier volet au Frac Dunkerque. « Kodomi No Kuni » est le nom d’un parc connu par les japonais comme appartenant aux stratégies de reconstructions post Seconde guerre mondiale.

Suite à différents séismes et traumatismes, urbanistes, architectes et artistes s’en saisissent pour se livrer à différentes expérimentations autour de l’enfance, qu’ils soient du courant Gutaï ou de l’avant garde métaboliste. Ainsi d’Isamu Noguchi qui construisit sa première aire de jeux à Kodomi No Kuni ou de Kiyonori Kikutake dont l’assistant Mitsuru Senda a reconstitué pour le Frac l’aire de jeux de 1976 intitulée « Panel Tunnel ». Désormais dans les collections du Frac, elle renvoie en tant qu’œuvre à l’imaginaire et aux souvenirs de l’enfance. Autre construction ludique et de couleurs vives, l’installation de Yusuké Y. Offhause qui à partir de la forme croisée de l’hippocampe et du jungle gym (cage à écureuil pour les petits français), interroge la difficile reconstitution des souvenirs et tragique amnésie de l’enfance. Il parsème ses « Reactivated Souvenirs » de céramiques aux effigies de super héros. Kohei Sasahara détourne lui les contours d’un abri anti séisme à partir de nombreux parapluies qu’il récupère dans les lieux publics (plus de 200 aux alentours du parc de Kodomo No Kuni), réalisant un toit précaire en réaction aux croyances progressistes en vigueur l’année de l’Exposition universelle d’Osaka en 1970. Le photographe Mutsumi Tsuda lui se penche sur le sombre épisode de ces japonais émigrés en Nouvelle Calédonie et installés, qui furent déportés par le gouvernement français à la suite de Pearl Harbor dans des camps en Australie, laissant orphelins leurs descendants. Tadashi Ono, qui vit à Arles documente les catastrophes et vestiges du passage du tsunami de 2011 notamment sur l’aire de jeux de Soma spectaculairement touchée par une vague.

Le Gentil Garçon et Constance Sorel, les représentants occidentaux de ce panorama, partent de leur expérience nippone pour le premier livrer un témoignage filmé de la tradition du conteur ambulant (kamishibai) et la deuxième, ses souvenirs d’aires de jeux de Kyoto détournées de leur signification propre pour devenir des smoking area !

Avec : Kasumi Fujisawa, Le Gentil Garçon, Susumu Hani, Fujio Kito, Isamu Noguchi, Yusuké Y. Offhause, Tadashi Ono, Kohei Sasahara, Mitsuru Senda, Shimabuku, Mayu Soeda, Constance Sorel, Soni Takeura, Mutsumi Tsuda Et Yohei Yamakado

> A LIRE : L’interview de la directrice de la Maréchalerie, Valérie Knochel

« Que fut 1848 ? »

Confiée à Arnaud Dejeammes l’idée est de revisiter l’ancrage historique et économique de Dunkerque à cette période charnière pour tisser des liens avec les changements de paradigmes auxquels nous assistons sur l’économie du travail. Ainsi d’un passé colonial lié au commerce triangulaire, le port de Dunkerque reste toujours le symbole de la circulation stratégique des marchandises et des hommes à l’échelle de l’Europe et de la mondialisation. La pièce de Thierry Verbeke « L’avenir » liée au syndicat des dockers sur l’ancienne bourse de travail dunkerquoise entrée dans les collections du Frac synchrétise ces formes d’utopies réactivées par l’exposition.

Avec : Julien Berthier, Francis Cape, Harun Farocki, Robert Filliou, Liam Gillick, Mathieu Kleyebe Abonnenc, Rachel Labastie, Sarah Ortmeyer, Jean-Louis Schoellkopf, Allan Sekula, Klaus Staeck, Thierry Verbeke

Le Frac s’engage pour l’émergence :

Dans le prolongement de la création d’une résidence d’artistes en lien avec les écoles d’art municipales de la région Hauts de France en 2017, le Frac présente les travaux d’Eve Chabanon et Sacha Golemanas à partir des réserves des musées du territoire et des artefacts touristiques véhiculés par le littoral.

Gigantisme, la 1ère Triennale art & industrie

Portée par le Frac Dunkerque la manifestation se déploiera à partir du 4 mai sur 3 lieux emblématiques : la friche de la halle AP2, le Frac et le LAAC. L’angle de recherche choisi la période de 1947 à 89 vise à réévaluer la scène française d’alors au regard de la suprématie américaine à partir de plus de 200 œuvres publiques et privées, réparties sur plus de 4000m². Keren Detton en assure la direction artistique accompagnée de Géraldine Gourbe, philosophe et spécialiste de la scène californienne, Grégory Lang, commissaire indépendant et Sophie Warlop, directrice du LAAC.

En ce moment au LAAC : « Un autre œil, d’Apollinaire à aujourd’hui » sous le commissariat de Daniel Abadie.

INFOS PRATIQUES :
Kodomi No Kuni, 3ème volet
Que fut 1848 ?
jusqu’au 24 mars 2019
GIGANTISME : Art et industrie
à partir du 4 mai 2019 et jusqu’au 5 janvier 2020
FRAC Grand Large
503 Avenue des Bancs de Flandres
59140 Dunkerque
http://www.fracnpdc.fr

Marie-Elisabeth De La Fresnaye
Après une formation en littérature et histoire de l'art, Marie de la Fresnaye intègre le marché de l'art à Drouot et se lance dans l'événementiel. En parallèle à plusieurs années en entreprise dans le domaine de la communication éditoriale, elle créé son blog pour partager au plus grand nombre sa passion et expertise du monde de l'art contemporain et participe au lancement du magazine Artaïssime.

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