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Circulation(s) 2019 : Rencontre avec Camille Gharbi autour de Preuves d’amour

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Nous continuons notre exploration à travers les différentes expositions présentées dans le cadre de cette neuvième édition du Festival parisien Circulation(s) dédié à la jeune photographie européenne. Notre critique, Marie-Elisabeth de la Fresnaye a rencontré Camille Gharbi qui nous présente sa terrible série sur les féminicides conjugaux intitulée « Preuves d’amour ».

« J’ai étudié près de 250 cas, en recensant les prénoms, les âges, les zones géographiques et le mode opératoire du meurtre. Et je me suis plus intéressée aux objets du quotidien, qui s’éloignent de ce que l’on peut imaginer être des armes. Je trouvais que c’était un axe intéressant ».

Dans notre pays, en France, une femme meurt tous les deux à trois jours sous les coups son conjoint ou de son ex-compagnon. Depuis le 1er janvier 2019, elles sont une quarantaine à avoir perdu la vie dans le cadre de ce que l’on appelle la « violence domestique ». Ces chiffres ne diminuent pas, parce que l’on ne met pas de solutions suffisamment efficaces face à ces homicides conjugaux.
La majorité de ces femmes ont été exécutées par arme à feu, d’autres ont été simplement rouées de coups, tandis que d’autres encore sont les victimes d’objets de notre vie quotidienne. Un coussin, une casserole, un fer à repasser, une enceinte ou un marteau… tous ces objets ont pour point commun d’avoir été l’arme d’hommes violents. Et ce sont ces objets que la jeune photographe française Camille Gharbi, immortalise en un inventaire, terriblement macabre à la lecture des légendes.

Preuve d’amour

Preuves d’amour nous met face à  la violence domestique au travers de son expression la plus extrême : l’homicide conjugal. Ces « drames conjugaux » ponctuent les rubriques « Faits divers » avec une constance presque banale. L’histoire se répète, donnant l’impression que la violence conjugale est un phénomène endémique.
Par le biais de l’objet, la violence de l’acte prend toute sa dimension. Les meurtres de femmes dans un cadre conjugal ne sont pas des cas isolés. L’analyse des articles de presse relatant les 253 féminicides ayant eu lieu en 2016 et 2017 montre qu’il s’agit d’un phénomène de société́ touchant des couples de tous âges et de toutes professions. La récurrence de ces crimes est trop forte pour être fortuite et révèle au contraire une violence genrée dont il est temps de prendre toute la mesure.

Photographe et architecte de formation, Camille Gharbi est née en 1984 et vit à Paris. Elle fait de la photographie d’architecture, du portrait et développe des projets personnels en lien avec des thématiques sociétales qui lui tiennent à cœur. Sa démarche, fondée sur une approche documentaire, cherche à interroger l’état du monde en jouant sur la distance et l’esthétique afin de convoquer l’empathie et le sensible.
https://www.camillegharbi.com/travail-personnel

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Circulation(s) 2019 : Entretien avec François Cheval « Nous somme des passeurs au service du festival »

INFORMATIONS PRATIQUES

sam20avr(avr 20)14 h 00 mindim21jul(jul 21)19 h 00 minCirculation(s) 2019Festival de la Jeune Photographie Européenne104 – CENTQUATRE Paris, 5 Rue Curial, 75019 Paris

Ericka Weidmann
Après des études d'Arts Appliqués et de photographie, elle rejoint un magazine en ligne consacré à la photo en tant que directeur artistique, poste qu'elle occupera pendant 10 ans. En 2010, elle s'installe comme DA en indépendant. En parallèle, elle devient responsable éditorial pour Le Journal de la Photographie et c'est en septembre 2013 qu'elle co-fonde le quotidien L’Oeil de la Photographie pour lequel elle est rédactrice en chef jusqu'en septembre 2016 avant de fonder 9 Lives magazine ! Ericka Weidmann est également journaliste pigiste pour d'autres médias.

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