L'Invité·e

Soraya Hocine, photographe et éditrice, est notre invitée de la semaine

Temps de lecture estimé : 6mins

Portrait d’enfance de Soraya Hocine

Cette semaine, avant la fermeture de la rédaction pour les vacances d’hiver, nous accueillons la photographe plasticienne et co-fondatrice des Ēditions de l’ēpair qui mêlent littérature et photographie, Soraya Hocine. Le dernier ouvrage que cette petite maison d’édition a réalisé est consacré à Aurélia Frey et est intitulé « Dilecta(e) », livre que vous avez pu découvrir dans nos colonnes au début de ce mois de février. Tout au long de la semaine, Soraya va partager ses inspirations, ses coups de cœur et ses réflexions. Aujourd’hui, faisons connaissance à travers son portrait chinois !

Soraya Hocine se définit avant tout comme photographe plasticienne, même si depuis 2017 elle a co-fondé les éditions de l’épair avec Sandy Berthomieu et sera co-commissaire de la semaine de l’image 2023 à Brive la Gaillarde (Corrèze) avec Élodie Martin.

Elle a suivi des études en histoire de l’art et une école de réalisation audiovisuelle. Elle est diplômée en arts-plastiques à l’université Paris1 Sorbonne.

L’expérience photographique se dévoile durant l’enfance dans le laboratoire (chambre noire) de son frère ainé. Celui-ci lui apprend l’alchimie par le photogramme comme représentation photographique. Révéler une image en chambre noire, c’est se révéler dans la passion de la découverte photographique et dans l’émerveillement. Le théâtre fera aussi partie de cet émerveillement. Engagée dans une troupe amateur itinérante, cette expérience la conduira à se représenter au festival international du théâtre universitaire de Casablanca et à la Cartoucherie de Vincennes au théâtre de l’épée de bois durant le festival « Les maillons de la chaîne ».

Elle collabore avec la presse écrite depuis 2002.

Ses premières recherches photographique (2004-2011) trouvent leurs origines dans les réalités sociales nourries par la dimension accidentelle et improbable des rencontres. Des histoires « ordinaires » qui traitent de l’identification, de l’intime et de vulnérabilité́. Une écriture nourrie de voyages au cœur des grandes capitales occidentales s’inscrivant dans un courant photographique documentaire et urbain.
En 2011, la photographie seule ne se suffit plus. Elle ressent un besoin de matérialité, de gestes et de fabrication. Habituée à travailler sur des supports bidimensionnels, son travail se tourne vers le volume et l’expérience de la matière. Ainsi, avec « Serai-je vivant demain plutôt qu’aujourd’hui ? » (Résidence de création portant sur la mémoire d’un bâtiment psychiatrique voué à la destruction) elle installe une nouvelle recherche faite à partir de pellicules endommagées et de divers documents (archives, photographies, textes et carnets). Elle collabore pour la première fois avec l’Atelier Fresson pour le tirage de ces images.
En 2011 et 2012, elle participe aux workshops de Todd Hido à Amsterdam et de JH Engstrom à l’Atelier de visu à Marseille.
Dans sa démarche, elle sollicite le dispositif d’exposition de la photographie. Ses travaux aboutissent à la réalisation d’objets permettant d’explorer la surface de l’image, le geste et le support. En plus de la prise de vue photographique, elle expérimente et croise d’autres médiums, comme la peinture, le dessin ou encore la gravure.
Par l’utilisation de tous ces procédés anciens et visuels, elle interroge la photographie dans sa plasticité et convoque dans ses créations les notions de trace, de mémoire collective ou individuelle, de temps. A travers ces explorations, sa pratique artistique se construit sous forme de collections qui entrent en résonnance avec l’espace domestique.

Dans «  Méta(mor)phoses  », elle propose une interprétation de l’album de famille. Ce travail qui deviendra un livre est composé d’images collectées dans les archives familiales de plusieurs familles résidant en Lozère. Par l’intervention sur l’image, les personnes photographiées perdent leur identité. Les visages sont masqués, devenus anonymes, il est alors possible de s’approprier ces histoires. A l’inverse, dans la création du livret « 13 fois Jackie. », le personnage principal se retrouve au fil des pages, les images anonymes reviennent à la vie, le visage est rebaptisé. Cette matière première est un terrain de recherche plastique.

Par ailleurs, depuis 2012, elle encadre des ateliers autour de l’image et des différentes disciplines artistiques. En 2019, elle enseigne les arts plastiques au collège.

En 2017, avec Sandy Berthomieu (doctorante en esthétique, critique d’art), elle cofonde la maison indépendante Les Éditions de l’épair dont la ligne porte sur une coprésence des démarches visuelles, littéraires et poétiques.

Soraya Hocine partage son temps entre Paris et la région Nouvelle-Aquitaine.

Le portrait chinois de Soraya Hocine

Si j’étais une œuvre d’art : Une oeuvre de Giuseppe Penone.
Si j’étais un musée : MoMa de New York.
Si j’étais une artiste : Botticelli ou David Bowie (peut-être).
Si j’étais un livre : Le portrait de Dorian Gray d’Oscar Wilde.
Si j’étais un film : Conte d’été d’Éric Rohmer et Achille et la Tortue de Takeshi Kitano.
Si j’étais un morceau de musique : un morceau de Nina Simone ou de J.S Bach.
Si j’étais un photo accrochée sur un mur : Celle qui se trouve sur la table de chevet de la chambre de ma fille.
Si j’étais une citation : « On meurt deux fois. On meurt quand on meurt et on meurt une deuxième fois quand on trouve votre photo et que plus personne ne sait de qui il s’agit … » Christian Boltanski.
Si j’étais un sentiment : L’émerveillement.
Si j’étais un objet : une paire de quad (roller).
Si j’étais une expo : Prenez soin de vous (2007) Sophie Calle White Chapel Londres.
Si j’étais un lieu d’inspiration : Le front de mer d’Oran en Algérie.
Si j’étais un breuvage : Un Martini blanc.
Si j’étais une héroïne: Rosa Louise McCauley Parks.
Si j’étais un vêtement : un jean.

CARTES BLANCHES DE NOTRE INVITÉE

Carte blanche à Soraya Hocine : Les Ēditions de l’ēpair et Dilecta(e) d’Aurélia Frey (mardi 15 février 2022)
Carte blanche à Soraya Hocine : Les réseaux sociaux amis ou ennemis ? La recherche théorique de Sandy Berthomieu (mercredi 16 février 2022)
Carte blanche à Soraya Hocine : Sommes-nous tous photographes ? (jeudi 17 février 2022)
Carte blanche à Soraya Hocine : Sommes-nous tous des rêveurs ? Marie Maurel de Maillé une vision surréaliste (vendredi 18 février 2022)

A LIRE : 
Dilecta(e), une mise en abyme par Aurélia Frey aux Éditions de l’épair
Même les oiseaux chantent pendant le chaos, une ôde photographique
Soraya Hocine explore et revisite les Albums de Famille

La Rédaction
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