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Partager Partager Pour sa quatrième et dernière carte blanche, notre invité de la semaine, le co-fondateur de l’Atelier/Galerie Taylor, José Nicolas, a souhaité revenir sur un événement particulièrement douloureux de sa carrière de photojournaliste. En juin 1994, il part au Rwanda pour couvrir l’opération militaro-humanitaire nommée « Turquoise ». Un événement qui le fit sombrer dans la folie… Il a choisi de partager avec nous un texte signé par Patrick de Saint-Exupéry rédigé à l’occasion d’une exposition présentée pour les 20 ans du drame. José et lui étaient ensemble lors du massacre de Bisesero en juin 1994. Le 4 juillet 1994, je suis blessé sur une route. Je passerai plusieurs mois en hôpital, hanté par ces massacres, notamment la vison de cette femme qui court en hurlant avec son bébé dans le dos, la tête tranchée. J’ai commencé à sombrer dans la folie. Trois ans plus tard, je suis parti vivre avec ma famille dans le Sud, à Aix-en-Provence, où le soleil et le bruit des cigales m’ont redonné le goût de la vie… Vingt ans plus tard, en 2014, j’ai exposé le Rwanda à Marseille. Mon ami Patrick de Saint-Exupéry a écrit ce texte qui résume bien ce moment. L’histoire est personnelle, il me semble cependant qu’elle a le mérite d’être racontée… Rwanda – Massacre de tutsis à Bisesero, un détachement du COS, retrouve des rescapés et leur porte secours. Mais la moitié d’entre eux a été massacrée entre temps, soit environ un millier sur les deux mille restant. © José Nicolas José est photographe depuis plusieurs années. Une bonne partie de sa carrière, il l’a consacrée aux guerres. Il était alors photographe de « news » pour Sipa Press. Le « news » (« l’actualité ») est un monde un peu particulier. On y croise des baroudeurs, des grandes gueules, des bras cassés, des romantiques qui veulent rester idéalistes, des cyniques faussement revenus de tout ; on y roule aussi les mécaniques, pour mieux masquer les contractions de l’estomac à chaque nouveau départ ; dans le « news », chacun connaît un copain qui s’est pris une balle où s’en est sorti de guingois. José a donc fait du « news » pendant des années. Il a roulé sa bosse sur beaucoup de fronts, beaucoup de terrains. Il a vu la guerre, les blessés, les morts, les déchirures, les drames… Oui, il a vu. Et bien vu. Mais ce qu’il découvre au Rwanda, ça il n’a jamais vu. Jamais ! Rwanda – Massacre de tutsis à Bisesero, un détachement du COS, retrouve des rescapés et leur porte secours. Mais la moitié d’entre eux a été massacrée entre temps, soit environ un millier sur les deux mille restant. © José Nicolas Quand les soldats français de l’opération Turquoise débarquent au Rwanda à la fin juin 1994 pour une opération militaro-humanitaire déclenchée par le président François Mitterrand, le photographe est avec eux. Il les connaît bien, et de longue date. Il les accompagne pas à pas. Il est photographe, il photographie, c’est son boulot. Le photo-reporter est un témoin. Et c’est là justement que la machine se met à gripper. Oh, il n’y a pas de révélation soudaine, juste une prise de conscience progressive que l’on sent émerger au fil des prises de vues. Le role de la force Turquoise,déployés sous mandat de l’ONU pour créer une zone humanitaire etait d’assurer la protection des camps de réfugiés tutsis contre les meliceshutus.Réfugiés hutus fuyant Kigali sous l’avance du FPR Plus José Nicolas suit les soldats de Turquoise, moins il comprend ce qui se passe. Ses images se font peu à peu distantes, prudentes. En principe, c’est simple : l’intervention est humanitaire, purement humanitaire et neutre. Seulement la réalité observée ne colle pas. Les soldats français sont l’élite des troupes, ils sont surarmés, ils parlent constamment en sous-entendus d’un mystérieux ennemi. De plus, rien, dans leur équipement, n’est prévu pour l’humanitaire. Et alors ? Pas le temps de se poser des questions. Le « news » est une course d’obstacle permanente, il faut suivre le rythme, tenir. Etre là au bon endroit au bon moment, envoyer les images et reprendre le fil de la course. Rwanda – Massacre de tutsis à Bisesero, un détachement du COS, retrouve des rescapés et leur porte secours. Mais la moitié d’entre eux a été massacrée entre temps, soit environ un millier sur les deux mille restant. Les images de « news » traversent rarement l’épreuve du temps. Celles de José Nicolas si : le temps les a bonifiées. Les regarder aujourd’hui, c’est rentrer dans une histoire qui demande toujours à être écrite, celle à minima d’une neutralité coupable de Paris au Rwanda, celle probable aussi d’une complicité de Paris dans un génocide, celui des Tutsis du Rwanda. Dans ce petit pays d’Afrique des Grands Lacs, il y eut 800.000 tués en cent jours. Les Tutsis furent exterminés, des opposants Hutus assassinés. Ce fut un génocide que Paris ne voulut jamais voir. Et les soldats français furent utilisés par leurs propres autorités pour détourner l’attention d’un génocide que François Mitterrand en personne tenait pour « sans importance ». C’est cette histoire-là, tragique, que nous racontent vingt ans plus tard les photos de José Nicolas. Il faut les regarder, bien les regarder. Elles sont un vrai témoignage, elles disent… Patrick de Saint-Exupéry Paris, le 3 mars 2014 Marque-page0
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