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Arnaud Bozzini directeur du ADAM-Brussels Design Museum et le pouvoir de la night !

Temps de lecture estimé : 5mins

Le Studio 54 ou le Paradise Garage de New York, la célèbre Hacienda de Manchester, le Barbella de Turin, Yellow Submarine de Munich, le Piper à Rome ou le Pasha d’Ibiza des noms aux consonnances mythiques et sulfureuses sur fond d’exacerbation visuelle et sonore et de décibels ravageurs dans des décors grandioses inspirés de la Pop, science fiction, bande dessinée, culture savante ou populaire surjouée et érotisée. Artificielle, la boite de nuit par son côté permissif et explicite, fascine tel une aimant captif sur des générations d’icones et d’égéries : Warhol, Basquiat, Grace Jones, Vivienne Westwood, Keith Haring../

Un objet de convoitise conçu par de brillants architectes (François Dallegret et le Palais Métro de Montréal), artistes (Philip Topolovac) ou designers : Rem Koolhas, Gruppo 9999, Gruppo UFO.. Thème assez peu traité en tant que tel par les musées, c’est une première proposée par le ADAM-Brussels Design Museum. Son directeur Arnaud Bozzini a répondu à nos questions.

Quel bilan faites vous depuis l’ouverture de l’ ADAM-Brussels Design Museum et quelle est la typologie de vos visiteurs ?

Le bilan est plus que positif, l’ADAM est bien ce musée de design de Bruxelles qui rencontre un vrai succès populaire avec une fréquentation autour de 8000 visiteurs par mois, et bien qu’étant jeune a déjà produit un certain nombre d’expositions en propre telles que « Panorama, a history of modern design in Belgium » ou des coproductions avec le Moscou Design museum « The paper revolution » le Kartell museum « A tribute to Componibili » et le Vitra Design museum avec « Le Bahaus » ou en ce moment « Night Fever », une exposition qui va voyager en Italie, à New York, en Australie et en Espagne.

Le musée a rapidement trouvé sa place aussi bien à Bruxelles, en Belgique, qu’à l’international sur la carte des musées immanquables, il a son public et le soutien immédiat de la presse. Cela correspondait vraiment à l’idée sous jacente de développer un musée à partir de la collection rachetée au collectionneur Philippe Decelles et un besoin pour Bruxelles de proposer à ses habitants et visiteurs un musée de design à l’instar de la plupart des capitales. Bien que la collection permanente s’intéresse aux plastiques dans le design depuis les années 1950, le musée s’intéresse avec ses expositions temporaires à l’ensemble de ce champ de la création.

En terme de provenance géographique de nos visiteurs, cela se répartit entre 50% Belgique et 50% International.

Night Fever, genèse et enjeux

Nous avons été contacté par le Vitra Design Museum nous proposant une co-production et un commissariat partagé autour du design de la nuit sous tous ses aspects, incluant le mobilier mais aussi le graphisme, la mode, l’architecture intérieure, l’art et également les codes sociaux et comportements humains. Une exposition qui a toute sa place dans un musée du design avec un volet socioculturel et anthropologique. Même si la Villa Noailles s’était déjà penché sur ce thème en 2017 et à présent la Villa Arson avec « Tainted Love », Night Fever est la première grande synthèse sur ce phénomène majeur de la culture populaire allant de la 2nde guerre mondiale à nos jours, des premières discothèques italiennes et l’émergence du radical design jusqu’ à la chute du mur et l’apparition de Berlin comme scène de l’Entertainment international. En parallèle à cette exposition une « Bruxelles Club Map » est proposée (en partenariat avec VisitBrussels), pour poursuivre l’expérience autour de ces clubs historiques et actuels nombreux et encore en activité.

L’intérêt est de toucher un public pas forcément amateur de design mais beaucoup plus large, tout le monde ayant un rapport particulier à la nuit, la boîte de nuit, le dancing, la piste de dance et les images glamour qu’ils véhiculent.

Directeur du ADAM-Brussels Design Museum, comment ce rôle se traduit-il au quotidien ? et quelles synergies déployez-vous ?

D’une part les orientations générales à donner à la collection en termes d’acquisitions nouvelles et de valorisation à travers des expositions de concert avec toute l’équipe.

D’autre part nos expositions temporaires qui définissent clairement le musée comme un musée d’histoire du design avec des incursions dans le domaine contemporain.

J’ai une affection particulière pour les synergies avec ce qui se passe à Bruxelles et en Belgique. C’est pour cela que l’on travaille aussi bien avec un festival bruxellois comme Design September ou une foire de design Collectible ou avec Kanal Centre Pompidou avec qui l’on vient d’ouvrir 2 expositions. Dans un contexte élargi à la Belgique nous travaillons aussi bien avec le musée du design de Gand que le Centre d’innovation et de design au Grand Hornu et à l’international avec le Vitra Design Museum, le musée Kartell (Milan), le musée Alessi, le Moscow Design musem, le Centre Pompidou .. et prochainement avec des musées américains autour du mouvement Punk à l’horizon de l’automne 2020.

INFOS PRATIQUES :
Night Fever
Designing Club Culture 1960 – Today
jusqu’au 5 mai 2019
Le ADAM – Brussels Design Museum est situé dans la partie Nord de la ville de Bruxelles juste en face de Palais 5, à 150 m de l’Atomium.
Métro : ligne 6 – station Heizel / Heysel
Ouvert tous les jours (365 / 365) de 10 à 18 heures
http://adamuseum.be

Programmation associée :
« Designing the Night. A visual history of Belgium’s nightclubs scene »
Jusqu’en septembre 2019
La collection du Plasticarium, exposition permanente

Tarifs : 10 € exposition permanente et temporaire

Organiser votre séjour :
visit.brussels/fr

Marie-Elisabeth De La Fresnaye
Après une formation en littérature et histoire de l'art, Marie de la Fresnaye intègre le marché de l'art à Drouot et se lance dans l'événementiel. En parallèle à plusieurs années en entreprise dans le domaine de la communication éditoriale, elle créé son blog pour partager au plus grand nombre sa passion et expertise du monde de l'art contemporain et participe au lancement du magazine Artaïssime.

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